Avec la prise de position un peu surprenante du Courant patriotique libre et le discours au ton modéré du secrétaire général du Hezbollah hier, le compte à rebours des consultations parlementaires contraignantes de lundi prochain a commencé. Même si certains pensent que les jeux sont faits, l’idée d’un scénario préfabriqué que les députés devraient accepter ou rejeter s’est nuancée. Comment se présente, sur ce plan, les positions des partis représentatifs des communautés chrétiennes ?
Le bloc du Liban fort, dont le Courant patriotique libre est la principale composante (27 députés au départ), a annoncé jeudi, par la voix de Gebran Bassil, qu’il ne nommera pas le Premier ministre sortant et qu’il ne participera pas à un cabinet dirigé par le Saad Hariri. Une position qui pourrait toutefois encore changer. Il est difficile en effet d’imaginer que le chef de l’État se départe de la présence au gouvernement de représentants du parti qu’il a fondé. Et tout aussi difficile d’imaginer que M. Bassil restera insensible au raisonnement de Hassan Nasrallah, qui désire voir le CPL, ou des personnalités apparentées, participer à tout nouveau gouvernement, quelle que soit la forme qu’il finira par prendre.
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Qui, du CPL ou du Hezbollah, finira donc par se ranger aux raisons de l’autre ? Réponse dans 48 heures. Une place particulière devra être réservée, à cet égard, à des députés comme Chamel Roukoz, Neemat Frem et Michel Mouawad, qui se sont démarqués dernièrement du CPL.
Que feront, de leur côté, les Forces libanaises ? Selon le député Georges Okaïs, joint par L’OLJ, une réunion de leur bloc parlementaire (15 députés) se tiendra dans les 48 heures, et en décidera. « En principe, a-t-il rappelé, quand il a été question de Samir Khatib pour le poste de Premier ministre, nous avions décidé de nous abstenir de nommer qui que ce soit. Aujourd’hui, alors qu’il est de nouveau question de Saad Hariri, de nouvelles possibilités se présentent. Mais notre position de principe n’a pas changé : nous sommes en faveur d’un gouvernement de personnalités intègres et compétentes, hors de toute appartenance politique. Nous nous considérons comme les premiers à avoir proposé cette formule et nous nous félicitons de ce qu’elle gagne en popularité. Tout dépend donc des déclarations d’intention du principal candidat, et ce d’autant plus que la conférence de soutien au Liban qui vient de se tenir à Paris est dans cette logique. Donc, réponse d’ici à dimanche. » Le député FL Wehbé Katicha a affirmé que Samir Geagea allait prendre contact avec le Premier ministre sortant et s’assurer de son choix de gouvernement. « Sa décision sera prise ensuite. »
De son côté, le parti Kataëb (3 députés) a déjà annoncé qu’il est favorable à la candidature de Nawaf Salam, « modèle de compétence et d’intégrité », ancien représentant du Liban aux Nations unies. Le président de ce parti, Samy Gemayel, a confirmé auprès de L’OLJ ce choix, qu’il justifie par la nécessité de la formation d’un gouvernement indépendant de tous les conflits internes ou axes régionaux, à même d’accorder tout son temps au sauvetage économique du pays. M. Gemayel est hostile à la présence de tout « politique » au sein de ce gouvernement, à commencer par son chef, estimant que ces hommes « se retrouveront en conflit direct avec leurs propres intérêts ». « À moins que ça, assure le chef des Kataëb, je ne pense pas que l’on pourra éviter au pays une catastrophe et lui garantir un “soft landing”. »
Le parti Marada (5 députés, en comptant les deux députés alliés de Jbeil et du Kesrouan, Moustapha Husseini et Farid el-Khazen) alignera, lui, sa position sur celle du Hezbollah.
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commentaires (6)
Fronde soit! Mais il faut comprendre que tant que le Hezbollah détient des armes, il n'y a pas moyens de sortir du communautarisme sans danger pour le Liban. c changement doit se faire mais par étape et après avoir d'abord enlevé les armes de toutes les milices quelles qu'elles soient. Sur ce, il nous faut être très prudent sur nos demandes. Oui pour la chute du mandat Aoun, oui pour un nouveau gouvernement, oui pour des élections anticipées, oui pour de nouvelles élections présidentielles, oui pour les réformes, oui pour kellon ya3ne kelloun, oui pour indépendance de la justice, oui pour la guerre contre la corruption, etc... Avec mesure et sagesse... Non a Hariri ou tout autre Hariri, non a Bassil et toute sa clique, non a n'importe quel ministre proche directement ou indirectement du Hezbollah, du PSNS, etc... Le Peuple doit avoir satisfaction quel qu'en soit le prix a payer par les partis.
Pierre Hadjigeorgiou
11 h 13, le 16 décembre 2019