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À La Une - Liban

Diab se donne six semaines pour former un gouvernement

Hariri appelle à "écouter la révolution".

Le Premier ministre désigné, Hassane Diab, jeudi 19 décembre 2019 au palais de Baabda. REUTERS/Mohamed Azakir

Le Premier ministre libanais désigné, Hassane Diab, a affirmé vendredi se donner "entre un mois et six semaines" pour former un gouvernement d'experts, qualifiant par ailleurs de "ridicule" le fait que l'on puisse décrire le prochain cabinet comme le gouvernement du Hezbollah. Chargé la veille de former le prochain gouvernement, Hassane Diab a mené une tournée protocolaire auprès des ex-Premiers ministres, alors qu'une grande partie de la rue sunnite proteste contre la désignation de cet universitaire et ancien ministre.

"L'objectif est de former un gouvernement de technocrates indépendants afin de résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays", a déclaré M. Diab dans un entretien publié dans la journée sur le site d'information allemand Deutsche Welle. "Les consultations parlementaires non contraignantes (que va mener le PM désigné) débutent samedi. Tout le monde est disposé à coopérer pour que le Liban ait un cabinet exceptionnel qui ne ressemble pas aux gouvernements précédents, aussi bien sur le plan des compétences que sur celui de la part des femmes, le tout en respectant les équilibres, a-t-il ajouté. Mon objectif est qu'un gouvernement soit formé entre un mois et six semaines".


"Ridicule"
Âgé de 60 ans, Hassane Diab, un universitaire et ancien ministre de l'Education peu connu du grand public, a été désigné jeudi au terme d'un vote lors de consultations parlementaires menées par le président Michel Aoun, conformément à la Constitution. Sa nomination a été soutenue par le Hezbollah et ses alliés mais n'a pas recueilli le soutien du courant du Futur de Saad Hariri.

La désignation de M. Diab, présenté comme indépendant et "technocrate", intervient plus de deux mois après le début le 17 octobre d'un mouvement de contestation inédit contre la classe dirigeante ayant entraîné 12 jours plus tard la démission de M. Hariri. Mais cette désignation n'a pas calmé la rue. En outre, M. Diab n'a pas le soutien de sa communauté, qui lui reproche d'être appuyé par le Hezbollah. Cet appui fait craindre une compromission des aides étrangères, cruciales pour éviter une faillite du pays, en proie à l'une des pires crises économiques depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Le prochain gouvernement sera-t-il celui du Hezbollah ? "C'est ridicule", répond sèchement le Premier ministre désigné. "Ce gouvernement sera le visage du Liban. Il ne sera pas celui d'un seul camp", a-t-il ajouté, s'attendant à un "soutien total des Américains et des Européens", alors que le sous-secrétaire d'Etat américain David Hale, qui est arrivé à Beyrouth ce matin, effectuait une tournée auprès de plusieurs responsables libanais, dont le chef de l'Etat et le Premier ministre sortant, Saad Hariri.



(Lire aussi : Hassane Diab promet qu’il n’y aura pas de retour à l’avant-17 octobre)


Hariri à la MTV
Saad Hariri, proche de l'Occident et considéré comme le principal dirigeant de la communauté sunnite du pays, était pressenti jusqu'à récemment pour diriger le prochain gouvernement. Mais il a renoncé à la course mercredi, sans apporter son soutien franc à M. Diab.

"Ce n'est pas moi qui formerai le prochain gouvernement (...) Le Premier ministre désigné fera sa tournée et son travail et nous verrons", a-t-il déclaré jeudi soir de manière laconique lors d'une interview téléphonique dans le cadre d'une émission politique sur la chaîne locale MTV. "Je suis inquiet parce que je crains pour le pays", a t-il ajouté.

"Nous devons admettre qu'au pouvoir, nous avons échoué sur de nombreux points, a estimé le chef du gouvernement sortant, notamment sur l'électricité, l'eau et les communications (...) J'ai conclu avec le président Michel Aoun un compromis, que je ne regrette pas, dans l'intérêt du pays et des institutions, mais nous n'avons pas pu répondre aux espoirs du peuple. Les gens sont descendus dans la rue. Je les ai entendus, comme nous tous", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter : "En tant que Premier ministre, je tenais des séances du cabinet, et lorsque nous prenions une décision, chaque ministre avait l'habitude de l'interpréter en fonction de ses intérêts politiques. Comment le peuple peut-il avoir confiance en un tel gouvernement? Tout fonctionne selon la politique et la concurrence. Ce que je veux dire, c'est qu'en raison de la situation économique et sociale actuelle, nous devons tous unir nos efforts et écouter la révolution. Ils m'ont appris beaucoup de choses, qui m’avaient peut-être échappé".

