S’il y a bien un processus qui mérite de figurer dans le Guinness Book des reports, c’est bien celui de la formation du gouvernement libanais. Invariablement, chaque début de semaine renvoie la patate chaude au week-end qui vient et chaque week-end balance le schmilblick à la semaine qui suit. Et hop ! Rebelote et nouveau tour de manivelle. Vive l’élasticité des matériaux… Et pauvre Hassane Diab ! Avec Mongénéral et le Basileus qui le font danser, le voilà parti jusqu’à la Saint-glinglin. Bof ! Le métier de Premier ministre finira bien par rentrer.
Autre règle immuable portant cette fois la griffe d’Istiz Nabeuh depuis les temps antédiluviens de sa jeunesse : la théorie du caravansérail. Jamais moins de 30 ministres pour un cabinet, avec leurs salaires, leurs rires gras, leurs frais de bouche et leur panse rebondie. Par contre, toujours des neuneus d’union nationale. L’union est certes introuvable et la nation est partie en quenouilles, mais tant pis, lui continuera de faire comme si… Et alors ? Tout le monde fait des erreurs de jeunesse. Istiz Nabeuh, lui, est resté jeune très longtemps, c’est tout.
Troisième théorème vérifié : ameuter les diplomates étrangers et la presse, et leur raconter régulièrement que tous les obstacles sont aplanis… Mis à part du menu fretin en passe d’être rapidement réglé. Ensuite, préparer à l’avance l’argumentaire de la semaine suivante expliquant pourquoi l’anicroche s’est transformée en grosse cata.
Dernier postulat enfin : le Liban, tel le phénix, renaîtra de ses cendres. Quand et à quelle heure ? Mystère et boule de shit! Depuis le temps qu’on nous la raconte celle-là, autant faire le pied de grue devant un cendrier ou une urne funéraire.
Finalement, il n’y a que l’Amer Michel du Château et son gendre qui semblent pressés de voir un cabinet à l’œuvre, « en cette phase cruciale de l’histoire du Liban ». Ben voyons! En comptant toutes les phases « cruciales » et « décisives » qui ont égayé le pays depuis 77 ans, sans oublier les étapes « critiques » et « délicates » qui vont suivre pendant les quatre siècles à venir, il est évident que les Libanais, fluctuant bien en-deçà du mergitur, se feront un plaisir de déguster pendant 400 ans encore les pinaillages qui précéderont la naissance de ce gouvernement.
Patience les minables, 400 ans, c’est demain !
gabynasr@lorientlejour.com
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OISEAU OU ORACLE DE MAUVAIS AUGURE ? VOTRE ARTICLE D,AUJOURD,HUI FAIT FREMIR LES GENS QUI ENCORE DE BONNE VOLONTE ET D,ESPOIR ESPERENT EN UN LENDEMAIN QUOIQUE NON BRILLANT DU MOINS VIVABLEMENT ACCEPTABLE. OR L,HORIZON EST SOMBRE, TRES SOMBRE ET LE LENDEMAIN PARAIT-IL NE SE LEVERA PAS DE SITOT.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 55, le 10 janvier 2020