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Culture - Journée des droits de la femme

Castratrice, fatale, commère, crédule... Les clichés féminins

Elles sont jalouses, commères, vénales, crédules, monstrueuses, vampires, fatales ou mères castratrices. Au cinéma, en poésie, dans la littérature, la peinture, la musique, les dessins animés, les mythes, les femmes sont souvent représentées par des stéréotypes qui ont la dent dure. Et qui contribuent évidemment à la mauvaise réputation des filles d’Ève et à plus d’inégalité. Un cercle vicieux qu’il est temps de casser...

Glenn Close dans « Fatal Attraction ».

Cinéma

Glenn Glose et son attraction fatale

Glenn Close dans « Fatal Attraction ».

La jalousie est une maladie d’amour. Quand on aime quelqu’un on le veut à soi. Outre certains exemples de jalousie masculine au cinéma comme The Talented Mr. Ripley ou Amadeus, les femmes sont en tête de peloton en matière de jalousie. De Blanche-Neige, où la marâtre essaie de tuer sa fille, à My best friends’ wedding où ce thème est abordé plus légèrement, le septième art est jalonné d’archétypes de femmes jalouses… jusqu’à l’extrême. Glenn Close en est la tête de file. Dans Fatal Attraction d’Adrian Lyne, elle incarne une femme déséquilibrée qui, pour retenir son amant marié d’une nuit, va loin, très loin. Jusqu’à faire bouillir un lapin appartenant à la fille de ce dernier. Un geste (culte) fustigé par les toutes les féministes : les femmes ne sont pas des psychopathes !


Toile

« Olympia » de Manet, ou la vénale

« Olympia » de Manet. DR

C’est avec une splendide indifférence qu’elle reçoit un bouquet sans doute envoyé par l’un de ses amants. Mais ce n’est pas là la moindre des audaces de cette Olympia qu’Édouard Manet a peinte au XIXe siècle, allongée sur un canapé, dans sa nudité la plus totale. Le regard assuré, plongeant frontalement dans ceux des spectateurs, la jeune femme semble dire : « Je suis vénale et je ne m’en cache pas. Et c’est même là où réside la force de ma féminité. »

Si cette toile, qui trône aujourd’hui au Musée d’Orsay, a fait scandale lors de sa présentation au Salon de Paris en 1865, ce n’est pas à cause de la nudité de son modèle, mais du réalisme du thème et de son traitement. Montrer la vénalité de la femme en portraiturant une prostituée, c’est nommer un chat, un chat. Lequel, à bien observer, se retrouve également dans la scène…


(Lire aussi : Tous pour unel'éditorial de Issa GORAIEB)



Poème

Vampire, cette dangereuse maudite

Manuscrit du poème « Le Vampire » de Baudelaire.

Hypnotique, envoûtante, dangereuse sirène dont la beauté et les chants auraient perdu plus d’un homme, créature maléfique et vorace dont le quatre heures préféré serait l’esprit et l’âme des hommes naïfs, la femme-vampire hante depuis bien longtemps l’imaginaire collectif. À mi-chemin entre la sorcière et la tentatrice, elle fascine et terrorise à la fois avec ses charmes et sa beauté qui ravissent l’intelligence, jusqu’à parfois faire entrer dans la folie. Un bon exemple du côté de la poésie se trouve dans le poème Vampire, de Charles Baudelaire, publié dans les Fleurs du Mal en 1857 : « Toi qui, comme un coup de couteau, / Dans mon cœur plaintif es entrée ; [...] – Infâme à qui je suis lié / Comme le forçat à la chaîne, / Comme au jeu le joueur têtu, / Comme à la bouteille l’ivrogne, / Comme aux vermines la charogne, / – Maudite, maudite sois-tu ! »


