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Liban - Gouvernement

Le cabinet Diab bute déjà sur les premiers obstacles

Le Hezbollah juge « difficile » de former une équipe de spécialistes indépendants; le Premier ministre désigné attendu aujourd’hui à Baabda.

Hassane Diab s’exprimant à Baabda après sa désignation, le 19 décembre. Photo ANI

Depuis sa nomination, le Premier ministre désigné, Hassane Diab, ne cesse d’affirmer sa volonté de mettre en place un gouvernement de spécialistes indépendants. Sauf que cette détermination semble buter déjà sur les desiderata des parties mêmes qui ont appuyé la candidature de l’ancien ministre de l’Éducation à la présidence du Conseil.

C’est ce qui se dégage des propos tenus hier par le ministre sortant de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, membre du Hezbollah. S’exprimant lors d’une cérémonie au Liban-Sud, M. Fneich a déclaré que « le futur cabinet a besoin de couverture politique ». « Nous appelons donc à une large participation au gouvernement de la part de tous les protagonistes », a-t-il lancé, incitant les divers partis à tendre leur main au Premier ministre désigné.

M. Fneich emboîtait ainsi le pas au président de la Chambre, Nabih Berry. À l’issue de son entretien avec Hassane Diab en marge des consultations parlementaires non contraignantes, samedi dernier au Parlement, le chef du législatif avait, lui aussi, plaidé pour que « toutes les factions parlementaires, y compris le courant du Futur, les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste, prennent part au prochain cabinet ». Les trois formations n’avaient pas nommé M. Diab lors des consultations contraignantes à Baabda et ont, depuis, annoncé leur intention de ne pas faire partie de son gouvernement.

Dans quelle mesure les divergences entre Hassane Diab et le tandem chiite compliqueront-elles la tâche du Premier ministre désigné ? De source bien informée, on affirme que M. Diab s’en ouvrira aujourd’hui au chef de l’État, qu’il rencontrera à Baabda. Les milieux du Hezbollah minimisent sciemment, de leur côté, la portée de cette mésentente, appelant à « ne pas se noyer dans les différences de terminologie ». Contactés par L’Orient-Le Jour, ces milieux confient qu’il est difficile de trouver des spécialistes totalement indépendants et estiment que les partis politiques existent et devraient être représentés.

Si les milieux du parti chiite confient que le Hezbollah a promis à Hassane Diab de ne pas mettre des bâtons dans ses roues, ils insistent sur l’importance de ne pas former un cabinet monochrome.

En face, le Premier ministre désigné persiste et signe : il faut que le prochain gouvernement soit composé d’une équipe de spécialistes indépendants, c’est-à-dire non affiliés à des partis politiques, explique à L’OLJ un proche de Hassane Diab, faisant savoir qu’avant même sa désignation, M. Diab avait posé cette condition sine qua non à son acceptation de la lourde charge qui lui était confiée.

S’agit-il d’une opération de séduction à l’intention du mouvement de contestation dont les représentants ont refusé de rencontrer le Premier ministre désigné ? Pour le proche de M. Diab, ce dernier n’a pas besoin de faire un effort pour gagner la sympathie des manifestants. Son adhésion à leurs justes revendications devrait les gagner à sa cause. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est « pressé de former un gouvernement restreint de technocrates ».


(Lire aussi : Nativités, l'édito de Issa Goraieb)


La rue sunnite

Outre la forme de son équipe, les efforts de Hassane Diab pour mettre en place un gouvernement butent sur un autre obstacle : la couverture sunnite. Une semaine après le retrait du Premier ministre sortant, Saad Hariri, les partisans du courant du Futur continuent à se mobiliser dans plusieurs régions contre la désignation de Hassane Diab, estimant que le processus a « fait fi de la volonté de la communauté sunnite ».

