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Politique - Violences

Après les interpellations de la veille à Hamra,une journée de colère devant la caserne Hélou

Des centaines de personnes se sont mobilisées toute la journée pour appeler à la libération des contestataires arrêtés la veille en marge de heurts dans le quartier beyrouthin.

Très remontés, les protestataires ont demandé la libération immédiate des manifestants arrêtés à Hamra dans la nuit de mardi à mercredi. Photo Hassan Assal

L’ambiance était tendue hier devant la caserne Hélou, dans le quartier Mar Élias, à Beyrouth. Des dizaines de familles en colère y ont manifesté toute la journée, jusque tard dans la soirée, pour demander la libération immédiate de leurs fils interpellés dans la nuit de mardi à mercredi, après une flambée de violences à Hamra, devant la Banque centrale. Une mère de famille très remontée a même tenté, à un moment, de forcer le passage en criant l’innocence de son fils, avant d’être calmée par un des avocats qui se sont portés volontaires pour défendre les 58 manifestants arrêtés. Parmi ces derniers, dont les plus âgés ont une trentaine d’années, se trouvent deux mineurs.

Selon les avocats présents sur place, les Forces de sécurité intérieure comptent visionner les bandes de toutes les caméras de surveillance et interroger toutes les personnes en état d’arrestation pour savoir qui est à l’origine des violences de la veille. « Malheureusement, rien ne laisse présager que quelqu’un sera relâché ce soir, ça a l’air compliqué. Il semblerait que les forces de sécurité veuillent faire de ces jeunes un exemple », lâche une manifestante contactée par L’Orient-Le Jour en début de soirée.

« Nous ne savons pas s’ils vont relâcher quelqu’un aujourd’hui (hier), acquiesce l’avocate Ghida Frangieh, qui fait partie du collectif d’avocats mobilisés dans le cadre de cette affaire. Nous avons été voir ces hommes durant la nuit et nous leur avons offert des consultations juridiques. Nous avons demandé qu’un médecin puisse ausculter ceux qui ont reçu des coups lors de la manifestation », confie-t-elle à L’OLJ. Dans ce contexte, les proches de ces manifestants, mais aussi des protestataires n’ont pas lâché la pression hier, et ce pendant de longues heures. Dans l’après-midi, ils se sont installés à même la chaussée pour couper la route. La police antiémeute est alors intervenue, rouvrant la voie par la force. Les manifestants se sont alors mis à lancer des slogans tels que « chabbiha » (voyous) et « à bas le gouvernement de voyous ». Des voisins tambourinaient sur des casseroles depuis leurs balcons en guise de soutien. Ce n’est qu’en début d’après-midi que les familles ont été autorisées à envoyer de la nourriture aux personnes interpellées qui n’avaient pas mangé de la journée.

Le nombre de manifestants ne cessait de croître en début de soirée, selon des témoins présents sur place, la colère montant au fur et à mesure que les heures passaient. « Il y a au moins deux cents personnes devant la caserne et d’autres sont en train d’arriver. La brigade antiémeute est déployée, les gens sont en train de les insulter, indique une manifestante contactée par L’Orient-Le Jour. Une mobilisation qui, à l’heure de mettre sous presse, n’avait pas abouti aux résultats escomptés.

À l’origine de l’interpellation de ce grand nombre de protestataires, des heurts devant la Banque du Liban et des actes de vandalisme dans le quartier de Hamra mardi soir. Ces actions ont essentiellement visé les banques, dont les devantures ont été fracassées et les murs tagués pour dénoncer les restrictions bancaires imposées en pleine crise économique. Des distributeurs automatiques ont également été cassés et des bennes à ordures brûlées.

Selon une militante qui se trouvait à Hamra mardi soir, « les policiers ont arrêté des personnes qui n’ont rien fait ». » À 21h30, ils ont commencé à procéder à des arrestations. Certains militants se sont réfugiés au café T-Marbouta, les policiers y sont entrés et les ont arrêtés, dont un musicien, raconte-t-elle à L’OLJ. Nous étions juste en train de manifester. Aucun de nous n’a pris part aux violences. D’ailleurs, aucun commerce n’a été touché. Il n’y a que les banques qui ont été saccagées, ces mêmes banques qui sont en train de nous voler. »

Arij Abou Harb, dont l’époux fait partie des personnes interpellées dans le café, rapporte que les forces de sécurité sont arrivées vers une heure du matin. « Il y avait un policier en civil et un membre des forces antiémeute. Ils ont demandé nos cartes d’identité puis ils ont embarqué les hommes », assure Mme Abou Harb. Selon certains militants, six hommes ont été arrêtés à T-Marbouta, mais il n’était pas clair, hier soir, s’ils faisaient tous partie des manifestants ou si certains étaient de simples clients. « On se dirige vers un durcissement du ton face aux protestataires. Il y a sûrement eu des violences, mais les forces de sécurité se sont livrées à beaucoup d’arrestations arbitraires. Certaines des personnes interpellées étaient de simples passants », assure Me Frangieh. Elle déplore par ailleurs le fait que « les autorités judiciaires et sécuritaires ne prennent pas en compte le contexte socio-économique du pays ».

L’ambiance était tendue hier devant la caserne Hélou, dans le quartier Mar Élias, à Beyrouth. Des dizaines de familles en colère y ont manifesté toute la journée, jusque tard dans la soirée, pour demander la libération immédiate de leurs fils interpellés dans la nuit de mardi à mercredi, après une flambée de violences à Hamra, devant la Banque centrale. Une mère de famille très...

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