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À La Une - Proche-Orient

Israël laisse planer le doute sur les annexions préconisées par le plan américain

"Nous allons commencer à travailler sur la partie technique dès maintenant, mais je pense que nous avons besoin d'un gouvernement israélien en place afin d'avancer", souligne Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump.

Un manifestant palestinien tient une pancarte sur laquelle est écrit : "La Palestine n'est pas à vendre", le 30 janvier 2020 à Ramallah. Photo AFP / ABBAS MOMANI

Israël laissait planer le doute jeudi sur ses intentions concernant l'application du projet américain censé mettre un terme au conflit avec les Palestiniens, qui prévoit notamment l'annexion par l'Etat hébreu de larges pans de la Cisjordanie.

Ce plan, présenté mardi à Washington par le président américain Donald Trump avec à ses côtés le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en campagne électorale, a reçu un accueil favorable des Israéliens, mais très hostile de la part des Palestiniens. Il prévoit, entre autres points sensibles, l'annexion par Israël des colonies juives en Cisjordanie occupée, en particulier dans la vallée du Jourdain, qui doit devenir la frontière orientale d'Israël.

Qualifiées de "vitales" par M. Netanyahu, ces zones peuvent être annexées "sans attendre", avait aussitôt estimé l'ambassadeur des Etats-Unis David Friedman.


(Lire aussi : Les boulevards du délire, l'éditorial de Issa GORAIEB)



Mais l'architecte du projet américain, Jared Kushner, gendre et conseiller de M. Trump, a exprimé l'"espoir qu'ils (le gouvernement israélien, ndlr) attendent après les élections" israéliennes prévues le 2 mars pour annexer les secteurs désignés par le plan. Et, après s'être félicité de ce plan, le gouvernement israélien semblait jeudi marquer le pas. Il doit se réunir dimanche, mais le bureau du Premier ministre n'a pas souhaité confirmer si les annexions étaient à l'ordre du jour comme initialement prévu.

Pour la 3e fois consécutive en moins d'un an, M. Netanyahu devra affronter lors d'élections législatives la liste de son principal rival Benny Gantz, pour rester au pouvoir.


(Lire aussi : « On ne peut rien faire si ce n’est manifester, on ne peut pas les combattre »)


"Opportunité unique"

"Nous allons commencer à travailler sur la partie technique dès maintenant, mais je pense que nous avons besoin d'un gouvernement israélien en place afin d'avancer", a souligné Jared Kushner, lors d'un entretien avec le média Gzero.

Le Likoud, le parti de M. Netanyahu --inculpé pour corruption--, n'est pas parvenu à former une coalition lors des deux dernières élections et rien ne dit qu'il soit en mesure de réunir suffisamment de voix pour y parvenir lors du scrutin du 2 mars.

Depuis mardi, la droite israélienne appelle le Premier ministre à appliquer au plus vite le plan américain. "Tout ce qui sera reporté après l'élection n'aura jamais lieu. Tout le monde le sait. Chaque colonie, chaque bout de terre (dont l'annexion) sera reportée après l'élection restera en dehors (d'Israël) pour encore 50 ans", a jugé mercredi le ministre de la Défense Naftali Bennet. "Si nous retardons ou atténuons la mise en oeuvre de notre souveraineté, l'opportunité du siècle deviendra le loupé du siècle", a-t-il dit.

Le ministre du Tourisme Yariv Levin, en visite à Moscou jeudi avec M. Netanyahu, a assuré sur les ondes de la radio de l'armée israélienne que le gouvernement souhaitait prendre une décision sur l'annexion "dès que possible".


(Lire aussi : Abou Dis, la "capitale palestinienne" qui ne veut pas être une capitale)


Tir de roquette

Lors de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre israélien n'a pas fait allusion aux éventuelles annexions, soulignant cependant que le plan américain était une "opportunité unique" de résoudre le conflit israélo-palestinien.

M. Poutine, pour sa part, n'a pas fait référence au projet de Washington lors de la conférence de presse. Moscou a bien "commencé à étudier" le plan américain de 180 pages, a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe, soulignant qu'il appartenait avant tout aux "Israéliens et aux Palestiniens" de décider d'un plan de paix qui soit "juste".

La communauté internationale considère les colonies juives en Cisjordanie comme illégales au regard du droit international et toute tentative d'annexion de territoires palestiniens par Israël pourrait susciter une fronde diplomatique.

Bien que rejeté à la fois par le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et par le président palestinien Mahmoud Abbas, le plan américain n'a suscité que quelques manifestations, émaillées par de rares violences.

A Ramallah et à Hébron, en Cisjordanie, des manifestations contre le plan américain ont fait 18 blessés et les forces israéliennes ont tiré des balles en caoutchouc, faisant aussi usage de gaz lacrymogènes, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Mercredi soir, un tir de roquette a eu lieu depuis Gaza vers Israël. En réponse, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé "une série de cibles" liées au Hamas dans le sud de l'enclave palestinienne.

L'armée a aussi déployé mercredi soir des troupes supplémentaires en Cisjordanie et près de la frontière avec l'enclave palestinienne de Gaza, afin de "minimiser les risques d'un embrasement", a précisé à l'AFP un responsable militaire israélien.

Pour vendredi, la police israélienne a dit avoir renforcé ses effectifs dans et autour Jérusalem, en prévision de la grande prière hebdomadaire sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam.



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