À cela s’ajoute le fait que, selon des sources religieuses sunnites, Dar el-Fatwa, plus haute autorité religieuse sunnite du pays, n’a toujours pas fixé un rendez-vous à M. Diab pour rencontrer le mufti de la République, Abdellatif Deriane. Une information démentie par les milieux proches de M. Diab où l’on assure que ce dernier n’a toujours pas demandé à s’entretenir avec le mufti Deriane. L’ancien ministre Nouhad Machnouk a estimé à cet égard que « les sunnites se sentent marginalisés » par la nomination de M. Diab. Dans une déclaration à la chaîne al-Arabiya, il a appelé M. Hariri à « prendre une position claire vis-à-vis de cette désignation ».Concernant la colère sunnite et les rapports avec Saad Hariri et sa formation, les proches de Hassane Diab rappellent qu’il n’appartient pas à la population de nommer le Premier ministre et que le principe de la conformité au pacte national ne s’applique pas dans la nomination du chef du gouvernement, mais au niveau de la composition de l’équipe ministérielle.

Et ces milieux d’affirmer en outre que les rapports entre MM. Diab et Hariri sont « bons » et de saluer comme « positive » l’attitude du Futur lors des consultations parlementaires contraignantes à Baabda. S’il n’a pas nommé Hassane Diab, le Futur n’a désigné aucune personnalité pour le poste de Premier ministre, et cela est bien, souligne-t-on en substance.

Il n’en demeure pas moins que la formation haririenne semble déterminée à rester en dehors du cabinet Diab, « dans la mesure où elle est convaincue que le gouvernement devrait être formé exclusivement de spécialistes indépendants », comme l’a déclaré Fouad Siniora, ancien Premier ministre et ex-président du groupe parlementaire du Futur.


(Lire aussi : Hale au Liban : lectures opposées et appui conditionnel au gouvernement en gestation, le décryptage de Scarlett Haddad)


Déclaration ministérielle

Outre la composition de la future équipe, les regards seront braqués sur la déclaration ministérielle, dans la mesure où la communauté internationale conditionne toute aide au Liban à la mise sur pied d’une équipe « crédible ». Citées par l’agence al-Markaziya, des sources diplomatiques croient savoir que lors de sa visite à Beyrouth, le week-end dernier, le sous-secrétaire d’État américain pour les affaires du Moyen-Orient, David Hale, a clairement fait comprendre à ses interlocuteurs libanais que pour obtenir la confiance internationale, il faudrait que le respect de la politique de distanciation figure dans la future déclaration ministérielle.


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Depuis sa nomination, le Premier ministre désigné, Hassane Diab, ne cesse d’affirmer sa volonté de mettre en place un gouvernement de spécialistes indépendants. Sauf que cette détermination semble buter déjà sur les desiderata des parties mêmes qui ont appuyé la candidature de l’ancien ministre de l’Éducation à la présidence du Conseil. C’est ce qui se dégage des propos...

commentaires (9)

Ils n'ont qu'à faire venir des libanais de l'étranger , de l'Europe . De faire le gouvernement

Eleni Caridopoulou

18 h 52, le 24 décembre 2019

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Commentaires (9)

  • Ils n'ont qu'à faire venir des libanais de l'étranger , de l'Europe . De faire le gouvernement

    Eleni Caridopoulou

    18 h 52, le 24 décembre 2019

  • Nous appelons donc à une large participation au gouvernement de la part de tous les protagonistes », a-t-il lancé, incitant les divers partis à tendre leur main au Premier ministre désigné. CE MINISTERE PREND L'EAU AVANT D'ETRE FORME ON A FAIT CROIRE A CE PAUVRE M DIAB QU'IL POURRA TOUT SEUL NOMME LES MINISTRES ET VOILA QUE LA REALITE SAUTE AUX YEUX.ON LUI DIT TOUT CLAIREMENT QU'IL EST LE SERVITEUR DE CES MESSIEURS ( JE DEVRAI DIRE DE CES VOLEURS) ET QU'IL DOIT OBEIR A LEURS ORDRES ET NOMMER LES PERSONNES DE LEUR CHOX Contactés par L’Orient-Le Jour, ces milieux confient qu’il est difficile de trouver des spécialistes totalement indépendants et estiment que les partis politiques existent et devraient être représentés. ET DIRE QUE CERTAiNS ONT PU CROIRE UN INSTANT QUE LES CORROMPUS AU POUVOIR ALLAIENT LAISSER LEURS CHAISES A DES PERSONNES INTEGRES NON POLITISES. SI CELA ETAIT VRAI , ILS AURAIENT ACCEPTER HARIRI LE PAUVRE MONSIEUR DIAB EST TOMBE DANS LA SOURICIERE PARCEQUE LES BASSIL LES BERRY LES NASRALLAH ET MEME LES AOUN VEULENT CONTINUER LEURS TRAFICS COMME SI DE RIEN N'EATIT EN CRIANT TRES FORT QU'ILS VEULENT ARRETTER LA CORRUPTION ET FAIRE RENDRE L'ARGENT AU PEUP[LE ALORS QU'ILS SAVENT BIEN QUE CET ARGEENT , ILS DEVRAIENT LE RENDRE EUX MEME SANS MEME ATTENDRE UN JUGEMENT EN JUSTICE

