Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki, actuellement en tournée auprès des responsables libanais, a affirmé jeudi que la Ligue "soutient le Liban" dans la crise économique et politique qu'il traverse, soulignant toutefois que la solution "doit venir des Libanais" eux-mêmes.
A l'issue d'un entretien avec le président libanais Michel Aoun, M. Zaki a affirmé lui avoir transmis "l'appui de la Ligue". "Nous sommes prêts à contribuer à un règlement de la crise, tout en ayant conscience que cette résolution doit venir des Libanais eux-mêmes", a-t-il indiqué. Le diplomate égyptien a par ailleurs annoncé qu'il allait rencontrer un grand nombre de responsables politiques libanais "afin de voir si la Ligue peut jouer un rôle pour aider à trouver une solution". M. Zaki a affirmé que les pays arabes doivent aider le Liban notamment dans sa crise économique et a promis que la Ligue va suivre ce dossier.
De son côté, le président Aoun a affirmé que les responsables "doivent coopérer pour sortir de la crise, d'une façon qui sert les intérêts des Libanais". "La situation actuelle ne peut plus supporter les conditions et contre-conditions" établies par les différentes parties impliquées dans les tractations, a-t-il ajouté. Et de souligner que "le soutien arabe au Liban doit se traduire par des mesures concrètes prises pour aider le pays à trouver des solutions à la crise économique dramatique" qu'il traverse.
Houssam Zaki s'est ensuite entretenu avec le Premier ministre sortant, Saad Hariri, à la Maison du Centre. "C'était l'occasion d'écouter M. Hariri exposer sa vision de la situation actuelle et je lui ai transmis un message du président de la Ligue arabe concernant la situation au Liban", a expliqué M. Zaki. "La situation nous inquiète aujourd'hui, comme je l'ai déjà dit, car elle comporte les éléments d'une crise politique et d'une situation économique critique, ainsi qu'une mobilisation dans la rue. Tout le monde sait que les protestataires ont des demandes justes, de l'aveu de tous les responsables politiques libanais, et nous comprenons cela. Mais la mobilisation dans la rue a un coût économique qui aggrave la situation, et cela nécessite de soutenir le Liban et les Libanais, a estimé le responsable. Nous sommes venus ici aujourd'hui afin de proposer notre aide au Liban et lui dire qu'il n'est pas seul. (...) La Ligue se tient aux côtés du Liban en ces temps de crise et elle veut l'aider".
M. Zaki reçu par M. Hariri. Photo Dalati et Nohra
Les consultions la semaine prochaine?
Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, M. Zaki ne porte pas une initiative pour sortir le Liban de l'impasse mais est venu transmettre au président libanais un message de soutien de la part de l'organisation panarabe. Le secrétaire général de la Ligue Ahmad AboulGheit dans ce message souligné sa confiance dans la sagesse du président Aoun pour trouver une sortie à la crise et rétablir la stabilité.
Une des réalisations de la révolte libanaise dirigée contre la classe dirigeante accusée de corruption, entrée dans son 43e jour, a été la chute du gouvernement de Saad Hariri, le 29 octobre. Les protestataires réclament actuellement la formation rapide d'un gouvernement de technocrates. Toutefois depuis cette date, le chef de l’État n'a toujours pas lancé les consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d'un président du Conseil, arguant qu'il faut préparer le terrain à la formation du cabinet. On s’attendait à ce que le retrait de Saad Hariri et l’option Samir Khatib accélèrent la tenue des consultations. Mais c’est encore une fois partie remise, faute d’entente. Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, citant des sources informées, les consultations ont été reportées à la semaine prochaine afin de donner plus de temps aux concertations, durant les jours restants de cette semaine. Selon ces sources, tous les protagonistes ont demandé au président un délai supplémentaire et ce dernier a accepté.
(Lire aussi : Les consultations parlementaires compromises avant même de commencer)
"Retard injustifiable"
Cette impasse politique survient alors que le Liban connaît une grave crise économique. C'est sur ces crises qu'a insisté, après sa réunion avec M. Zaki, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui a estimé que, dans la situation actuelle, le retard dans la nomination d'un futur Premier ministre était "injustifiable".
"Je ne sais pas si certains responsables vivent au Liban ou à l'étranger mais ceux qui ne se rendent pas compte de l'énorme catastrophe actuelle ont un grand problème", a affirmé M. Gemayel lors d'une conférence de presse, après avoir reçu à Saïfi le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki. Il a notamment cité pour illustrer la crise actuelle "le nombre de sociétés qui ferment leurs portes", le taux de chômage élevé et les coupes salariales. Il a par ailleurs estimé que "le retard pris dans la nomination d'un futur Premier ministre est injustifiable". "Ce qui prend du temps, c'est le partage du gâteau", a-t-il accusé, soulignant que la mise sur pied d'un cabinet de spécialistes, choisis pour leurs compétences et pas pour leur appartenance politique, "ne devrait pas prendre de temps".
Concernant les échauffourées ayant éclaté mardi soir dans son fief de Bickfaya, dans le Metn, entre des habitants et un convoi de partisans du Courant patriotique libre (CPL, fondé par Michel Aoun), M. Gemayel a sommé les responsables à cesser de "semer la zizanie et détourner le dialogue et à se pencher plutôt sur le sauvetage du pays".
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11 h 34, le 29 novembre 2019