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À La Une - Liban

Eurobonds : une décision "charnière" dans les prochains jours, selon Diab

 "En toute franchise, compte tenu de la situation dans laquelle il se trouve, l'Etat n'est plus en mesure de protéger les Libanais et de leur assurer une vie décente", regrette le Premier ministre.

Le Premier ministre Hassane Diab. Photo d'archives. REUTERS/Mohamed Azakir/File Photo

Le Premier ministre libanais Hassane Diab a affirmé lundi que le gouvernement, confronté à la plus grave crise économique que traverse le Liban depuis 30 ans, allait prendre une décision "charnière" à l'issue de discussions qui auront lieu dans les prochains jours, alors qu'il doit décider de rembourser ou non les prochaines échéances d’eurobonds, dont une première de 1,2 milliard de dollars le 9 mars.

Lors d'un discours prononcé devant les membres du corps consulaire au Grand sérail, M. Diab a évoqué une décision "critique", qui "constituera un tournant majeur pour l'avenir du Liban". "L'Etat est dans un état de faiblesse, et le pays traverse une période très difficile. Les Libanais sont inquiets pour leur présent et leur avenir. Cette peur s'étend de la situation économique et sociale aux préoccupations sanitaires", a déclaré M. Diab. "En toute franchise, compte tenu de la situation dans laquelle il se trouve, l'Etat n'est plus en mesure de protéger les Libanais et de leur assurer une vie décente", a regretté le Premier ministre. "Les mécanismes de l'Etat sont paralysés par des contraintes communautaires. Le gouvernement a un lourd fardeau à porter et sa mission est difficile, mais nous sommes déterminés à surmonter ces difficultés, progresser vers une conception plus intégrée de l'Etat et résoudre les problèmes chroniques", a promis le chef du gouvernement.  "En toute transparence, cet Etat a perdu la confiance des Libanais", a-t-il ajouté, promettant de mener des réformes "douloureuses" pour rebâtir la confiance et des institutions solides.  "Nous n'avons d'autre choix que de progresser sur le chemin de croix, quelle que soit la douleur", a-t-il lancé, et d'ajouter : "Dans les prochains jours, nous trancherons les discussions avant que le gouvernement ne prenne une décision charnière".

Les propos de M. Diab ont provoqué la colère de la rue et plusieurs routes à travers le pays ont été brièvement coupées en soirée à l'aide de pneus enflammés, notamment à Jiyé, à Saïda, à Tripoli et dans la Békaa.  La voie-express du Ring à Beyrouth a également été coupée. 


(Lire aussi : Les propos de Diab provoquent la colère des Libanais : Il assure que ses propos ont été déformés)


De son côté, le président du Conseil national de l’audiovisuel, Abdel-Hadi Mahfouz, reçu au Grand sérail, a indiqué dans la journée que Hassane Diab allait annoncer sa décision (quant à un remboursement ou non des eurobonds)  "vendredi ou samedi au plus tard", indiquant que cette décision "préservera les droits des petits déposants et la classe moyenne ainsi que l'intérêt du Liban".


"Pas question de toucher aux réserves d'or"
Le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, a pour sa part affirmé à l'issue d'une réunion sur la crise financière au Sérail, qu'il n'était "pas question de toucher aux réserves d'or" du pays. "Il n'est pas question de toucher aux réserves d'or" du Liban, a déclaré M. Salamé à l'issue de cette réunion ayant rassemblé le Premier ministre Diab, les membres de l'Association des banques du Liban et les ministres des Finances, Ghazi Wazni, de l'Industrie, Imad Hoballah, de l'Economie, Raoul Nehmé, et des Travaux publics, Michel Najjar. Le gouverneur de la BDL a encore souligné qu'il ne lui revenait pas de prendre une décision concernant le remboursement des prochaines échéances d’eurobonds, soulignant que cela relevait des prérogatives du gouvernement. 

Jeudi, une source gouvernementale avait laissé entendre que le gouvernement avait demandé de repousser l’échéance du 9 mars d’une semaine, une information qui a été démentie par une autre source au Grand Sérail un peu plus tard dans la journée.

En tout, l’État libanais est censé rembourser un total de 2,7 milliards de dollars entre les échéances de mars, avril et juin. En ajoutant les intérêts sur les autres émissions arrivant à échéance lors des prochaines années, c'est 4,6 milliards que le pays doit payer en 2020, alors que ses réserves en devises n’ont cessé de fondre depuis 2017. L’État a d’ailleurs réglé il y a quelques jours 71 millions de dollars d’intérêts sur des eurobonds arrivant à échéance en 2025 et 2030.

La précarité de cette situation, sanctionnée par les trois principales agences de notation américaines à des degrés divers ainsi que par les marchés, a polarisé les opinions au sein des milieux économiques et politiques du pays. Si une partie d’entre eux appellent à négocier une restructuration de la dette (une baisse des intérêts et un rallongement de maturité, voire une réduction des montants empruntés) au plus vite avec les créanciers, d’autres jugent plus prudent de régler la somme de 1,2 milliard due en mars pour ensuite obtenir un rééchelonnement du reste (baisse des intérêts en repoussant les échéances).


(Lire aussi : Eurobonds : semaine décisive en vue pour le gouvernement Diab)



La semaine dernière, le cabinet a pris les devants en sélectionnant deux cabinets internationaux pour l’assister dans les négociations – Lazard pour le volet financier et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour le volet légal. Bien qu’il n’ait pas été appelé spécifiquement pour cette raison, le Fonds monétaire international (FMI), qui a dépêché une délégation d’experts à Beyrouth il y a près de deux semaines, pourrait également assister le pays dans ce dossier.

Dans ce contexte, le procureur financier le juge Ali Ibrahim et sept autres juges du parquet financier ont auditionné dans la matinée 15 propriétaires et présidents de conseil d'administration de banques libanaises dans le cadre de plusieurs dossiers, dont ceux des transferts de fonds à l'étranger et de la vente d'eurobonds.


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commentaires (1)

"Il n'est pas question de toucher aux réserves d'or" Ca veut dire qu'on va toucher à quoi exactement? On va vider les comptes du peuple libanais?

NAUFAL SORAYA

16 h 01, le 02 mars 2020

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Commentaires (1)

  • "Il n'est pas question de toucher aux réserves d'or" Ca veut dire qu'on va toucher à quoi exactement? On va vider les comptes du peuple libanais?

    NAUFAL SORAYA

    16 h 01, le 02 mars 2020

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