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Culture - Exposition

Entrez dans l’insondable univers d’Omar Khouri

Entre paysages cosmiques et portraits mâtinés de science-fiction, l’artiste emmène les visiteurs de la Beirut Art Residency dans un univers aux confins de l’éclatement des mondes. Intérieurs aussi.

Des faciès en grand format, au réalisme des traits, contrebalancé par la crudité de la palette, les coulis de peinture et parfois même un certain anamorphisme baconien. Photo DR

D’emblée, les murs repeints en noir de la Beirut Art Residency (BAR) font de l’accrochage des gouaches sur papier de Omar Khouri une exposition immersive. Et de cette galerie de Gemmayzé aux dimensions restreintes, le lieu de contemplation de l’espace illimité et de ses interférences terrestres.

À peine y met-il les pieds que le visiteur se retrouve ainsi happé par la force expressive de la série de petits paysages obscurs traversés d’éclats de couleurs qui semblent surgir des cimaises comme autant de bornes d’un voyage où la rêverie cosmique se mélange à la réalité (ainsi qu’à l’actualité) des guerres régionales. Face à ces panoramas d’explosions nocturnes (évoquant parfois les images de tirs de missiles) une deuxième série, des portraits cette fois, tisse le lien entre l’homme et le néant qui l’entoure. Des faciès, en grands formats, au réalisme des traits là aussi contrebalancé par la crudité de la palette, les coulis de peinture et parfois même un certain anamorphisme baconien. Et qui semblent témoigner d’une certaine vision sombre de l’artiste de la condition humaine…

La beauté éclatée du monde

Intitulée The Left Hand of Darkness (La main gauche de la noirceur), cette exposition est inspirée, indique Omar Khouri dans une note d’intention, d’un roman éponyme publié en 1969 par Ursula K. Le Guin. Et plus précisément de quelques lignes écrites par cette auteure américaine de science-fiction féministe qui explore l’impact du sexe et du genre sur la culture et la société.

À vrai dire, le lien entre le texte – imprimé sur l’un des murs de la galerie – et l’exposition n’est pas aussi évident. Mais la sombre et inquiétante poésie du titre colle parfaitement aux représentations visuelles d’Omar Khouri. Lequel, partant de l’idée « qu’en dépit de leur communauté de destin, les dissemblances d’esprit et de perspectives entre un être humain et l’autre sont à des espaces intergalactiques d’éloignement », donne à voir ici sa conception de la relation complexe entre le sujet et l’univers dans lequel il existe.

Des paysages infiniment vastes, profondément noirs, traversés de lumières flamboyantes représentant à la fois le mouvement et l’immobilité de l’espace, symbolisent ainsi à la fois « le moi intérieur et l’espace extra-atmosphérique, l’agitation interne et la catastrophe externe », écrit l’artiste.

Au fil des œuvres, le spectateur a le sentiment de passer du calme à l’inquiétant. De l’insondable ciel de néant aux discernables représentations d’explosions et de collisions nocturnes au-dessus d’un paysage urbain indéterminé, notamment dans une série baptisée Gaza. Bref, c’est la beauté éclatée du (des) monde(s) que capte Omar Khouri dans cette belle série de gouaches sur papier, à la touche à la fois précise et diluée, forte et délicate, et rappelant par moment le test de Rorschach…

À découvrir, assurément. Jusqu’au 17 janvier.

Peintre, bédéiste, scénariste et acteur…

Né en 1978, Omar Khouri est un artiste interdisciplinaire qui se balade entre peinture, bande dessinée et cinéma. Il est notamment le cofondateur (avec Hatem Imam, Fadi Baki, Tarek Nabaa et Léna Merhej) de Samandal Comics, le premier collectif de bandes dessinées expérimentales au Moyen-Orient, à l’origine de la récente révolution de la bédé dans le monde arabe. Il est également le coscénariste, artiste conceptuel, concepteur de robots et l’un des acteurs du film libanais de science-fiction primé en 2017 Les derniers jours de l’homme de demain réalisé par Fadi « le fdz » Baki. Omar Khouri a à son actif des expositions au Liban, au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Japon. Parmi les plus récentes, Glass à la Park Gallery à Londres (2018-2019), Exhibitionist, une intervention spécifique à La Vitrine, à Beyrouth en 2018 ainsi que la même année une participation dans Face Value : Portraiture, une exposition collective à la Saleh Barakat Gallery.

D’emblée, les murs repeints en noir de la Beirut Art Residency (BAR) font de l’accrochage des gouaches sur papier de Omar Khouri une exposition immersive. Et de cette galerie de Gemmayzé aux dimensions restreintes, le lieu de contemplation de l’espace illimité et de ses interférences terrestres. À peine y met-il les pieds que le visiteur se retrouve ainsi happé par la force expressive...

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