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À La Une - Liban

Regain de tension entre partisans de Hariri et forces de l'ordre à Corniche el-Mazraa

La rue sunnite ne décolère pas au lendemain de la désignation de Hassane Diab, soutenu par le Hezbollah et ses alliés, au poste de Premier ministre.

Des soldats libanais et des partisans de Saad Hariri s'affrontant à coups de lancers de pierres et de gaz lacrymogène, dans le quartier de Corniche el-Mazraa, à Beyrouth, le 20 décembre 2019. Photo AFP / STR

La tension était à son paroxysme vendredi soir dans le quartier à majorité sunnite de Corniche el-Mazraa, à Beyrouth, où des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre se sont transformées en véritables émeutes faisant des blessés dans les rangs des deux parties. Ces violences interviennent au lendemain de la désignation de l'ancien ministre Hassane Diab, soutenu par le Hezbollah et ses alliés pour former le nouveau gouvernement et alors que la rue sunnite est en ébullition, des routes ayant été coupées dans de nombreuses régions par des partisans du Premier ministre sortant Saad Hariri qui a lancé un appel au calme.

Les violences à Corniche el-Mazraa ont éclaté dans la soirée alors que l'armée tentait de rouvrir la route, fermée par des partisans de M. Hariri. Les jeunes présents sur les lieux, refusant de s'écarter, ont commencé à jeter des pierres et des feux d'artifice en direction des forces de l'ordre, qui ont rétorqué en lançant du gaz lacrymogène et des grenades fumigènes. Rapidement, les rangs des deux parties ont grossi, les manifestants étant rejoints par des jeunes de plusieurs quartiers de Beyrouth, tandis que les forces anti-émeute sont venues soutenir l'armée. Dans le courant de la soirée, plusieurs ambulances sont arrivées sur les lieux pour prendre en charge nombre de blessés dans les rangs des deux parties.

Du minaret d'une mosquée voisine, des appels au calme ont été lancés en fin de soirée. Et des notables de la région ainsi que des habitants du quartier voisin de Tarik Jdidé sont intervenus auprès des manifestants pour rétablir le calme. La ministre sortante de l'Intérieur Rayya el-Hassan a elle aussi appelé dans un communiqué les manifestants à se retirer de la rue afin de prévenir la discorde. Ces appels ont finalement réussi à calmer les manifestants qui se sont retirés de la rue après près de trois heures d'échauffourées.

De son côté, le mouvement Amal a démenti en fin de soirée les informations rapportées par certaines chaînes de télévision selon lesquelles ses partisans sont impliqués dans les violences de Corniche el-Mazraa.

De premières échauffourées avaient déjà éclaté plus tôt dans la journée entre des centaines de partisans de Saad Hariri qui bloquaient l'autoroute de Corniche el-Mazraa, et des militaires intervenus pour rétablir le calme et débloquer le passage. La troupe a souligné, dans la soirée, que lors de ces échauffourées, sept soldats ont été blessés par des jets de pierres.

"Que ceux qui m'aiment vraiment sortent de la rue immédiatement", avait réagi Saad Hariri sur Twitter, dans le courant de la journée, en s'adressant à ses partisans.



Routes bloquées
Dans de nombreuses autres régions majoritairement sunnites du Liban, les contestataires ont, toute la journée, bloqué plusieurs axes routiers. 

L'autoroute menant vers le sud du Liban a été fermée au niveau de Naamé par des manifestants au moyen d'un barrage de pneus enflammés. En fin d'après-midi, la circulation était totalement à l'arrêt sur cette portion de l'autoroute. Ce n'est que vers 17h que l'axe a été rouvert à la circulation par les militaires, pour un bref moment, avant que des manifestants ne le bloquent à nouveau. Dans un communiqué, l'armée a fait état d'attaques de manifestants contre des soldats venus rouvrir la route de Naamé. "Les protestataires ont lancé des pierres contre la patrouille déployée, ce qui a obligé les militaires à tirer en l'air et faire usage de gaz lacrymogène pour les disperser", indique la troupe. Suite à ces incidents, la route finalement été rouverte à la circulation. 

Autour de Tripoli, au Liban-Nord, l'autoroute côtière a été coupée à hauteur du pont de Palma, et devant l'hôtel Quality Inn. La route a également été coupée à Beddaoui, à Bohsas, sur le rond-point Salam, au carrefour de Marj. D'autres routes intérieures ont été bloquées dans les secteurs de Azmi, de la rue Mi'atein et de Zahiriyé. Les administrations publiques et les commerces ont ouvert, mais la plupart des établissements scolaires ont fermé leurs portes. Par ailleurs, des individus ont tiré des coups de feu en l'air près du secteur du port de Tripoli dans des circonstances qui restent à déterminer.
En fin de journée, une procession de manifestants en motocyclettes et en voitures a parcouru les rues de la grande ville du Liban-Nord, criant à l'aide de hauts-parleurs des slogans contre Hassane Diab.
En soirée, deux personnes ont été arrêtées à Mina alors qu'elles tentaient de bloquer la route principale de la localité. 

Dans le Akkar, également dans le Nord, les principales routes ont été coupées, notamment à Halba, Minié, Abdé, Abboudiyé, Mhamara, Bebnine.
Des manifestants ont également bloqué en soirée les axes reliant Denniyé à Tripoli et Minié au moyen de pneus enflammés.


