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Fuite de Carlos Ghosn : ce que l'on pense savoir

De son départ de sa résidence à Tokyo jusqu'à son arrivée à Beyrouth, le point sur l'évasion de l'ancien magnat de l'automobile. 

La maison du patron déchu de Renault-Nissan dans le quartier d'Achrafiyé, à Beyrouth, le 7 janvier 2020. Photo AFP / JOSEPH EID

Deux comparses avec deux gros caissons, des ramifications à Dubaï et un mandat d'arrêt japonais contre sa femme : le point sur la situation de Carlos Ghosn, à la veille de sa conférence de presse au Liban où il a fui.


Train, hôtels et caissons
Des images de vidéosurveillance ont révélé qu'il avait quitté seul le 29 décembre en début d'après-midi sa résidence tokyoïte, où il était assigné dans l'attente de son procès depuis sa libération sous caution fin avril 2019. S'il lui était interdit de quitter le pays, il avait le droit de s'y déplacer librement dans une limite de 72 heures.

Il aurait ensuite retrouvé deux complices présumés dans un hôtel de la capitale. Selon le Wall Street Journal, il s'agirait de Michael Taylor et de George-Antoine Zayek, deux agents de sécurité privés, arrivés le matin même à l'aéroport international du Kansai (ouest) à bord d'un jet privé en provenance de Dubaï, avec deux gros caissons, selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK.
Taylor est marié à une Libanaise originaire de la région de Jbeil. George Zayek a dès 2003 travaillé en Irak, après son occupation par l’armée américaine, recrutant souvent de jeunes Libanais pour des emplois dans le domaine de la sécurité dans ce pays pétrolier. Certains y ont perdu la vie. Ancien milicien des Forces libanaises, il avait été blessé durant la guerre du Liban. Il serait le frère cadet d’Élias Zayek, assassiné en 1990 à Achrafieh dans le cadre d’un règlement de comptes au sein des FL.

Taylor, Zayek et Ghosn ont ensuite pris le train à grande vitesse japonais, le Shinkansen, pour effectuer le trajet Tokyo-Osaka. De là, ils ont rejoint un hôtel près de l'aéroport du Kansai, où les deux complices présumés avaient laissé leurs caissons, toujours selon la NHK. Quand ils ont quitté cet hôtel avec ces deux gros bagages vers 22H30 pour rejoindre l'aéroport, Carlos Ghosn n'était plus visible à leurs côtés.



(Lire aussi : "Le séjour de Ghosn au Liban est légal", dit le ministre de la Justice à la veille de la conférence de presse du patron déchu)



Faille japonaise et quatrième passeport
Caché dans un des deux caissons sur roulettes, percé de trous discrets pour lui permettre de respirer, l'ancien magnat automobile aurait ainsi échappé aux inspections à l'aéroport, selon les médias. Car le contrôle aux rayons X des bagages n'était jusqu'à présent pas obligatoire au Japon pour les jets privés. Le gouvernement japonais a corrigé lundi cette faille, a annoncé mardi la ministre de la Justice Masako Mori.

Carlos Ghosn et ses deux complices ayant changé de jet privé à Istanbul au matin du 30 décembre, une enquête a également été ouverte en Turquie. Les autorités locales y ont arrêté cinq personnes après sept interpellations, dont celles de pilotes.

La compagnie turque MNG Jet, qui a porté plainte, a précisé que deux jets privés avaient été loués en décembre à deux clients, mais que le nom de M. Ghosn n'apparaissait nulle part. Les locations auraient été payées par une compagnie de Dubaï, Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading, ont indiqué mardi plusieurs médias.

Les trois passeports de M. Ghosn (un français, un libanais et un brésilien) étaient conservés par ses avocats japonais, pour limiter les risques de fuite. Toutefois une autorisation exceptionnelle du tribunal lui permettait de conserver comme papier d'identité un deuxième passeport français sur lui dans un étui fermé par un code secret, connu de ses seuls avocats.

Il est finalement entré "légalement" au Liban, avec un passeport français et une carte d'identité libanaise, selon une source à la présidence libanaise.



(Lire aussi : Le Japon défend son système judiciaire avant la conférence de Ghosn)



Mandats d'arrêts
Le Liban a reçu début janvier une demande d'arrestation d'Interpol pour le magnat déchu de l'automobile. Cependant le Liban n'a pas d'accord d'extradition avec le Japon et n'extrade pas ses ressortissants nationaux, tout comme la France. Carlos Ghosn a donc très peu de risque d'être renvoyé au Japon s'il demeure au Liban. Le magnat déchu de l'automobile fait l'objet de quatre inculpations au Japon : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan, et deux autres pour abus de confiance aggravé.

Le constructeur automobile nippon a déclaré mardi qu'il allait continuer à coopérer avec la justice. Cependant il n'est pas possible de juger quelqu'un par contumace au Japon, a précisé mardi à l'AFP le ministère nippon de la Justice. Un procès est néanmoins possible visant Nissan et l'ancien bras de Carlos Ghosn, Greg Kelly, poursuivis aux côtés de Carlos Ghosn dans le volet des paiements différés.

Carlos Ghosn a soldé par un accord à l'amiable des risques de poursuites aux Etats-Unis, mais il est aussi visé par des enquêtes en France, sur des soupçons d'"abus de bien sociaux" ainsi que des faits de "corruption".

Des avocats au Liban ont par ailleurs demandé au parquet général d'entamer des poursuites contre lui pour un déplacement en Israël en 2008, pays voisin où les ressortissants libanais n'ont pas le droit de se rendre.

La justice japonaise a également émis mardi un mandat d'arrêt contre sa femme, Carole Ghosn, soupçonnée de faux témoignage quand elle avait été interrogée en avril dernier sur les accusations au Japon pesant contre son mari. Une annonce "pathétique", a réagi une porte-parole du couple Ghosn auprès de l'AFP.



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