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À La Une - Liban

Même à Noël, les manifestants libanais restent mobilisés

Des rassemblements organisés notamment devant le domicile de Hassane Diab, devant le palais de Justice de Beyrouth et devant la BDL.

Des bénévoles préparant de la Hrissé, plat traditionnel libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, le 24 décembre 2019.

A quelques heures du réveillon de Noël, au 69e jour de la révolte populaire inédite contre le pouvoir, la contestation restait active mardi à Beyrouth et en province, où des manifestants continuaient de scander leur refus de la désignation de Hassane Diab au poste de Premier ministre, tout comme leur rejet de la corruption et des politiques financières, tandis que d'autres poursuivaient leur mobilisation en signe de solidarité avec les plus démunis.

Dans le centre-ville de Beyrouth, des manifestants faisaient mijoter de grosses marmites de Hrissé, plat traditionnellement servi pendant les fêtes religieuses dans de nombreuses régions du Liban, composé de blé et de viande de mouton, qui met des heures à cuire et doit être longuement mélangé. Armées d'énormes cuillères en bois, des bénévoles, hommes et femmes, s'assuraient de la bonne préparation du repas chaud, servi dès 17h aux manifestants et aux personnes démunies.

 


(Lire aussi : Nativités, l'édito de Issa Goraïeb)



"Honte !"
Dans la matinée, un groupe de manifestants s'était rassemblé devant le palais de Justice de Beyrouth, afin d'attirer l'attention sur une plainte déposée par l'un d'entre eux, l'avocat Jihad Debian, contre cinq ministères pour dilapidation de fonds publics. Dès lundi, de nombreux appels à se rassembler devant le palais de Justice circulaient sur les réseaux sociaux. "Nous portons plainte contre cinq principaux ministères impliqués dans la dilapidation de fonds publics et de donations internationales de la part de la France. Le juge Ali Ibrahim (procureur financier, ndlr) instruira l'affaire et c'est l'avocat Jihad Debian qui a porté plainte", expliquent les organisateurs de ce rassemblement qui ne s'identifient pas et ne citent pas les ministères visés.

Sur place, une poignée d'activistes, drapeaux libanais et pancartes en main, scandaient des slogans hostiles au pouvoir politique, selon des images envoyées à L'Orient-Le Jour. "Honte ! Honte ! Les dirigeants de mon pays sont des marchands", ou encore "Honte ! Honte ! Ils ont bradé la livre libanaise contre le dollar", chantaient les protestataires sur place.



Depuis le début du mouvement de contestation, le 17 octobre, contre la classe politique qualifiée d'incompétente et de corrompue par les manifestants, la justice s'est activée à l'encontre de plusieurs responsables de l'administration publique et d'autres élus locaux.



(Lire aussi : Soyons à l’écoute de la « noble révolution civile », car la vérité éclate dans les rues)



"Nous ne paierons pas"
Plus tard dans la journée, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant l'immeuble où habite Hassane Diab, afin de crier leur refus de sa désignation, estimant qu'il est "issu de la classe dirigeante corrompue" dont les contestataires réclament la chute. "Hassane Diab ne me représente pas et ne représentera pas les gens de Beyrouth", a lancé un manifestant, interrogé par la chaîne de télévision locale MTV. 

L'ancien ministre de l’Éducation et universitaire a été désigné jeudi dernier Premier ministre après avoir été soutenu par le Hezbollah et ses alliés. La rue reste toutefois sceptique face au procédé de sa désignation. Le mouvement de contestation estime que M. Diab fait partie de la même classe politique corrompue dont les manifestants réclament le départ, tandis que dans les régions sunnites les contestataires, en majorité des partisans du Premier ministre sortant Saad Hariri, estiment qu'il ne bénéficie pas d'une couverture sunnite suffisante, n'ayant recueilli les voix que de six députés sunnites sur 27.

