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Liban - Révolte

Vers un « dimanche de la colère » et une grève, lundi, contre un gouvernement « folklorique »

Les protestataires appellent à ne pas céder à « l’indifférence et à la fatigue » et promettent d’empêcher la tenue des consultations parlementaires et la mise sur pied d’un cabinet présidé par Samir Khatib.

Des manifestants hissés sur la statue des Martyrs à Beyrouth, le 26 octobre 2019. Alkis Konstantinidis/Reuters

Alors que la présidence de la République prévoit de tenir des consultations parlementaires contraignantes lundi en vue de nommer un Premier ministre, il semblerait que la rue se dirige vers un « dimanche de la colère » durant lequel elle compte dénoncer la situation sociopolitique délétère. Quant à la journée de lundi, elle pourrait être marquée par une grève générale et de nouvelles coupures de routes pour empêcher la tenue des consultations parlementaires qui mèneraient, selon les contestataires, à la formation d’un cabinet « folklorique ».

« Le dimanche 8 décembre doit être un troisième tournant dans la révolution. Le premier était le début de la révolution, le 17 octobre dernier. Le deuxième était lors de la fête de l’Indépendance, le 22 novembre, et le troisième sera ce dimanche, peut-on lire dans un appel circulant ces derniers jours sur WhatsApp. Si nous n’arrivons pas à nous mobiliser dans la capitale et les régions, la révolution perdra la bataille du changement gouvernemental. Attention à l’indifférence et à la fatigue. Nous allons continuer la révolution jusqu’à arriver au changement », poursuit le texte, en référence au « dimanche de la colère » auquel appellent plusieurs pages liées aux manifestations sur les réseaux sociaux.

« Colère contre l’injustice, la pauvreté, les crimes environnementaux, et la condescendance (du chef de l’État) », peut-on par ailleurs lire dans une vidéo publiée par le collectif « Vous puez » sur Facebook et qui reprend une phrase polémique de Michel Aoun qui avait appelé les manifestants mécontents à émigrer, lors d’une interview à la mi-novembre. « (Nous devons investir) tout le Liban, toutes les places publiques, les institutions et les domiciles des hommes politiques », poursuit la vidéo.



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« Toujours rien compris »
Quant aux consultations parlementaires prévues lundi, elles suscitent la colère des manifestants qui rejettent la possible désignation de l’homme d’affaires Samir Khatib au poste de Premier ministre. Les protestataires dénoncent par ailleurs la mouture « techno-politique » souhaitée par le Courant patriotique libre et ses alliés, le tandem chiite Hezbollah-Amal, et continuent de demander un cabinet d’experts indépendants.

« La situation économique n’est plus supportable ! Nous voulons un gouvernement qui ne ressemble pas à l’actuel cabinet et qui soit capable de mettre en place un plan pour sauver le pays. Nous sommes contre un gouvernement de compromis, de partage du gâteau et de calculs étroits », expliquent certains manifestants dans un message qui circulait en ligne cette semaine et dans lequel ils dénoncent la « formation d’un gouvernement folklorique ». « Nous ne voulons pas que le cabinet soit formé avant la désignation du Premier ministre. Nous réclamons un gouvernement d’indépendants qui ne soient pas liés à la classe au pouvoir », souligne le texte.


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Interrogée par L’Orient-Le Jour sur les actions prévues par la rue dans les prochains jours, une manifestante engagée dans une des organisations représentées dans le mouvement de contestation assure, sous le couvert de l’anonymat, que les protestataires se dirigent vers une désobéissance civile à partir de lundi, ainsi que vers le blocage de certaines routes « parce que la classe politique n’a toujours rien compris ». Une information confirmée par un autre activiste, qui s’exprime également sous le couvert de l’anonymat. « Le gouvernement qu’ils prévoient de former va ressembler à celui qui a démissionné. Nous projetons d’appeler à une grève générale lundi et à un blocage des routes pour empêcher la tenue des consultations menant à la formation d’un tel cabinet qui promet d’être pire que le précédent », souligne le militant.

« Tous les groupes de la société civile refusent la forme (techno-politique) suggérée pour le gouvernement. M. Khatib servira à donner l’illusion d’un changement, alors qu’il fait partie de la même catégorie que les politiciens au pouvoir », renchérit un autre militant souhaitant, lui aussi, préserver son anonymat.

Interrogé sur les desiderata des manifestants concernant l’identité du futur Premier ministre, le militant insiste sur le fait que « ce n’est pas à la rue de suggérer des noms. C’est au pouvoir de sauver la situation ». « Nous n’accepterons pas le retour de Saad Hariri, il fait partie de la classe corrompue. Nous avons besoin d’un gouvernement capable de prendre des décisions politiques pour restructurer la dette du pays, sinon nous allons droit dans le mur. Il y a beaucoup de personnes qui n’appartiennent pas à la classe politique actuelle et qui pourraient faire partie du prochain gouvernement », assure le manifestant à L’OLJ. Par ailleurs, ce militant ajoute que les différents groupes présents dans tout le pays sont en contact permanent, même s’ils ne disposent pas de base centrale.


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Environnement, harcèlement sexuel et secteur bancaire
Plusieurs manifestations pour des revendications sociales sont également prévues aujourd’hui, samedi, à Beyrouth. La principale étant une marche à 14h30 contre le harcèlement sexuel, qui partira de la rue Bliss vers la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth. Cette marche intervient après la dénonciation, dernièrement, d’un harceleur présumé par de nombreuses jeunes femmes. Cet homme aurait même été aperçu lors de certaines manifestations organisées dans la capitale.

Un rassemblement est prévu par ailleurs à 11h, place Riad el-Solh, pour réclamer la formation rapide d’un cabinet en conformité avec les demandes de la rue. Une marche est ensuite prévue vers la Banque du Liban. Certains manifestants appellent également à une manifestation aujourd’hui devant l’église des Capucins, non loin du Grand Sérail, à 15h, afin de demander la dissolution du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). À Jal el-Dib, les manifestants prévoient d’ériger cet après-midi, à 19h, une statue symbolique de la révolution non loin de l’autoroute d’Antélias.

Demain, des manifestants du Kesrouan prévoient pour leur part une marche à 9h30 du matin du stade Fouad Chehab à Jounieh vers la centrale électrique de Zouk. Il s’agira d’un « cri face à la corruption » et la pollution, notamment celle de la centrale de Zouk, longtemps décriée par les défenseurs de l’environnement.



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Malheureuse personne ne les écoutent et le pays s'enfonce

Eleni Caridopoulou

16 h 42, le 07 décembre 2019

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Commentaires (1)

  • Malheureuse personne ne les écoutent et le pays s'enfonce

    Eleni Caridopoulou

    16 h 42, le 07 décembre 2019

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