Le Premier ministre libanais désigné, Hassane Diab, a remis vendredi soir les points sur les i concernant la formation du futur gouvernement, qui devra selon lui être "réduit et composé de 18 ministres technocrates et non-partisans", alors que le président du Parlement Nabih Berry avait insisté peu avant sur la mise sur pied d'un cabinet doté de figures politiques.
Dans un communiqué publié sur son compte Twitter, M. Diab a écrit qu'il "poursuivrait sa mission constitutionnelle de formation d'un gouvernement réduit, de technocrates, qui assure la protection des Libanais en cette période difficile" que traverse le pays. Il a indiqué que "les pressions" exercées sur lui "ne changeront pas ses convictions". Il a souligné s'être mis d'accord avec les différentes formations, "depuis le début" de son mandat, sur le cadre général dans lequel sera formé le cabinet.
Et le Premier ministre désigné de rappeler que celui-ci devra être constitué de 18 ministres, que ces derniers ne doivent pas occuper de sièges parlementaires et être "des spécialistes non-partisans". "Les femmes participeront au gouvernement de manière équitable et il n'y aura pas de ministres d’État", a-t-il ajouté. Il a encore précisé que les ministres démissionnaires actuels, qui participaient "au gouvernement tombé sous la pression du mouvement de contestation populaire" ne pourraient en aucun cas récupérer leur portefeuille ministériel.
M. Diab a rappelé que cette formule générale "ne signifie pas que nous sommes contre les partis, mais que nous savons que la rue est en ébullition". "Je poursuivrai donc ma mission et mes contacts avec l'ensemble des parties", a-t-il insisté.
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L'ex-ministre de l’Éducation mène depuis plus de trois semaines des tractations pour mettre sur pied son gouvernement de technocrates avec l'aval des partis politiques. Toutefois, vendredi, le chef du Législatif avait à nouveau exigé un retour à un cabinet techno-politique, allant jusqu'à annoncer que le mouvement Amal suspendrait sa participation au gouvernement jusqu’à ce que ses "demandes soient prises en compte". Démentant les informations selon lesquelles il serait prêt à lâcher M. Diab, le chef du mouvement Amal avait réfuté les analyses de certains médias liant son dernier revirement aux développements survenus dans la région, dans un contexte de regain des tension entre Washington et Téhéran.
Cette prise de position de M. Berry semble éloigner la perspective de la formation prochaine du gouvernement, dont la composition était pourtant quasiment prête.
Pour sa part, le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a affirmé samedi que le parti chiite "apporte toutes les facilités pour la formation du gouvernement, déploie et déploiera tous les efforts nécessaires à cela". "Oui, il y a des obstacles qui doivent être surmontés et des responsabilités à assumer, en gardant à l'esprit que les gens sont la priorité et que la situation économique, sociale et financière nécessite un sauvetage et ne peut plus supporter le laxisme et la négligence", a-t-il ajouté. "(...) Nous espérons que le Premier ministre désigné pourra former le gouvernement le plus tôt possible", a conclu Naïm Kassem.
Par ailleurs, une source au sein du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun) a affirmé samedi que cette formation politique "facilite le plus possible la mission du Premier ministre désigné et ne tient à obtenir aucun portefeuille ministériel spécifique". "Nous ne tenons pas à obtenir de portefeuille spécifique, ni en proposant des noms, ni même en insistant à participer au cabinet", a ajouté cette source. Et de reprocher "au président de la Chambre de donner les noms de nouveaux ministrables en dernière minute, et au courant des Marada de réclamer deux ministres".
Depuis près de trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Aoun a désigné l'ex-ministre de l’Éducation Hassane Diab, appuyé par les partis du 8 Mars, au poste de Premier ministre. Les manifestants rejettent toutefois la nomination de M. Diab qu'ils estiment issu de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
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commentaires (8)
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Eleni Caridopoulou
12 h 38, le 12 janvier 2020