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Liban - Déchets

À Zghorta, un mystérieux incendie jette la lumière sur un centre de tri controversé

La crise des ordures continue de secouer ce caza et les solutions tardent à être mises en place.

Un grand volume de déchets supposément triés dans le terrain où devra être érigé le centre de tri de Mejdlaya. Photo Ornella Antar

Le caza de Zghorta est la proie d’une crise de déchets sans précédent depuis le mois d’avril, date de la fermeture de la décharge sauvage d’Adwé, qui desservait quatre cazas dont celui-ci. À l’heure où la municipalité de Zghorta-Ehden promet une sortie de l’impasse grâce à un projet de mise en place d’un centre de tri dans la localité de Mejdlaya, limitrophe de la ville de Zghorta, la polémique enfle autour de la gestion du dossier.

En novembre dernier, dans une tentative de nettoyer les rues de Zghorta des déchets amassés, l’ancien député et président du courant des Marada, Sleimane Frangié, a pris la décision de transporter ces déchets et de les stocker dans un terrain à Bchennine, un petit village du caza de Zghorta, au grand dam de ses habitants. Alors qu’ils tentaient de protester contre cette mesure, ceux-ci ont d’ailleurs été agressés par des partisans de M. Frangié qui étaient présents sur place lors de l’arrivée des camions, selon leurs propres témoignages. « Cette mesure temporaire était inévitable du fait d’innombrables obstacles qui ont entravé la mise en place d’une véritable solution, telle que la création d’une décharge sanitaire », affirme à L’Orient-Le Jour le président de la municipalité de Zghorta-Ehden, Antonio Frangié, qui fait allusion à la négligence du ministère de l’Environnement dans ce dossier.

Le centre de tri à Mejdlaya est donc la solution envisagée par la municipalité pour réduire l’impact de cette crise sur le caza. Or dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie a éclaté dans le terrain où le centre de tri doit être aménagé, utilisé actuellement comme une zone de stockage des déchets supposément triés. Une source informée à Zghorta affirme que l’incendie aurait été déclenché involontairement par la municipalité même, qui brûlerait régulièrement une partie des déchets stockés. Un feu qui, dans la nuit de dimanche à lundi, aurait échappé au contrôle des ouvriers présents sur place et dégénéré en un véritable incendie.

Cet incident n’a pas manqué de susciter la colère des habitants et des responsables de Mejdlaya et des régions voisines, jusqu’à Tripoli, entre autres. Dans un communiqué conjoint, les présidents des municipalités de Zghorta et de Tripoli, Antonio Frangié et Riyad Yamak, ont assuré que l’incendie n’était pas d’origine criminelle. Interrogé sur ce point par L’OLJ, M. Frangié a laissé entendre que certaines parties ont intérêt à déclencher une polémique visant à nuire à l’image de la municipalité de Zghorta et du courant des Marada. Toutefois, M. Frangié dit ne privilégier aucune hypothèse et préférer attendre les résultats de l’enquête qui sera menée par les autorités compétentes.


(Lire aussi : Déchets : Comment passer d’une gestion de crise à une gestion... tout court)


Des atermoiements qui retardent la solution

Selon M. Frangié, le centre de tri de Mejdlaya sera aménagé très prochainement, mais il ne sera pas opérationnel immédiatement en raison de la longueur du processus administratif.

« Entre-temps, les déchets du caza sont stockés puis triés manuellement sur le terrain réservé à cet effet, dit-il. Les recyclables sont vendus alors que les déchets organiques sont emmenés dans des fermes », ajoute M. Frangié.

Alors que le président de la municipalité affirme que cette zone de stockage et de tri reçoit strictement les déchets de la ville de Zghorta, auxquels s’ajoutent deux camions de déchets venant de Mejdlaya, une source au sein de la municipalité assure que le terrain accueille aussi des déchets d’autres villages. Toujours selon cette même source, une quantité très minime est envoyée dans des fermes, notamment le reste des viandes, alors que les déchets qui subsistent après le tri du carton et du plastique sont jetés dans la décharge sauvage de Bchennine.

La décharge de Bchennine est en principe temporaire et devrait être fermée dès que la décharge sanitaire de Hwakir, à Denniyé, sera autorisée et aménagée par le gouvernement, ajoute la source citée plus haut, selon laquelle les atermoiements dans ce dossier ne laissent pas penser que la décharge verra le jour prochainement. Rappelons que le site de Hwakir est l’un de plusieurs proposés par le ministère de l’Environnement ces mois derniers, sachant que toutes ces propositions, qui visaient à régler la crise dans les quatre cazas de Zghorta, Bécharré, Koura et Denniyé, se sont heurtées au refus systématique des populations. Cependant, le tableau n’est pas totalement obscur puisque de plus en plus d’habitants de Zghorta commencent à trier leurs déchets, ce qui devrait constituer un pas en avant dans la gestion de la crise.


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