Ne soyons pas dupes. Le jeu de la sulta, c’est du déjà-vu. Mettre des gens bien dans un gouvernement, le Liban l’a déjà vécu. Mais à quoi peuvent servir les gens bien quand on sait pertinemment qu’ils sont les marionnettes des partis politiques contre lesquels nous nous battons depuis 100 jours ? Contre ces partis politiques qui ont fait semblant de se mettre en second plan pour mieux tirer les ficelles ?
Semer le doute, une fois de plus, est une tactique tellement usée qu’elle ne sert plus à rien. Aujourd’hui, le peuple, sûrement plus lucide, ne doit pas céder à d’inutiles tergiversations. Aujourd’hui, le peuple doit comprendre que le pouvoir nous a tendu deux pièges : « Donnons-leur une chance » et « La révolution devient violente ».
Une chance, nous ne devons pas la leur donner. Pour la simple et bonne raison qu’en pensant que ce gouvernement pourrait être salutaire pour le pays, c’est passer du côté obscur de la force : la collaboration. Et c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. Nous ne devons pas collaborer avec ces politiciens dans l’espoir de respirer un peu. Aucune réforme n’est prévue, aucun plan n’est prévu et aucune promesse n’a été donnée. El-maktoub bien’ara men enwéno. Dès la première réunion ministérielle, on a compris qu’ils ne feront rien. Et comment pourraient-ils le faire ? Rah y’awmo el-me’téyé ? Duh. Donc, non, nous ne collaborerons pas parce que nous sommes la résistance. Une résistance qui n’attend pas un quelconque débarquement. Nous ne sommes pas en Normandie en 1944. Nous sommes le Liban de 2020. Celui du 17 octobre, et ça, il ne faut surtout pas l’oublier. Nous sommes la résistance. Et notre moyen le plus puissant est de ne pas lâcher la rue et de continuer à leur mettre la pression. La rue est salutaire. Pas ce nouveau gouvernement de pacotille.
Quant au second piège (il doit y en avoir d’autres de prévus), il est absolument nécessaire de ne pas tomber dedans. La rue est devenue violente ? La révolution a désobéi à son premier commandement de pacifisme ? À quoi les Libanais tièdes depuis le début de notre révolte s’attendaient-ils donc ? À un nouveau Woodstock ? Les gens crèvent de faim. Littéralement. Ils ne sont plus au bord du gouffre, ils sont au fond du gouffre. Au bout du rouleau. Leur révolution à eux, c’est de ne pas mourir. Chacun sa révolution. Ce qui n’enlève en rien la légitimité de la thaoura. Bien sûr, il y a des casseurs, des infiltrés. Bien sûr que le pouvoir, appuyé par des forces de l’ordre, essaye de nous manipuler. Et il ne faut surtout pas céder à cette manipulation, orchestrée par de petits joueurs pernicieux. Parce que la révolution a plusieurs visages. Ceux qui se battent contre la faim, contre l’instabilité économique, contre l’humiliation permanente, contre un système de 30 ans pourri jusqu’à la moelle, contre leur famille à la pensée sclérosée.
Nous sommes la résistance. Nous avons, à l’instar d’une éventuelle nouvelle classe politique, une responsabilité historique envers notre pays. Et les micro-excuses telles que la peur que le pays s’effondre, qu’il n’en peut plus, ne sont pas valables. Le pays s’est effondré. Économiquement et socialement. Et une fois de plus, nous n’avons plus rien à perdre. Alors votre choix est là. Collaborer ou résister ? Leur concéder,comme nous l’avons trop longtemps fait, ce pays qui est le nôtre, au nom de la peur qui nous ronge ? Accepter qu’ils restent collés à leurs sièges parce que nous n’avons pas les c******* de continuer à nous battre ? No f... way.
Nous sommes la résistance. Nous sommes de Gaulle, Che Guevara, Nelson Mandela, la Liberté guidant le peuple, pour ne citer qu’eux. Nous sommes ces hommes et ces femmes qui ont pris des risques. Qui se sont cachés, qui se sont organisés, qui ont protégé leurs compatriotes. Nous sommes ces hommes et ces femmes qui ont combattu la fleur au fusil ou avec des armes de fortune. Nous sommes la résistance et eux, les collabos.
Tant que les libanais refusent de voir que les partis vendus oeuvrent pour garder le contrôle et se cachent derrière des causes qui ne regardent aucunement le Liban ni son peuple, nous n'arriverons à rien. Que ceux qui veulent résister à Israël pour récupérer leur territoire aillent lui faire la guerre ailleurs qu'au Liban. Les terrains de guerre ne manquent pas en ce moment. Nous, peuple libanais voulons VIVRE dans un pays pacifié et prospère. L'orque nous étions en guerre aucun pays voisin ne nous est pas venu en aide, bien au contraire, ceux qui sont venus l'ont pillé, terroriser sa population et instaurer une dictature jusqu'à ce que le peuple réagisse et les mette dehors. Pourquoi vouloir se mêler tout le temps des conflits dans la région? Nous avons assez de problèmes pour nous attirer encore plus d'ennemis et d'ennuis. La résistance libanaise contre les faux résistants est indispensable et est notre seul salut. Unissons-nous derrière notre drapeau pour mettre tous ces mercenaires dehors. Un point c'est tout. Tout le reste n'est que baliverne.
11 h 10, le 27 janvier 2020