Hale à Beyrouth : Les Etats-Unis "prêts à aider le Liban"

Le sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires du Proche-Orient, David Hale, arrivé vendredi à Beyrouth pour une tournée auprès de plusieurs responsables, a affirmé que Washington était "prêt à aider le Liban", au lendemain de la désignation de Hassane Diab pour former le gouvernement et alors que le mouvement de contestation contre le pouvoir accusé d'incompétence et de corruption est entré dans son troisième mois. David Hale a également incité les "leaders politiques à engager des réformes".

"Tactiques d'intimidation"

Lors d'un entretien avec le Premier ministre sortant Saad Hariri, David Hale a fait part, selon un communiqué publié par le bureau de presse du Premier ministre sortant, de la "préoccupation" des Etats-Unis par rapport à la situation actuelle au Liban. Il a regretté que "pendant longtemps, beaucoup de responsables politiques libanais ont fait passer leurs partis et leurs intérêts personnels avant les intérêts nationaux". "Nous voyons aujourd'hui l'impact" de ce genre de pratiques, a-t-il souligné.

^{Photo Dalati et Nohra}

Le diplomate américain a encore estimé que les manifestations "non-confessionnelles et majoritairement pacifiques reflètent les demandes du peuple libanais, qui veut des réformes économiques et institutionnelles, un meilleur gouvernement et la fin de la corruption". Washington "exhorte les forces de sécurité libanaises à assurer la sécurité des manifestants et empêcher l'utilisation de la violence et de tactiques d'intimidation par les différentes parties", a-t-il ajouté. David Hale a par ailleurs assuré que les Etats-Unis "sont prêts à aider le Liban à ouvrir une nouvelle page de renouveau économique" dans le pays, insistant toutefois sur la nécessité que "les autorités libanaises s'engagent de manière claire à mettre en œuvre les réformes" requises. 

Le responsable américain avait débuté sa visite au Liban par un entretien avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, au palais de Baabda. "Je suis au Liban aujourd'hui sur demande du secrétaire d'Etat Mike Pompeo pour m'entretenir de la situation du pays avec les leaders libanais", a déclaré M. Hale lors d'un point presse à l'issue de cet entretien. "Je suis là pour encourager les leaders politiques libanais à s'engager et à conduire des réformes significatives et durables pouvant conduire à un pays stable, prospère et sécurisé. Il est temps de mettre de côté les intérêts partisans, de faire avancer les réformes et former un gouvernement capable de les mener", a ajouté le diplomate américain, assurant que Washington "n'a aucun rôle à jouer concernant l'identité de celui qui doit diriger ce gouvernement". "Les protestations non-communautaires et largement pacifiques de ces 65 derniers jours illustrent la demande sincèrement légitime pour des réformes économiques et institutionnelles, une meilleur gouvernance pour mettre fin à la corruption", a déclaré M. Hale, appelant les forces de l'ordre à "continuer d'assurer la sécurité des protestataires". "Les Etats-Unis veulent que le Liban et son peuple, tout son peuple, réussissent, et ils resteront un partenaire engagé en ce sens", a-t-il conclu.

^{David Hale s'entretenant avec Michel Aoun. AFP / Anwar AMRO}

Selon le compte Twitter de la présidence libanaise, le chef de l'Etat a indiqué au responsables US que "le processus de formation du gouvernement a débuté hier avec la nomination de Hassane Diab". "Ce gouvernement, qui prendra la forme d'une équipe de travail harmonieuse capable d'affronter la situation difficile que traverse le pays sur les plans politique et économique, aura plusieurs missions, dont la mise en place des réformes qui sont demandées", a déclaré le chef de l'Etat. Il a également assuré que "les protestations, dont la liberté d'expression est préservée, bénéficient de la protection nécessaire". Le président Aoun s'est toutefois opposé aux blocages des routes. "Je soutiens pleinement les demandes du mouvement populaire que j'ai appelé au dialogue", a-t-il rappelé, ajoutant que le processus de lutte contre la corruption a débuté il y a trois ans. Par ailleurs, le chef de l'Etat a demandé aux Etats-Unis de convaincre Israël de s'engager dans le processus de tracé des frontières maritimes avec le Liban.

David Hale a ensuite été reçu par le président du Parlement, Nabih Berry. Lors d'un point presse à l'issue de cet entretien, le diplomate américain a indiqué que "certains groupes ont tenté de s'en prendre aux manifestants", sans préciser de quels groupes il s'agit.

Lors de son entretien avec M. Hale, M. Berry a exprimé son "appui" aux revendications du mouvement de contestation, concernant la mise en place d'un Etat civil, d'une loi électorale avec le Liban comme circonscription unique et la lutte contre la corruption. Il a également indiqué que la Parlement était "disposé à voter les lois nécessaires et à lancer un chantier de réformes profitant à l'ensemble des Libanais". Il a par ailleurs réaffirmé qu'Israël était "l'unique responsable" des violations de la résolution 1701.

^{Photo fournie par le Parlement}

Le diplomate américain doit encore s'entretenir avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et d'autres responsables.

Pour sa part, le ministère français des Affaires étrangères a appelé à la formation d'un gouvernement libanais efficace et capable de mener des réformes.

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