Plusieurs dizaines d'étudiants ont par ailleurs manifesté  devant le siège de la Banque du Liban (BDL), dans le quartier de Hamra à Beyrouth, contre les politiques économiques et financières de cette institution, régulièrement accusée depuis le début de la révolte de couvrir la corruption des dirigeants. Les participants au sit-in, organisé par un collectif d'étudiants, scandaient des slogans refusant le paiement des taxes et réclamant un impôt "sur les revenus et les assurances". Certains d'entre eux distribuaient aux automobilistes des autocollants sur lesquels était repris le slogan "Nous ne paierons pas", en référence à la campagne de désobéissance fiscale à laquelle appelle la société civile. Ce rassemblement était organisé sous la surveillance d'un important déploiement sécuritaire, qui empêchait les manifestants de couper la route.

Un rassemblement similaire a été organisé devant la branche de la BDL à Tyr, au Liban-Sud. Plusieurs jeunes y appelaient "au retour des fonds pillés", à ce que les dirigeants corrompus soient traduits en justice et que "l'argent du peuple soit libéré par les banques", en référence aux importantes limitations monétaires en application dans la majorité des établissements de crédit.


Des manifestants scandant des slogans dénonçant les politiques économiques et financières de la Banque du Liban, à Tyr, le 24 décembre 2019. Photo Ani


Le Liban est en proie à l'une de ses pires crises sociale et économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). En avril 2018, la communauté internationale avait promis à l'issue d'une conférence qui s'était tenue à Paris (CEDRE) de débloquer 11 milliards de dollars d'aide au Liban en échange de réformes structurelles. Ces montants n'ont toujours pas été versés.



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A quelques heures du réveillon de Noël, au 69e jour de la révolte populaire inédite contre le pouvoir, la contestation restait active mardi à Beyrouth et en province, où des manifestants continuaient de scander leur refus de la désignation de Hassane Diab au poste de Premier ministre, tout comme leur rejet de la corruption et des politiques financières, tandis que d'autres poursuivaient...

commentaires (4)

Que retiendra l’histoire du Liban dans 25 à 30 ans sinon que nous avons eu notre plus belle révolution et qu’elle s’est faite saboter capoter chahuter mais sans jamais abandonner face à des gens d’un autre âge d’un autre monde d’une autre culture persane de préférence appelés Hezbollah Amal ou CPL dont le seul but était le pouvoir ! Ce pouvoir ils le veulent pourquoi ? Pour cacher ce qu’ils ne veulent pas que les gens voient ? Tous les vols abus et violations de toutes sortes! Tout le monde sait qu’ils ne sont pas les seuls et que peut être d’autres ont fait pire mais en s’entêtant ainsi que déduiront les plus naïfs des gens de la rue ? À votre avis ?

PROFIL BAS

22 h 33, le 24 décembre 2019

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Commentaires (4)

  • Que retiendra l’histoire du Liban dans 25 à 30 ans sinon que nous avons eu notre plus belle révolution et qu’elle s’est faite saboter capoter chahuter mais sans jamais abandonner face à des gens d’un autre âge d’un autre monde d’une autre culture persane de préférence appelés Hezbollah Amal ou CPL dont le seul but était le pouvoir ! Ce pouvoir ils le veulent pourquoi ? Pour cacher ce qu’ils ne veulent pas que les gens voient ? Tous les vols abus et violations de toutes sortes! Tout le monde sait qu’ils ne sont pas les seuls et que peut être d’autres ont fait pire mais en s’entêtant ainsi que déduiront les plus naïfs des gens de la rue ? À votre avis ?

    PROFIL BAS

    22 h 33, le 24 décembre 2019

  • JOLI ET TENDRE A VOIR. SUPERBE A REALISER. MAJESTUEUX PEUPLE LIBANAIS REVEILLE POUR DE BON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 40, le 24 décembre 2019

  • Le pire dans tout ça, ceux qui payent les pots cassés sont les pauvres épargnants, tandis que sont épargnés les bénéficiaires des pot-de-vin. Le pire du pire on connait personnellement ces voleurs de nos épargnes alors qu'on s'en prend à des anonymes comme nous le sommes. Parlez moi de révolution en chuchotant. Si seulement celles et ceux qui passent leurs temps à nous gaver de conseils en voulant passer pour des érudits en matière de révolution pouvaient un peu se taire et réfléchir au gros "khazou2" sur lequel le peuple libanais a été assis.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 28, le 24 décembre 2019

  • "... ils ont vendu la livre libanaise contre le dollar ..." Ben, c’est un peu le principe du change, non?

    Gros Gnon

    13 h 45, le 24 décembre 2019

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