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À La Une - Liban

De Dora au centre-ville, des milliers de Libanais marchent contre Diab et "le mépris des autorités"

Manifestations également à Tripoli, Saïda et Nabatiyé.

Des Libanais manifestants le 11 janvier 2020 à Beyrouth contre le pouvoir politique. Photo AFP / ANWAR AMRO

Des milliers de Libanais ont défilé samedi, au départ du rond-point de Dora, dans le nord de Beyrouth, en direction du centre-ville, au 87e jour du mouvement de contestation populaire contre la classe dirigeante, afin d'exprimer leur refus de la désignation de l'ancien ministre Hassane Diab au poste de Premier ministre et de condamner le "mépris des autorités vis-à-vis de la dignité du peuple". 

Selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), les contestataires reprochent à M. Diab de perpétuer "la politique du partage de gâteau" entre les différentes formations politiques. Ils font également entendre leurs voix contre "le fait que les dirigeants nient les revendications du mouvement de contestation".  


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"Etat policier"

En familles, drapeaux libanais au vent, scandant les slogans de la révolution ou tapant sur des casseroles, les protestataires ont débuté leur marche sous le pont de Dora, au nord de la capitale, avant de se diriger vers 15h vers Bourj Hammoud, puis vers Mar Mikhaël.

A Bourj Hammoud, ville qui abrite une large communauté libanaise d'origine arménienne, l'un des manifestants a harangué la foule en arménien, appelant tous les habitants d'origine arménienne à rejoindre les rangs des contestataires, explique notre journaliste sur place Patricia Khoder.

A Mar Mikhaël, certains manifestants criaient :"Etat policier qui protège les voleurs". "Révolte-toi Beyrouth !", lançaient d'autres. "Le peuple veut la chute de la dette publique", criait un autre groupe, alors que cette dette dépasse les 80 milliards de dollars. En guise de soutien, des riverains attroupés sur leurs balcons ont lancé du riz sur les manifestants.




Avant de poursuivre leur chemin vers Saïfi, pour un sit-in devant l’Association des banques du Liban (ABL), les manifestants, dont les rangs grossissaient petit à petit, se sont brièvement arrêtés devant le siège d'Electricité du Liban (EDL). Mais quelques échauffourées ont éclaté entre protestataires et forces de l'ordre, ce qui a poussé les manifestants à poursuivre leur marche afin d'éviter les tensions.

Vers 17H, le cortège de contestataires est arrivé devant le siège de l'ABL, sous haute escorte policière et militaire. Il s'est ensuite dirigé vers le centre-ville de la capitale, afin de marquer la dernière étape de la marche, à proximité du siège du Parlement, place de l'Etoile. Au passage, dans la rue Weygand, quelques manifestants ont cassé la baie vitrée à l'entrée du siège de la municipalité de Beyrouth, théâtre la veille de violentes échauffourées entre manifestants et contre-manifestants. Cet acte de vandalisme a été désapprouvé par la majorité des protestataires qui insiste sur le caractère pacifique de leur mouvement.

En face de l'une des artères menant à la place de l'Etoile, les manifestants, par milliers, ont crié des slogans hostiles à Hassane Diab et aux autres responsables politiques.

Certains contestataires prévoyaient de protester ensuite devant le domicile du Premier ministre désigné, dans le quartier de Tallet el-Khayyat, selon des informations de notre journaliste Zeina Antonios. Mais ceux-ci ont finalement renoncé à le faire, en début de soirée.

Photo AFP / ANWAR AMRO


(Lire aussi : Hassane Diab catégorique : Le gouvernement sera composé de 18 ministres technocrates et non-partisans)



Tripoli, Saïda et Nabatiyé

La contestation a également gagné les provinces dans le nord et le sud du Liban. A Tripoli, la grande ville du Liban-Nord, des centaines de protestataires se sont également mobilisés contre la classe politique, affirmant vouloir montrer que la "révolution n'est pas morte". Ils ont sillonné les rues principales de la ville, criant des slogans hostiles au pouvoir, notamment au président de la République Michel Aoun. Ils ont aussi tenu des rassemblements devant les bureaux de change afin de crier leur colère, au moment où les changeurs proposent la livre libanaise autour de 2.400 LL pour un dollar, un taux nettement plus élevé que celui officiellement pratiqué dans les banques oscillant entre 1.515 et 1.520 LL. En soirée, des centaines de contestataires se sont rassemblés sur la place Al-Nour, haut-lieu de la contestation à Tripoli.

A Saïda, au Liban-Sud, des manifestations ont parallèlement eu lieu, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Les contestataires, une centaine, se sont regroupés devant le centre de déchets situé dans le sud de la ville, afin de protester contre sa mauvaise gestion et les odeurs pestilentielles qui s'en dégagent. Munis de masques, ils ont appelé à un traitement des ordures ménagères respectueux des riverains, dénonçant son impact sanitaire sur les habitants. Ils ont enfin appelé à déclarer "l'état d'urgence sanitaire" à Saïda. En soirée, une centaine de manifestants se sont rassemblés sur la place Elia, haut-lieu de la contestation dans cette ville. Un autre groupe a coupé une autoroute dans le secteur à l'aide de pneus brûlés. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les services de renseignement de l'armée ont arrêté de jeunes hommes qu'ils soupçonnent d'avoir coupé des routes à l'aide de bennes à ordures incendiées.

Photo ANI


A Nabatiyé, plus au Sud, des dizaines de manifestants ont marché dans des rues de la ville, scandant des slogans contre le système confessionnel.

Depuis près de trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Aoun a désigné l'ex-ministre de l’Éducation Hassane Diab, appuyé par les partis du 8 Mars, au poste de Premier ministre. Malgré le fait qu'il insiste à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires.

Le Liban fait face à sa pire crise économique et politique depuis la guerre civile de 1975-1990. La Banque mondiale a récemment averti que la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté.


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commentaires (3)

LES GRASSES FESSES DES UNS SONT COLLEES A LEURS FAUTEUILS AVEC DES BOITES CRANIENNES VIDES... ET LES CONTESTATIONS QUI DEVIENT DE LEUR BUT INITIAL LEUR SERVENT DE COLLE POUR LEURS FESSES ET D,ASPIRATEUR POUR LES BOITES DEPOURVUES DE MATIERE.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 45, le 12 janvier 2020

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Commentaires (3)

  • LES GRASSES FESSES DES UNS SONT COLLEES A LEURS FAUTEUILS AVEC DES BOITES CRANIENNES VIDES... ET LES CONTESTATIONS QUI DEVIENT DE LEUR BUT INITIAL LEUR SERVENT DE COLLE POUR LEURS FESSES ET D,ASPIRATEUR POUR LES BOITES DEPOURVUES DE MATIERE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 45, le 12 janvier 2020

  • Jusqu'à quand cette crise ? Chacun veut son fauteuil , ils n'aiment pas leur pays quelle honte

    Eleni Caridopoulou

    00 h 29, le 12 janvier 2020

  • Le but de ce ralentissement dans la formation du gouvernement est une pièce orchestrée par tous les partis et dont le but est de laisser pourrir la révolution et donc de l'éteindre progressivement.

    Citoyen

    18 h 55, le 11 janvier 2020

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