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Politique - Contestation

Appels à empêcher la tenue, ce matin, de la séance parlementaire consacrée au budget

La réunion de l’Assemblée générale ne devrait pas être de tout repos : des rassemblements populaires sont prévus, tandis que les FSI ont pris des mesures pour « isoler » l’hémicycle.

Le « bouclier humain » auquel appellent les groupes de la contestation pour empêcher la tenue de la séance parlementaire consacrée au vote du budget, lundi.

Pour la première fois depuis la désormais célèbre réunion qui devait avoir lieu le 19 novembre dernier pour l’adoption, notamment, d’une loi d’amnistie générale qui avait été avortée en raison de la contestation populaire, le Parlement doit se réunir ce matin pour le vote du budget 2020. Deux mois plus tard, la contestation est toujours d’actualité, comme le prouvent les manifestations de ces derniers jours, alors que le Parlement se bunkérise de plus en plus.Les contestataires vont-ils réussir, aujourd’hui, à empêcher les députés d’accéder à l’hémicycle ? Une chose est sûre : les révolutionnaires sont déterminés à bloquer les accès au Parlement. Des groupes de l’intifada faisaient ainsi circuler hier un appel à des rassemblements, dès 7 heures ce matin, en une série de points précis de la capitale (indiqués sur une carte) afin de bloquer la route aux parlementaires en amont de la place de l’Étoile. Le texte de l’appel, titré « bouclier humain », recommande fortement aux manifestants de rester pacifiques, de bloquer les routes en s’asseyant sur le bitume, d’être munis de casseroles, de tambours et de drapeaux, et de « faire beaucoup de bruit ». « Le plus important est de ne pas essayer d’accéder à la place de l’Étoile parce que l’armée a des ordres stricts d’empêcher quiconque de pénétrer dans cette zone », lit-on dans ce texte.

De son côté, la Direction générale des Forces de sécurité intérieure a publié un communiqué dans lequel elle détaille les mesures liées à la circulation qu’elle prendra à l’occasion de la réunion du Parlement à 10h30 aujourd’hui. Ces mesures, qui seront effectives dès 7 heures, viseront en premier lieu « à isoler la zone autour de la place de l’Étoile, allant de la place Riad el-Solh jusqu’aux rues Weygand, Foch et Allenby ». Les FSI vont également bloquer toute circulation vers le centre-ville en déviant le trafic en plusieurs endroits de Beyrouth. Les routes seront ainsi bloquées par des barrages des FSI au niveau des points suivants : Saïfi-siège des Kataëb vers le centre-ville, Bourj el-Murr vers le Saint-Georges, l’hôtel Monroe vers le centre-ville, la descente Sahyoun vers Bourj el-Ghazal.


(Lire aussi : "Jusqu'au bout" avec la révolution : Libanais et diaspora manifestent ensemble, par écran interposé)


Manifestations au Liban et à l’étranger
La journée d’aujourd’hui, qui promet d’être tendue, vient à la suite d’un nouveau week-end de mobilisation à Beyrouth et en province. Samedi, des milliers de manifestants, partis de différents poins de Beyrouth et de ses alentours, ont convergé vers le centre-ville. Les autres régions, comme Tripoli et Tyr, n’étaient pas en reste. Pour tous ces rassemblements, un seul mot d’ordre : « Pas de confiance » au gouvernement Diab, formé mardi dernier. À Beyrouth, quelques affrontements ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre en soirée, notamment quand les premiers ont tenté de forcer les barrières destinées à « protéger » le Sérail, place Riad el-Solh. Ces barrières, ainsi que celles érigés en différents points d’accès au Parlement, ont encore été renforcées, notamment par des blocs de béton, hier suite à ces nouveaux heurts. Hier, c’était au tour de la diaspora de réagir, en harmonie avec les différentes régions libanaises comme Beyrouth, Saïda ou Nabatiyé. Réunis par écrans interposés, des centaines de Libanais ont manifesté à Beyrouth, Tyr et dans de nombreuses villes à travers le monde sous le slogan « Jusqu’au bout » afin d’afficher la solidarité de la diaspora avec le mouvement de révolte populaire « qui revendique ses droits humains fondamentaux et la transition vers un État civil » depuis 102 jours.


(Lire aussi : A Beyrouth, des manifestants ont tenté de forcer le passage vers le Grand Sérail)


Alors que des sit-in étaient organisés dans plusieurs capitales européennes, leur mobilisation était retransmise en direct sur un écran installé au niveau de la statue de l’Émigré libanais sur la route menant au port de Beyrouth. À cet endroit, des dizaines de personnes ont scandé les slogans devenus traditionnels de la révolution.

À Paris, dès le début du sit-in prévu place Joffre, en face du mur de la Paix, près de 200 personnes étaient présentes, selon une estimation de Marc Tuéni, un des organisateurs de l’initiative « Meghterbine mejtemiine » (Les émigrés rassemblés), qui organise les manifestations de la diaspora depuis octobre.

« La symbolique de cette journée est de montrer que tous les émigrés sont unis pour un avenir meilleur au Liban », a confié M. Tuéni à notre journaliste à Paris, Anne Ilcinkas. Il explique que cette mobilisation a été lancée parce que « la situation ne change pas ». « Hassane Diab a affirmé qu’il entendait les manifestants et leurs revendications, mais nous n’avons rien vu encore dans ce sens. Ils continuent à se partager le gâteau, à calculer la part de Nabih Berry et de Gebran Bassil, sans que la révolution n’ait son mot à dire », critique l’activiste.

Au cours de la manifestation, les protestataires des différentes villes ont lu ensemble un serment, qui a été retransmis en direct à 16 heures, heure de Beyrouth, pour de nombreuses villes européennes, et à 22 heures pour les villes d’Amérique du Nord, tel que cela avait été annoncé.


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Pour la première fois depuis la désormais célèbre réunion qui devait avoir lieu le 19 novembre dernier pour l’adoption, notamment, d’une loi d’amnistie générale qui avait été avortée en raison de la contestation populaire, le Parlement doit se réunir ce matin pour le vote du budget 2020. Deux mois plus tard, la contestation est toujours d’actualité, comme le prouvent les...

commentaires (2)

A remarquer que Berry a laissé tomber sa loi d'amnistie. La "double urgence" était, en effet motivée par la crainte de voir arriver au pouvoir des hommes honnêtes qui pourraient dénoncer les malversations de leurs prédécesseurs. Le risque est désormais écarté puisqu'on a pris soin de nommer à chaque poste dangereux un clone du ministre sortant.

Yves Prevost

07 h 50, le 27 janvier 2020

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Commentaires (2)

  • A remarquer que Berry a laissé tomber sa loi d'amnistie. La "double urgence" était, en effet motivée par la crainte de voir arriver au pouvoir des hommes honnêtes qui pourraient dénoncer les malversations de leurs prédécesseurs. Le risque est désormais écarté puisqu'on a pris soin de nommer à chaque poste dangereux un clone du ministre sortant.

    Yves Prevost

    07 h 50, le 27 janvier 2020

  • Si c'est bien le budget revisité par Hariri avant de démissionner, il faut savoir qu'il prévoit de taxer les banques exceptionnellement en 2020 pour réduire le déficit budgétaire à 0.63 %. Mais aussi il ne prévoit qu'une croissance économique de 1 % ce qui est insuffisant pour relancer l'emploi, améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, et compenser la croissance de la dette. Le Liban aurait besoin d'une croissance annuelle de 5% à 6% sur les cinq prochaines années. C'est mal parti! Je dirais plutot,

    Zovighian Michel

    06 h 47, le 27 janvier 2020

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