"Aujourd'hui, nous devons aller de l'avant et nous doter d'un gouvernement. Dès le début, j'ai dit que la seule façon de sortir le pays de cette crise est de former un gouvernement de spécialistes qui doivent prendre leurs décisions de manière indépendante pour exercer leurs fonctions", a souligné Saad Hariri.



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commentaires (9)

"Il ne regarde pas la personne qui lui sert la main..." Pas grave, il fera trois tours et s'en ira.

Un Libanais

18 h 46, le 20 décembre 2019

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Commentaires (9)

  • "Il ne regarde pas la personne qui lui sert la main..." Pas grave, il fera trois tours et s'en ira.

    Un Libanais

    18 h 46, le 20 décembre 2019

  • Pourvu qu'il n'y ait pas Gebran Bassil, cela peut-être marchera. Quant à attendre "entre un mois et six semaines" ce n'est pas très grave tant qu'il s'agit de former une équipe de technocrates selon les voeux de Saad Hariri, leader suprême des sunnites. Nous attendons le départ d'Estez Nabih depuis son arrivée le 20 novembre 1992 soit depuis 27 ans ou 1404 semaines (27x52).

    Un Libanais

    18 h 39, le 20 décembre 2019

  • Le prochain gouvernement sera-t-il celui du Hezbollah ? "C'est ridicule", répond sèchement le Premier ministre désigné. "Ce gouvernement sera le visage du Liban. Il ne sera pas celui d'un seul camp", a-t-il ajouté, s'attendant à un "soutien total des Américains et des Européens" Pauvre Diab(le). Il croit vraiment aux promesses, si promesses il y a eu, du Hezbollah qui a chaque fois a renie sa parole et meme ses signatures. A des promesses du Bassil? Le nouveau PM a-t'il entendu le dicton libanais " T'as pas vu qui est mort avant toi?"

    sancrainte

    17 h 42, le 20 décembre 2019

  • il n'a pas la tête de l'emploi. La photo montre un homme au regard fuyant alors qu'une poignée de main s'accompagne d'un regard fixant la personne à qui on serre la main en l'occurrence celle de son prédécesseur signe d'assurance et de détermination, qui peut vouloir dire que la relève sera assurée. Hors rien de tout cela ne se dégage de cette photo. On se demande quelle sera son attitude face aux loubards qui risquent de n'en faire qu'une bouchée

    Sissi zayyat

    15 h 34, le 20 décembre 2019

  • Très bonne description par Hariri du mode de fonctionnement ( si l'on peut parler de "fonctionnement ") d'un cabinet "d'union nationale ", tel que réclamé par le Hezbollah. Espérons que Diab tiendra ses promesses, mais on peut-être sceptique quand il demande de 4 à 6 semaines. Un si long délai ne peut s'expliquer que par une perpétuation de la coutume du marchandage entre tous les partis.

    Yves Prevost

    13 h 40, le 20 décembre 2019

  • Il serait temps que Saad se mette de côté et qu'il ait une petite fibre nationale. Il n'est plus de la partie. La stupidité qui nous parlait de révolution de la rue va s'estomper progressivement, on entend deja les vieux démons ressurgir sur des appartenances ethniques.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 28, le 20 décembre 2019

  • Un sang nouveau est une chose positive ... Et ne faisons plus trop de politique Donnons:nous cette chance Donnons-lui cette chance

    Chucri Abboud

    13 h 20, le 20 décembre 2019

  • "Nous avons besoin d'un gouvernement d'experts indépendants afin de résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays", a déclaré M. Diab... Ça augure bien à priori. Par contre 6 semaines cest trop, d'une part, et espérons que de l'autre, ce ne serait que des experts indépendants et non des politiciens quelconques rajouter au mix, et l'on finira avec deux douzaines d'individus incompatibles et inutiles.

    Wlek Sanferlou

    13 h 20, le 20 décembre 2019

  • GOUVERNEMENT D,EXPERTS INDEPENDANTS. OUI ! BIEN SUR. MAIS COMMENT ALLEZ-VOUS VOUS LIBERER DES CARCANS DE CEUX QUI VOUS ONT NOMME NOMMEMENT LES DEUX MILICES IRANIENNES ET LEUR SERVITEUR LE CPL ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 02, le 20 décembre 2019

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