Mythe

Médée, la monstrueuse

« Medea », de Frederick Sandys. DR

Le mythe de Médée résonne dans l’imaginaire collectif comme un récit sanglant où la mère est la meurtrière de ses propres enfants. Mais pourquoi la criminalité des femmes les rend monstrueuses alors que, d’un point de vue quantitatif, elle est minime par rapport à celle des hommes ? Il ne s’agit pas de trouver une signification humaine à ce récit mais, à l’inverse, de réfléchir sur des réalités humaines à partir du mythe. Or qui mieux que Médée peut nous éclairer, elle qui était aussi la petite fille du Soleil. Et c’est précisément cette dialectique de l’ombre et de la lumière qui traverse cette tragédie complexe de Médée, en révèle les paradoxes, et permet d’apporter un nouvel éclairage au problème de la criminalité féminine et ainsi de toute l’ambivalence du féminin.

En basculant du côté des monstres, elle annule le temps, redevient une petite fille, une princesse innocente et vierge dans le palais de son aïeul, le Soleil.


(Lire aussi : Féministes du monde arabe, d’une génération à l’autre)



Chanson

France Gall, la femme crédule

France Gall. Photo AFP

A priori, Les sucettes est une comptine écrite par Serge Gainsbourg pour France Gall, enrobée d’une mélodie candide et qui narre le goût d’une certaine Annie pour les sucettes à l’anis. Cela dit, pour peu qu’on s’arrête sur les paroles – « Pour quelques pennies / Annie / A ses sucettes à / L’anis » par exemple –, on y décèle un deuxième niveau de lecture, subversif et sulfureux à l’instar de toute chanson touchée par la plume du grand Serge. Le problème, c’est que France Gall avouera bien des années après la sortie de Sucettes que pendant cinq ans, elle chantera ce titre sans se douter de son deuxième degré, passant pour la femme crédule et candide qui s’enfile, l’une après l’autre, des sucettes à l’anis sans réaliser qu’il s’agit en fait de l’ultime symbole phallique…


Conte

La commère sans nom

La commère est cette image de femme bavarde à l’affût de toutes les nouvelles, de tous les racontars, et qui parle à tort et à travers. Présente dans un grand nombre d’œuvres littéraires ou dramaturgiques, chez Marivaux, Dickens ou Shakespeare, elle ne porte souvent pas de nom. On l’appelle « commère du village » ou « commère du quartier », expression qui a son pendant très sexiste en libanais : neswen el-furn ou « femmes du boulanger ».

Il faut dire que le patrimoine oral local colporte assez copieusement ce personnage, notamment dans les contes oraux ou écrits comme ceux de Jeha, comme celui de Jeha et la commère, de DC Haroun (éditions Samir). Le conte décrit « la vieille femme qui épie le village, à la recherche du moindre ragot à colporter. Jeha, victime de ses indiscrétions, est furieux ! Il décide de la punir pour le mal qu’elle fait aux gens. » Sans commentaires...


(Lire aussi : Qu’est-ce que la révolution a changé dans votre vie ?)


Littérature

Folcoche, mère castratrice

« Vipère au poing », d’Hervé Bazin. DR

L’antipersonnage d’une mère tendre et aimante, reste encore, à jamais, celui de Folcoche. Nom inventé par Hervé Bazin, entre folle et cochonne, pour parler d’une marâtre dans son roman au parfum autobiographique Vipère au poing, publié à grand succès en 1948. Folcoche est un modèle pour une maternité dévoyée mais aussi pour un roman que les collégiens lisent sur les bancs d’école pour son français lumineux et exemplaire. Une mère donc aux antipodes de ce qu’on attend d’elle ! Sécheresse de cœur, de bourse, de rapports humains. Cruauté de comportements, profusion de punitions incohérentes, brimades et distribution, en une main leste, de claques au lieu des bises et des embrassades chaleureuses.

Le cinéma s’est emparé de cette figure féminine sèche, redoutable et Alice Sapritch l’a admirablement incarnée. Mais le roman, avec les descriptions de ce personnage complexe et complexé, pour une mère monstre et castratrice, reste un bijou de lecture mordante et incisive. À (re)découvrir.


