Le Liban a enregistré mardi 37 nouveaux cas de contamination au coronavirus, le bilan total s'établissant désormais à 304, selon le dernier rapport du ministère de la Santé, publié en début d'après-midi. Quatre patients sont dans un état critique, et le nombre de personnes décédées se maintient à quatre, de même pour celui des patients guéris, qui s'établit à huit. "En outre, sept personnes suspectées d'être atteintes par le Covid-19 se trouvent en isolement sanitaire, en l'attente des résultats des tests", explique par ailleurs le ministère.
Cette hausse intervient alors que les Libanais observaient globalement les mesures strictes de confinement édictées depuis le week-end dernier afin de limiter la propagation du coronavirus. Dans la matinée, le ministère de la Santé a publié un graphique dans lequel il fait état d'un "ralentissement" de la propagation locale du nouveau coronavirus. Dans ce graphe, aucun chiffre n’était mentionné, poussant des internautes à interroger le ministère à ce sujet.
S'adressant au corps médical par vidéoconférence, le président de la République, Michel Aoun, leur a exprimé son soutien : "Vous êtes aujourd'hui la source d'apaisement des Libanais. Le Liban tout entier a les yeux rivés vers vous et a besoin de vous. Tout le monde vous souhaite bonne chance car vous êtes en première ligne dans la défense de l'humanité". Lors d'un échange sur Skype avec l'équipe médicale de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, M. Aoun a promis "de déployer tous les efforts possibles pour satisfaire les demandes des employés de l'établissement". "Nous effectuons tous les contacts possibles avec d'autres Etats pour assurer l'aide financière et logistique nécessaire", a ajouté le chef de l'Etat.
Photo Twitter/Présidence libanaise
Le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a pour sa part exprimé sur Twitter son soutien aux forces de l'ordre et au corps médical "qui méritent tout le respect". "Vous avez toujours été le bouclier de la nation", leur a-t-il dit.
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Débat autour de l'état d'urgence
Sur le plan politique, les appels à instaurer un état d'urgence se sont multipliées, alors que le Premier ministre a jusque-là appelé les Libanais à instaurer un "couvre-feu autoproclamé", une mesure dont l'application reste floue, malgré la mobilisation des forces de l'ordre pour veiller au respect de l'application du confinement à domicile. Les autorités sont toutefois réticentes à décréter l'état d'urgence qui verrait l'armée prendre en charge l'application des mesures sécuritaires.
"Certaines municipalités ont recours au blocage de routes et érigent des barrages, ce qui constitue une sorte d'auto-défense et cela peut provoquer de nombreux problèmes. La meilleure solution serait que les forces de l'ordre et l'armée procèdent à la réouverture de ces routes, tout en renforçant les sanctions contre ceux qui enfreignent l'interdiction de circuler. C'est pour cela que j'appelle une nouvelle fois à décréter l'état d'urgence, tout en organisant les affaires vitales pour les citoyens", a ainsi écrit Walid Joumblatt sur Twitter.
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Ces derniers jours, plusieurs localités libanaises ont bloqué les entrées de leurs villages à l'aide de gravats et de blocs en bétons, dans une tentative de limiter la circulation en période de lutte contre la progression du coronavirus.
La ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, a affirmé dans un entretien à l'Agence d'information MENA que "la situation est encore sous contrôle, dans une large mesure", estimant toutefois que "décréter l'état d'urgence n'est pas une décision facile car celle-ci a de nombreuses conséquences, notamment des restrictions très fermes, l'interdiction de circuler, de sorte que les citoyens auront du mal à faire leurs provisions essentielles". "Chaque décision sera prise en temps opportun. Et si la situation requiert l'instauration de l'état d'urgence, le gouvernement n'hésitera pas à le faire", a-t-elle insisté.
Sur le plan économique, une délégation de l'Association des banques du Liban (ABL) dirigée par Salim Sfeir a exprimé mardi son soutien au Premier ministre, annonçant "une contribution de près de six millions de dollars pour l'achat d'équipement médical afin de traiter des patients atteints du coronavirus". Pour sa part, le Conseil économique et social a recommandé au gouvernement d'apporter une aide financière directe aux familles les plus démunies d'un montant de 500.000 livres libanaises par mois, sous forme d'argent en liquide ou de cartes prépayées, et ce, durant trois mois.
Le Conseil supérieur chiite a, de son côté, appelé les Libanais à la solidarité, notamment ceux à l'aise financièrement, afin qu'ils aident leurs concitoyens moins bien lotis. L'instance religieuse a demandé à l'Etat d'accorder aux Libanais défavorisés l'aide promise le plus tôt possible.
En outre, la Commission sanitaire pour les prisons a appelé le chef de l'Etat, Michel Aoun, à décréter une amnistie pour les détenus dont les peines n'excèdent pas un an d'emprisonnement, et à interdire les visites en personne aux détenus, en les remplaçant par des visites par vidéoconférence.
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300 c'est beaucoup pour le Liban , je pense que le gouvernement n'a rien compris il faut décréter l'état d'urgence après ça sera trop tard prenez leçon de l'Italie
23 h 33, le 24 mars 2020