Photo Ani


"Hassane Diab est un Iranien"
Dans la Békaa, les routes ont été coupées à Kab Élias, Dar el-Baïdar, Jdita, Mrayhat, Masnaa, Majdal Anjar, au moyen de pneus enflammés et de gravats. Les routes ont aussi été coupées à Saadnayel, Taalabaya, Marj, Bar Élias, Hoch el-Harimé, Ghazé et Jeb Jennine. Selon notre correspondante sur place Sarah Abdallah, les écoles dans la région ont fermé leurs portes aujourd'hui.

Toujours selon notre correspondante, la tension est montée à l'entrée de Ksara dans la matinée entre des manifestants qui avaient barré la route et les passagers d'un van venant de Baalbeck, dont les vitres ont été cassés. A Saadnayel des échauffourées similaires ont opposé contestataires à des passagers d'une voiture tentant de forcer le passage sur les gravats.

"Hassane Diab est un Iranien", lance Mohammad, un habitant de Saadnayel. "Sa désignation signifie la mise en place d'un gouvernement relevant de l'Iran, et c'est ce que refusent les contestataires qui manifestent depuis deux mois contre toute ingérence étrangère".

"M. Diab est un homme intelligent et cultivé contre lequel les manifestants n'auraient pu rien avoir à reprocher s'il avait été nommé d'une autre façon, mais il a été proposé par des parties contre lesquelles nous manifestons", estime Khalil, un autre manifestant. "La rue ne se soulève pas pour le retour de Hariri. Les manifestants veulent une personnalité n'appartenant à aucun axe", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, une vingtaine de contestataires se sont rassemblés devant le siège de la Banque Audi, dans le quartier de Bab Idriss, à Beyrouth, pour protester contre la "retenue" de l'argent des déposants. Le mouvement de contestation contre la classe dirigeante, accusée d'incompétence et de corruption, fait porter aux banques ainsi qu'à la Banque du Liban une grande part de responsabilité dans la crise économique du pays, illustrée notamment par des restrictions sur les mouvements de capitaux imposées à la circulation du dollar, dont le taux parallèle atteint les 2 000 LL, alors que le taux officiel de conversion est de 1 500 LL.


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commentaires (6)

Monsieur Diab croyez vous que les Chiites accepteraient un Président de l’assemblée nommé par d’autres confessions La réaction serait foudroyante et destructrice Alors bas les masques à quoi on joue ? En tout cas tout le monde sait au moins aujourd’hui que personne ne peut plus piétiner personne et je pense qu’ils ont rendu service à Saad Hariri qui peut tranquillement penser à venger son père ! Car trop c ‘est trop ,notre honneur ne peut plus supporter de telles infamies !

PROFIL BAS

23 h 36, le 20 décembre 2019

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Commentaires (6)

  • Monsieur Diab croyez vous que les Chiites accepteraient un Président de l’assemblée nommé par d’autres confessions La réaction serait foudroyante et destructrice Alors bas les masques à quoi on joue ? En tout cas tout le monde sait au moins aujourd’hui que personne ne peut plus piétiner personne et je pense qu’ils ont rendu service à Saad Hariri qui peut tranquillement penser à venger son père ! Car trop c ‘est trop ,notre honneur ne peut plus supporter de telles infamies !

    PROFIL BAS

    23 h 36, le 20 décembre 2019

  • Ils ont raison les sunnites il n'y a pas de fumer sans feu

    Eleni Caridopoulou

    17 h 25, le 20 décembre 2019

  • Nonagénaire kesrouanais je suis 100% aux côtés des manifestants partisans de Saad Hariri là où ils se trouvent à travers le Liban, à la Békaa, au Liban-Nord, au Liban-Sud, à Beyrouth et ailleurs. J'ai connu tous les régimes de mon pays depuis le 20 janvier 1936 avec Emile Eddé jusqu'au 25 mai 2014 avec Michel Sleiman. Je ne me reconnais point avec celui qui a suivi. Revenant aux manifestations d'aujourd'hui, je pense que c'est à la communauté sunnite qu'il appartient de nommer le chef du gouvernement, fonction qui revient à ladite communauté. Il n'appartient à personne d'autre de décider à leur place. Dont acte.

    Un Libanais

    16 h 08, le 20 décembre 2019

  • Cela fait 65 jours que nous entendons les mêmes slogans: - nous ne voulons plus de confessionnalisme - nous sommes un seul peuple - "kellon yani kellon" - nous voulons qu'ils dégagent tous Et maintenant ils réclament le Sunnite Saad Hariri ??? Ne fait-il pas partie de ces "kellon" ??? Franchement cette révolution est en train de se transformer en une gigantesque mascarade ridicule, sans queue ni tête...menée par des manifestants qui ne savent plus quoi inventer pour continuer leur passe-temps favori: casser et détruire...et clamer leurs revendications aux micros des envoyés des chaines de télévisions !!! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 42, le 20 décembre 2019

  • Je commence sérieusement à avoir des doutes sur l'intelligence de la résistance du hezb libanais. Il devrait faire semblant de ne pas aimer Hassan(e) pour que la rue sunnite se mette à l'adorer. Hahahahahaha.... Du coup les stupides analystes pourront à leur tour se faire piéger. Hahahaha....

    FRIK-A-FRAK

    15 h 30, le 20 décembre 2019

  • PREVUES. FAUT PAS S,EN ETONNER. LA COMMUNAUTE SUNNITE SE SENT HUMILIEE ET MALTRAITEE DANS LE CHOIX D,AUTRES A SA PLACE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 45, le 20 décembre 2019

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