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Nos Lecteurs ont la Parole - par Ronald BARAKAT

La foi catholique à l’épreuve du coronavirus

Sur l’interdiction par l’Église catholique et le patriarcat maronite de communier dans la bouche, mais uniquement dans la main.

Décidément, ce coronavirus aura réussi non seulement à ébranler l’Église catholique dans certaines parties du monde, comme en France, en Italie et ailleurs, par l’interdiction des messes, des grands rassemblements, etc., mais aussi la foi chrétienne par la remise en question des pratiques rituelles relatives à l’eucharistie, des rapports entre le prêtre et le fidèle et les fidèles entre eux en leur interdisant de se serrer la main lors de l’échange d’un signe de paix… dans la maison de Dieu ! Interdire la communion directe dans la bouche, voire même la « refuser » et l’imposer sur la main du communiant est une offense faite au Corps du Christ qui n’est pas, selon le dogme, « représenté » dans l’hostie consacrée, mais « présenté » dans sa chair même, par l’effet de la transsubstantiation, laquelle se définit par le « changement total de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang du Christ au moment de la consécration, alors que ces espèces restent les mêmes ». Cela vaut aussi pour le vin consacré qu’il est interdit, dans la même veine (ou déveine) de boire à même la coupe, mais par « intinction ».

Chers patriarches, cardinaux, évêques, prêtres et diacres (pas tous, heureusement),

Soit vous croyez, selon le dogme de transsubstantiation, que cette petite rondelle de pain azyme consacré est bel et bien le corps du Christ, soit vous ne croyez pas. Il n’y a pas de demi-teinte, demi-mesure, demi-croyance ou de croyance symbolique ou théorique. S’il vous arrive d’en douter ou de ne pas prendre cette « transformation » au sérieux (à en juger par vos mesures préventives, paranoïaques et vexatoires), alors dans ce cas des « miracles eucharistiques » avérés, scientifiquement vérifiés et confirmés, sont là pour vous rassurer et vous pousser à le rappeler à vos paroissiens que vous contribuez à « contaminer », non pas du coronavirus certes, mais de vos incertitudes ou vos doutes !

Le corps et le sang du Christ ne peuvent être ni porteurs du coronavirus, ni vecteurs de sa transmission, ni une occasion de malheur. Le corps et le sang du Christ « sont » le vaccin contre le coronavirus et le remède contre toute maladie, virale ou autre. Et même si celle-ci survient et entraîne la mort, le corps et le sang du Christ « sont » la résurrection et la vie. Le chrétien aime la vie, faisant tout son possible pour la préserver, mais n’a pas peur de la mort, parce qu’elle a été vaincue par le Christ, par son corps et son sang que nous prenons dans notre bouche en les deux espèces du pain et du vin consacrés.

