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Économie - Commerce

Agriculteurs et éleveurs demandent à leur tour des dollars à la BDL

L’Association des commerçants de Beyrouth a diffusé un courrier demandant aux fournisseurs étrangers de tenir compte de l’impact de la crise sur les sociétés libanaises.

Le syndicat représentant les éleveurs de volailles est monté au créneau, hier. Photo d’illustration Bigstock

La baisse de la quantité de dollars circulant en dehors du secteur bancaire et les mesures temporaires de contrôle des capitaux mises en place par les banques – et défendues cette semaine par le président de l’Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir (voir encadré) – continuent de mobiliser l’ensemble des filières d’activité du secteur privé alors que le pays traverse une importante crise sociale, économique et financière.

Hier, ce fut ainsi au tour du syndicat représentant les éleveurs de volailles de monter au créneau pour dénoncer les répercussions de ces restrictions sur leur capacité à importer la nourriture (orge, avoine ou encore soja) consommée par leurs cheptels ainsi que d’autres produits utilisés. L’organisation, qui représente environ un millier de fermes de volaille et 200 centres de production d’œufs, selon les estimations qui circulent, a appelé l’État et la Banque du Liban (BDL) à assurer aux acteurs de la filière suffisamment de dollars pour répondre à leurs besoins, qui s’élèvent à 30 millions de dollars par mois.


(Lire aussi : Les importateurs de matériel médical attendent toujours la BDL)

Pommes de terre

Plus tard dans la journée, le président du syndicat des agriculteurs de la Békaa, Ibrahim Tarchichi, a emboîté le pas aux éleveurs de volailles en demandant à la BDL et à l’Association des banques du Liban (ABL) de leur débloquer des dollars « au taux officiel de 1 515 livres pour un dollar », afin de leur permettre d’importer des semences pour les producteurs de pommes de terre. Selon le syndicaliste, la filière importe 20 000 à 30 000 tonnes de semences, principalement d’Europe.

« Les éleveurs de volailles ont besoin de grain pour nourrir leurs bêtes, et les producteurs de pommes de terre doivent bientôt se préparer pour la saison à venir. C’est aussi simple que ça », explique à L’Orient-Le Jour le président de l’Association des agriculteurs libanais, Antoine Hoyek. « Ces filières ont encore du stock pour tenir mais au train où vont les choses, il est assez normal de les voir se mobiliser dès maintenant », ajoute-t-il. Selon lui, d’autres filières agricoles pourraient bientôt exprimer des revendications similaires. « Le secteur importe l’essentiel des engrais et des pesticides à utiliser, les nourritures pour bovins (notamment les vaches laitières) et autres types d’animaux d’élevage, ainsi que les semences pour plusieurs fruits et légumes », poursuit-il.

Les mesures prises par la BDL et les banques ont dopé la demande de dollars sur le marché secondaire, provoquant une hausse du billet vert chez les changeurs, où il a atteint plus de 1 800 livres cette semaine. Cette situation a été dénoncée depuis fin août par plusieurs filières : distributeurs de carburant, de farine, de produits pharmaceutiques, de matériel médical et plus récemment importateurs de matériel de dentisterie. Fin octobre, la BDL a tenté d’apporter une solution à certains de ces professionnels à travers une circulaire (n° 530). Un texte qu’elle a modifié après le début des manifestations contre le pouvoir qui ont démarré le 17 octobre et qui permet aux importateurs éligibles d’obtenir de la BDL, sous certaines conditions, 85 % des sommes qu’ils demandent en dollars pour financer leurs importations en fournissant leur équivalent en livres au taux officiel fixé depuis 1997 (1 507,5 livres pour un dollar, 1 515 pour les transactions bancaires).


(Lire aussi : Les importateurs de matériel dentaire montent eux aussi au créneau)


Délai pour accord sur un transfert

Mais les acteurs de l’économie réelle doivent également composer avec les restrictions, en principe temporaires, progressivement mises en place par les banques qui ont fermé leurs portes pendant plusieurs jours d’affilées depuis le début de la contestation. D’abord mises en place par chaque banque séparément, ces restrictions – dont la légalité est contestable en l’absence d’une décision du Parlement ou au moins d’un aval de la BDL – ont été plus ou moins officialisées et généralisées dimanche dernier.

Deux des mesures ont particulièrement été pointées du doigt par le secteur privé : la limite drastique des retraits en dollars (1 000 dollars par semaine) et les limitations imposées aux transferts à l’étranger, qui obligent les professionnels à attendre l’accord de la banque pour pouvoir payer leurs fournisseurs à l’étranger. Un distributeur contacté par L’Orient-Le Jour a par exemple révélé qu’il devrait attendre lundi pour obtenir l’aval de sa banque pour pouvoir effectuer un virement à l’un de ses fournisseurs basé en Europe afin de payer une commande pourtant considérée comme « normale » par rapport à ses volumes habituels.

Si plusieurs associations d’entrepreneurs et d’organisations professionnelles ont déjà dénoncé ces restrictions, l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) a pour sa part distribué un courrier à ses membres ayant vocation à être envoyé à leurs fournisseurs étrangers. Le président de l’ACB y demande à ces derniers de tenir compte des difficultés rencontrées par les sociétés libanaises pour transférer de l’argent à l’étranger et se fournir en dollars sur le marché secondaire. Il précise également que le chiffre d’affaires de nombreux commerçants s’est effondré de 80 % ces dernières semaines et que ces derniers ne sont plus en mesure de renouveler leurs stocks.


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commentaires (2)

Et si nous apprenions à restreindre le volume de nos importations et vivre sous le régime de l’austérité (hors produits de première urgence et nécessité) pendant quelque temps. Je pense que ça ne nous ferait pas de mal de rabaisser un peu notre ego

Lecteur excédé par la censure

08 h 39, le 22 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • Et si nous apprenions à restreindre le volume de nos importations et vivre sous le régime de l’austérité (hors produits de première urgence et nécessité) pendant quelque temps. Je pense que ça ne nous ferait pas de mal de rabaisser un peu notre ego

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 39, le 22 novembre 2019

  • TOUS LES IMPORTATEURS VONT DEMANDER DES DOLLARS POUR POUVOIR TRAVAILLER. QUOI DE PLUS NATUREL. LE RETARD DANS LA FORMATION DU GOUVERNEMENT, IMPUTEE A L,ACHARNEMENT D,Y INCLURE LE GENDRE ET AU BOYCOT DES DEUX MILICES IRANIENNES, C,EST LE MAL QUI FRAPPE LE PAYS. PRETS A SACRIFIER LE PAYS POUR GARDER LEUR MAINMISE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 39, le 22 novembre 2019

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