Dessins animés

Jessica Rabbit, femme fatale

Elle est le personnage le plus érotique de tous les dessins animés. La sulfureuse Jessica Rabbit, épouse du lapin-héros Roger Rabbit avec sa longue robe rouge fendue sur le côté, sa poitrine démesurée, sa taille de guêpe et sa crinière rousse illustre la parfaite pin-up. Soupçonnée de tromper son mari, de mentir, de faire des coups bas, elle sera innocentée. C’est alors qu’elle aura cette fameuse réplique, de sa bouche pulpeuse, lorsqu’elle se justifie : « Je ne suis pas mauvaise, je suis juste dessinée comme ça. »






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CinémaGlenn Glose et son attraction fatale Glenn Close dans « Fatal Attraction ».La jalousie est une maladie d’amour. Quand on aime quelqu’un on le veut à soi. Outre certains exemples de jalousie masculine au cinéma comme The Talented Mr. Ripley ou Amadeus, les femmes sont en tête de peloton en matière de jalousie. De Blanche-Neige, où la marâtre essaie de tuer sa fille, à...

commentaires (2)

LA FEMME AUX YEUX DU POETE. LA VIERGE AU PIÉDESTAL DANS UN TEMPLE PAIEN DÉSERTÉ DES CROYANTS, S,ÉLÈVE UNE STATUE ÉCLATANTE DE GRACE, AUX CONTOURS HARMONIEUX QUI RÉVÈLENT LA RACE D,UNE VIERGE OLYMPIENNE AUX ATTRAITS CAPTIVANTS. ELLE ENFOUIT EN SON COEUR LES AVEUX DES AMANTS QUI VIENNENT LUI CONFIER LEUR DÉVOTION VIVACE. ELLE SOURIT TOUJOURS, ET JAMAIS NE SE LASSE DE PRODIGUER À TOUS SES SOURIRES CHARMANTS. ELLE EST JEUNE. ELLE EST BELLE. ELLE EST NOBLE ET HAUTAINE. ELLE EST BONNE. ELLE EST DOUCE, ADORABLE ET PAIENNE. L,AIMER OU LA HAIR EST UN SIGNE FATAL. LA CANDEUR DE SES TRAITS, LE GALBE DE SA HANCHE, TOUT HARMNONISE AVEC LE BLANC DU PIÉDESTAL, LA FINESSE DES BRAS ET LA POITRINE BLANCHE.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 53, le 07 mars 2020

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Commentaires (2)

  • LA FEMME AUX YEUX DU POETE. LA VIERGE AU PIÉDESTAL DANS UN TEMPLE PAIEN DÉSERTÉ DES CROYANTS, S,ÉLÈVE UNE STATUE ÉCLATANTE DE GRACE, AUX CONTOURS HARMONIEUX QUI RÉVÈLENT LA RACE D,UNE VIERGE OLYMPIENNE AUX ATTRAITS CAPTIVANTS. ELLE ENFOUIT EN SON COEUR LES AVEUX DES AMANTS QUI VIENNENT LUI CONFIER LEUR DÉVOTION VIVACE. ELLE SOURIT TOUJOURS, ET JAMAIS NE SE LASSE DE PRODIGUER À TOUS SES SOURIRES CHARMANTS. ELLE EST JEUNE. ELLE EST BELLE. ELLE EST NOBLE ET HAUTAINE. ELLE EST BONNE. ELLE EST DOUCE, ADORABLE ET PAIENNE. L,AIMER OU LA HAIR EST UN SIGNE FATAL. LA CANDEUR DE SES TRAITS, LE GALBE DE SA HANCHE, TOUT HARMNONISE AVEC LE BLANC DU PIÉDESTAL, LA FINESSE DES BRAS ET LA POITRINE BLANCHE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 07 mars 2020

  • Machos. violents, violeurs, séducteurs, infidèles... On en trouve autant pour les hommes, rassurons-nous!

    Yves Prevost

    08 h 29, le 07 mars 2020

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