Si je puis me permettre cette remarque fraternelle d’un membre du peuple de Dieu, nous ne vivons plus la magie de la foi, ni le miracle de l’amour, d’où la peur panique qui nous gouverne, en tant qu’ecclésiastiques et laïques, d’où les vices, sous diverses formes, qui se mêlent à nos vertus et à nos virus. D’où « l’absence » de Dieu, constatée surtout en notre temps. S’il s’est « retiré », s’est fait plus « discret », c’est à cause de notre manque de foi, de la foi vraie, de la foi profonde, de la foi miraculeuse, de la foi qui demande et qui reçoit. Nous n’entendons plus cette voix qui nous dit : « Ta foi t’a sauvé. » Des prêtres, des évêques, jusqu’à l’évêque de Rome, ont peur, fuient le virus, fuient le contact direct avec leurs ouailles et les font fuir. Je m’imagine les apôtres Pierre et Paul, qui faisaient des miracles, chassaient les démons, agir de la sorte. Vous ne vous demandez pas pourquoi vous êtes incapables de les imiter ? Et pourtant vous êtes de la même souche ! C’est parce qu’il vous manque la foi vraie, profonde, ce « grain de moutarde » qui ferait déplacer des montagnes. En effet, « rien ne vous serait impossible », est-il écrit (Mt. 17:20). Où en sommes-nous du baiser de saint François d’Assise aux lépreux ? Pourquoi tout ce désenchantement ? Toute cette pesanteur ? Toute cette lourdeur ? Tout ce « vide » ? Toute cette peur ? C’est parce que vous êtes surchargés, encombrés de votre apparat vestimentaire ostentatoire, de votre mitre, de votre crosse épiscopale, de vos colliers, bagues, chaînes et croix en or… alors que sa croix était de bois. Voilà pourquoi. C’est parce que vous êtes pris dans votre vanité et épris de mondanités. C’est parce que vous êtes loin de l’esprit chrétien primitif, originel, pur. De cet esprit évangélisateur qui a fait les grands saints et saintes. Eux faisaient des miracles, parce qu’ils étaient « légers ». Eux ne prenaient pas la communion à la légère. Ils ne donnaient pas ou ne prenaient pas l’hostie de manière expéditive ou machinale. Ils sentaient de toute leur âme le corps et le sang du Christ. Ils entendaient bien, dans leur oreille, et dans leur tréfonds, le « Corpus Christi », que l’on entend à peine, du bout des lèvres, ou plus du tout, dans l’eucharistie de nos jours. Ils donnaient et prenaient la sainte hostie directement dans la bouche. Sinon, selon un rite « manuel » et corporel bien différent de celui que l’on voit aujourd’hui. Pour mieux connaître l’extrême sacralité de ce mystère sacramentel, il n’y a qu’à se référer à l’ouvrage choc de Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana et meilleur disciple du pape émérite Benoît XVI : Corpus Christi – La communion dans la main au cœur de la crise de l’Église.

Ce coronavirus est une épreuve, un fléau « permis » de Dieu, qui nous oblige, non seulement à changer nos habitudes alimentaires et redevenir « omnivores » et respectueux de la nature et du monde animal, au vu des étals horrifiants du marché de Wuhan (et ailleurs), mais également à être conséquents avec notre foi, nos saints sacrements et la parole de Dieu… ainsi que nos propres paroles durant les lectures liturgiques, les homélies et la liturgie de l’eucharistie, et ce afin qu’on ne dise pas de vous, les célébrants, et de nous, les fidèles : « Ils disent et ne font pas. » (Mt. 23:3).

Et s’il faut s’astreindre, durant ce moment sacré, aux consignes du monde profane, des compromis sont possibles, tels que le mode de communion facultatif, dans la bouche ou sur la main, en offrant la possibilité aux « communiants de la bouche », qui n’ont pas peur, de communier à la fin et ainsi d’éviter tout risque de transmission du virus aux communiants qui ont peur. Mais « refuser » de donner la communion dans la bouche au communiant qui le veut est un sacrilège, une offense faite au Christ, en personne, si ce n’est un péché impardonnable contre le Saint-Esprit, pour l’esprit de défiance, de doute, de reniement et de peur qui se cache derrière le geste.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Sur l’interdiction par l’Église catholique et le patriarcat maronite de communier dans la bouche, mais uniquement dans la main. Décidément, ce coronavirus aura réussi non seulement à ébranler l’Église catholique dans certaines parties du monde, comme en France, en Italie et ailleurs, par l’interdiction des messes, des grands rassemblements, etc., mais aussi la foi chrétienne par...

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"Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." Le texte de l'Évangile de Matthieu vous dit que Dieu qui nous aime sans compter nous rendra sans compter pour autant que nous le priions (et le "Notre Père", ni plus ni moins) dans notre chambre. Ça vous ne suffit pas? Vous voulez encore plus? Une chambre avec vue au Paradis peut-être?

M.E

06 h 15, le 24 mars 2020

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Commentaires (1)

  • "Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." Le texte de l'Évangile de Matthieu vous dit que Dieu qui nous aime sans compter nous rendra sans compter pour autant que nous le priions (et le "Notre Père", ni plus ni moins) dans notre chambre. Ça vous ne suffit pas? Vous voulez encore plus? Une chambre avec vue au Paradis peut-être?

    M.E

    06 h 15, le 24 mars 2020

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