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À La Une - Justice

Ghosn a quitté seul sa résidence à Tokyo, montre la vidéosurveillance

La compagnie aérienne privée turque MNG Jet dénonce l'utilisation "illégale" de deux de ses appareils pour permettre à l'ancien patron de Nissan-Renault de fuir le Japon pour le Liban.

Un caméraman filmant la résidence de Carlos Ghosn, le 3 janvier 2020 à Tokyo. AFP / Behrouz MEHRI

La vidéosurveillance a révélé que Carlos Ghosn avait quitté seul dimanche dernier sa résidence à Tokyo, selon des sources proches de l'enquête citées vendredi par des médias japonais, alors que les détails de sa fuite au Liban demeurent très nébuleux.

Captées dimanche vers 12H00 (03H00 GMT), ce sont les dernières images de l'ancien patron de Renault et Nissan à avoir été saisies par une caméra placée près de l'entrée de son domicile pour surveiller ses entrées et sorties, selon la chaîne NHK. La vidéo n'a pas révélé de présence suspecte à ses côtés à ce moment là. La police japonaise soupçonne qu'il aurait alors rejoint quelqu'un d'autre pour prendre l'avion, toujours selon la télévision nippone.

M. Ghosn a assuré jeudi avoir organisé "seul" son départ au Liban, sans toutefois livrer de détails sur cette fuite rocambolesque.

Imad Ajami, un ami libanais de M. Ghosn installé au Japon, a suggéré jeudi à l'agence japonaise Kyodo News qu'il avait pu s'enfuir en se cachant dans une caisse d'instrument de musique après un concert donné chez lui, aidé par deux agents de compagnies de sécurité privées se faisant passer pour des musiciens. Cependant, une autre source de son entourage interrogée par l'AFP avait déjà démenti ce scénario auparavant. La dissimulation de l'ex-grand patron dans une caisse d'instrument de musique "est une spéculation", a nuancé M. Ajami vendredi auprès de l'AFP. "Je ne suis pas au courant de comment il (Carlos Ghosn) est parti" du Japon, a-t-il confessé, précisant n'avoir pas eu d'échanges directs avec lui depuis sa fuite.



(Lire aussi : Carlos Ghosn à Beyrouth : une épopée qui reste entourée de mystère)



Osaka-Istanbul-Beyrouth
Son trajet aérien semble en revanche plus certain. Il est soupçonné d'avoir d'abord embarqué dans un jet privé à l'aéroport international du Kansai, près d'Osaka (ouest du Japon) dimanche 29 décembre tard dans la soirée, à destination d'Istanbul. Après une brève escale lundi aux aurores à l'aéroport Atatürk, utilisé par les avions cargo et pour des vols privés, M. Ghosn a pris un autre jet privé pour gagner Beyrouth peu après.

Dans ce contexte, la compagnie aérienne privée turque MNG Jet a dénoncé vendredi l'utilisation "illégale" de deux de ses appareils pour permettre à l'ancien patron de Nissan-Renault de fuir le Japon pour le Liban, via Istanbul, ajoutant avoir porté plainte. Selon MNG Jet, deux jets privés ont été loués en décembre à deux clients: l'un des appareils pour un vol Dubaï-Osaka, puis Osaka-Istanbul, et l'autre pour un vol Istanbul-Beyrouth. "Ces deux locations n'avaient en apparence aucun lien entre elles. Le nom de M. Ghosn n'est apparu dans les documents d'aucun des deux vols", a affirmé MNG Jet, ajoutant que la compagnie opère les appareils mais n'en est pas propriétaire. La compagnie rejette la faute sur l'un de ses employés qui a été arrêté par la police turque et qu'elle accuse d'avoir agi de sa propre initiative et d'avoir "falsifié des documents".

Le domicile de Carlos Ghosn à Tokyo a été perquisitionné jeudi par les enquêteurs japonais, tandis que sept personnes, dont quatre pilotes, ont été interpellées en Turquie dans le cadre d'une enquête ouverte sur place pour comprendre les circonstances de son transit par ce pays.

Le parquet général libanais a par ailleurs reçu jeudi une "notice rouge" d'Interpol. Ces avis de recherche internationaux sont lancés sur demande des pays membres. Il n'existe toutefois pas d'accord d'extradition entre le Liban et le Japon.

Aujourd'hui âgé de 65 ans, le patron franco-libano-brésilien avait été arrêté en novembre 2018 au Japon puis inculpé pour diverses malversations financières présumées. Après 130 jours sous les verrous, il avait été libéré sous caution fin avril, sous de strictes conditions et avec l'interdiction de quitter le pays dans l'attente de son procès.



(Lire aussi : Procès, extradition, arrestation... Que risque Carlos Ghosn au Liban ?)



Second passeport français
M. Ghosn est soupçonné d'avoir employé un moyen illégal de sortie du territoire, soit sous une fausse identité ou en échappant aux contrôles. Ses trois passeports (français, libanais, brésilien) étaient conservés dans un coffre par ses avocats japonais, pour limiter les risques de fuite.

Cependant M. Ghosn détenait un second passeport français, dans un étui scellé et dont le code d'ouverture était seulement connu de ses avocats japonais, a précisé jeudi à l'AFP une source proche du dossier. La justice japonaise l'avait autorisé à posséder ce document, pour lui servir de visa de court séjour dans l'archipel. Il devait donc toujours l'avoir à portée de main pour ses déplacements dans le pays, selon cette même source. Si ce second passeport français ne lui a pas servi à quitter le territoire japonais, il a pu théoriquement lui servir lors de son escale turque.

Les autorités libanaises ont quant à elles indiqué que M. Ghosn était entré légalement dans le pays, muni de sa carte d'identité libanaise et d'un passeport français.

Carlos Ghosn doit tenir une conférence de presse la semaine prochaine à Beyrouth.



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