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Politique - Reportage

« Les Arabes, tous des traîtres ! » crient les Palestiniens de Aïn el-Héloué

« Journée de la colère » dans l’ensemble des camps palestiniens du Liban pour protester contre le plan de Trump.

Des réfugiés palestiniens brûlant des drapeaux américains et israéliens lors d’une manifestation contre le plan de paix de Donald Trump pour le Proche-Orient, hier dans le camp de Aïn el-Héloué. Photo Ali Hashisho/Reuters

« Si les Arabes ne nous avaient pas trahis, Trump n’aurait pas osé annoncer un tel plan. » Souheil, un jeune habitant du camp palestinien de Aïn el-Héloué, aux portes de Saïda, ne décolère pas. Comme des centaines d’autres habitants de ce camp, le plus grand du Liban, il a répondu hier à l’appel des formations palestiniennes qui ont mis de côté leurs divergences pour critiquer le plan de paix du président Donald Trump. Un plan de paix dont ils sont parmi les laissés-pour-compte, puisqu’il ne prévoit aucune solution pour ces descendants des Palestiniens forcés à se réfugier au Liban en 1948. Les ruelles de Aïn el-Héloué étaient vides hier, les petites échoppes ayant baissé leur rideau de fer et les écoles de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ayant fermé leurs portes, dans le cadre de la grève générale décrétée pour la « Journée de la colère » dans l’ensemble des camps palestiniens du Liban. Dans le stade Abou Jihad, du nom du dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine assassiné par Israël en Tunisie en 1988, des centaines de personnes brandissaient des drapeaux palestiniens. « Le deal ne passera pas » ou « Nous réclamons notre droit au retour » en Palestine, proclamaient les banderoles brandies par les manifestants. « Trump, tu vas échouer ! »


(Éclairage : Quand les pays arabes donnent un feu orange au plan américain)


scandaient les protestataires en colère, qui répétaient également « Mort à Israël ». Les jeunes gens qui participaient au rassemblement ont mis le feu à des drapeaux américains et israéliens, ainsi qu’à plusieurs portraits du président américain au milieu des youyous.

Selon le plan proposé par Donald Trump, les réfugiés palestiniens n’auront pas droit au retour en Israël, a annoncé mardi lors d’une conférence de presse à Washington le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ce dernier s’est dit prêt à négocier avec les Palestiniens pour leur accorder « un chemin vers un futur État », mais a posé comme condition qu’ils reconnaissent Israël comme un « État juif ». « Les réfugiés palestiniens auront le choix entre vivre dans le futur État palestinien, s’intégrer dans les pays où ils résident actuellement, ou s’installer dans un pays tiers », a de son côté affirmé la Maison-Blanche. Les États-Unis, qui ont cessé de contribuer à l’Unrwa sous l’impulsion du milliardaire républicain, a promis de « travailler avec la communauté internationale » pour aider « généreusement » ce processus de réinstallation. « Le chemin est long, et seule la résistance nous permettra de récupérer la Palestine », assure Souheil. À ses côtés, Mahmoud, un jeune homme qui a revêtu un keffieh sous son bonnet de laine, estime que « si les Arabes avaient une once de dignité, cela n’aurait pas pu se produire, mais ce sont tous des traîtres » ! « Nous n’avons plus rien à perdre, notre seule option est la résistance », dit de son côté Ahmad, rappelant la phrase célèbre du dirigeant palestinien décédé Yasser Arafat : « La victoire ou la mort. »


(Lire aussi : Proche-Orient : les responsables libanais rejettent le plan de Trump)



Convois de voitures à Saïda

Plusieurs orateurs se sont succédé au nom des différentes formations palestiniennes, suivis par un responsable de l’Organisation populaire nassérienne, Mohammad Daher, qui a prononcé un discours au nom des partis libanais. Tous ont condamné le plan américain, estimant que la seule réponse était de poursuivre la résistance.

Aïn el-Héloué est le plus grand camp palestinien du Liban, et continue d’être contrôlé par les organisations palestiniennes, alors que l’armée libanaise en contrôle les quatre accès et impose de strictes mesures de sécurité aux habitants lorsqu’ils veulent en sortir ou y entrer. Le camp subit de plein fouet les répercussions de la crise économique libanaise, surtout que le taux de chômage s’y était aggravé après les récentes mesures prises en juillet par le ministère du Travail pour réguler l’emploi de la main-d’œuvre étrangère, selon plusieurs témoignages.


(Repère : Ce qu’il faut retenir du plan de paix américain)


Les réfugiés se sont également mobilisés dans les autres camps du pays. Au Liban-Nord, les habitants du camp de Beddaoui ont observé une grève totale et manifesté en nombre dans les rues du camp, appelant la Ligue arabe à « rejeter en bloc » le nouveau plan de paix. À Tyr, tous les camps étaient également en grève, les organisations, commerces et écoles de l’Unrwa ayant fermé leurs portes. Les réfugiés de ces camps ont notamment condamné le « silence de la communauté internationale au plan de Trump ».

Dans la soirée, et comme la veille, des convois de voitures, brandissant des drapeaux libanais et palestiniens, ont sillonné les rues de Saïda pour protester contre le plan de Trump. Une manifestation s’est également déroulée en soirée dans la ville de Tripoli.

Les Palestiniens du Liban sont les descendants des quelque 100 000 personnes qui se sont réfugiées au Liban en 1948. Si leur nombre était estimé au cours de la dernière décennie à plus de 400 000, ils ne sont plus aujourd’hui que quelque 175 000, selon un recensement officiel effectué en 2017, beaucoup ayant choisi d’émigrer à la recherche de meilleures conditions de vie.



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« Si les Arabes ne nous avaient pas trahis, Trump n’aurait pas osé annoncer un tel plan. » Souheil, un jeune habitant du camp palestinien de Aïn el-Héloué, aux portes de Saïda, ne décolère pas. Comme des centaines d’autres habitants de ce camp, le plus grand du Liban, il a répondu hier à l’appel des formations palestiniennes qui ont mis de côté leurs divergences pour...

commentaires (2)

ET DES VENDUS.

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

17 h 56, le 30 janvier 2020

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Commentaires (2)

  • ET DES VENDUS.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    17 h 56, le 30 janvier 2020

  • On le sait bien que les arabes sont des traitres . Le pire c'est que certains arrivent même à le revendiquer .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 48, le 30 janvier 2020

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