    LA VERITE

    13 h 10, le 24 décembre 2019

  • On nous ressert la même vieille musique qui nous a amené à la dépendance du pays à travers ses dirigeants corrompus et copieusement payés par l’Iran, l’Arabie saoudite et d'autres bienfaiteurs. Le premier ministre doit tenir bon et c'est important car si lui, plébiscité par le tandem chiite et le CPL, ne peut pas imposer le choix du peuple, personne d'autre ne pourra le faire. Trouver des têtes nouvelles et intègres ayant des affiliations politiques ( qui n'en a pas au Liban) mais œuvrant pour le bien du pays pourquoi pas, mais à condition que ces hommes soient encadrés par des indépendants issus du peuple. Il faut savoir mettre de l'eau dans son vin pour avancer. L'immobilisme est dangereux, au stade auquel le pays est arrivé aujourd'hui.

    Citoyen

    10 h 12, le 24 décembre 2019

  • LES REACTIONS DES DEUX MILICES IRANIENNES ET DE LEUR SERVITEUR CPL VA DU MECONTENTEMENT A LA DESULLISION VU LES DECLARATIONS INDEPENDANTISTES DU P.M. DESIGNE PAR LEURS SOINS. UNE EQUIPE D,EXPERTS INDEPENDANTS. A QUAND LES INTIMIDATIONS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 50, le 24 décembre 2019

  • D'ou les bienfaits de la révolution: couper la main de l 'intervention Iranienne sur notre sol, comme évidemment toute autre intervention étrangère. Mieux vaut le chaos complet que de courber l'échine aux barbus fanatiques.

    Aboumatta

    08 h 00, le 24 décembre 2019

  • Mais tout le monde demande la distanciation non?!

    Bery tus

    06 h 56, le 24 décembre 2019

  • Fneich, et avec d'autres, croient avec certitude, que leurs parôles, sont des articles de la Loi, et qu'il faut les suivre à la lettre. Si Diab est conséquent avec lui- même, il ferait bien de se retirer tôt de cette mascarade.

    Esber

    05 h 05, le 24 décembre 2019

  • Le porte parole du hezb a sûrement raison!! Plus la couverture est bonne mieux seraient les résultats! Cest pour cela le gouvernement doit inclure au moins le hezb, amal, fl, kataeb, psp, nasseriens, marada, les scouts du liban, la croix rouge, Le cpl orange le croissant rouge, l'union des boulangers, le corps des ingénieurs, l'union des pharmaciens, la protection des animaux, les anciems des chemins de fer, les anciens de jamhour, les nouveaux de makassed, le mufti, le patriarche, Sheikh el akl, l'association de photographes professionnels, et celle des amateurs, etc. Dieu merci que le liban soit petit et qu'on n'a juste que quelques milliers d'énergumenes à mettre sur le dos de Diab... Si le ridicule ne tue pas, pas grave, on se fera bien piétiner par des ministrables... Ah sorry, jai bien sûr oublier les associations des indépendants...

    Wlek Sanferlou

    02 h 46, le 24 décembre 2019

  • D'où les bienfaits de la revolucìon. Cacophonie et anarchie qui mèneront tout droit au chaos.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 08, le 24 décembre 2019

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