Sit-in devant une branceh de Liban Post, le 21 novembre 2019 dans le Akkar, au Liban-Nord. Photo An-Nahar
Alors que le Liban entame son 36e jour d'une contestation populaire inédite contre la classe politique jugée corrompue, et à la veille de son 76e anniversaire de l'Indépendance, des sit-in restreins mais disséminés dans la capitale, dans le Nord et le Sud du pays avaient lieu jeudi, tandis que de grands rassemblements sont prévus demain dans tout le pays.
A Verdun, à Beyrouth, un groupe d'élèves a effectué une marche devant le lycée de la ville aux cris de "Révolution !". Un autre groupe de quelques dizaines d'élèves a entamé un sit-in devant le siège du ministère de l'Education, devenu l'un des lieux phare de la contestation estudiantine. Les jeunes réclament notamment le changement du système éducatif et des programmes scolaires. La circulation a également été coupée au niveau du siège de l'Unesco.
En outre, une marche organisée par le Mouvement du handicap pour les droits de l'Homme a rassemblé de dizaines de personnes, notamment celles à besoins spécifiques, et a eu lieu entre l'avenue Béchara el-Khoury et la place Riad el-Solh.
Photo Anne-Marie el-Hage
Au Liban-Nord, notamment à Halba, un groupe d'étudiants et d'élèves ont tenu in sit-in devant l'Institut technique public de la ville. Dans le Koura, un groupe d'élèves a également manifesté, certains ayant refusé d'aller en cours, alors que d'autres ont pris part aux protestations avant d'aller en classe.
Plus loin, à Tripoli, des commerçants de Mina ont fermé leurs magasins dès hier soir, et jusqu'à demain, sous le slogan "ouverts ou fermés, c'est pareil". Les propriétaires ont décoré la devanture de leurs commerces avec des drapeaux libanais, en solidarité avec la révolte populaire.
D'autres manifestants, qui ne quittent pas les rues de Tripoli depuis le 17 octobre, ont organisé des sit-in devant diverses institutions publiques, notamment des écoles, les appelant à fermer leurs portes.
La plupart des routes dans la capitale du Nord ont en outre été rouvertes à la circulation, à l'exception de celles menant vers la place Al-Nour, haut lieu de la contestation dans cette ville. L'autoroute de Beddaoui était également bloquée en matinée.
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Dans le Sud, à Saïda, des étudiants se sont rassemblés devant l'université LIU, appelant l'administration à fermer ses portes et les autres étudiants à les rejoindre dans la rue. En outre, des proches de jeunes détenus dans le cadre de l'affaire de l'incendie du complexe Rest House à Tyr ont tenu un sit-in pour réclamer la libération de leurs proches.
Photo ANI
Huit détenus avaient été libérés mardi sous caution par le premier juge d’instruction du Liban-Sud, Marcel Haddad. Le juge a interrogé dix des 18 détenus dans l’affaire de ce complexe touristique incendié et vandalisé durant une manifestation le 18 octobre dernier, un jour après le début de l’intifada populaire au Liban. Ce groupe de détenus compte des individus très jeunes, dont deux mineurs. Le 29 octobre, une partie de ces manifestants avaient été libérés par le procureur général du Sud Rahif Ramadan, et 18 étaient restés derrière les barreaux.
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A Rachaya, un groupe de manifestants s'est rassemblé devant la citadelle où avaient été emprisonnés les pères de l'Indépendance libanaise par la puissance mandataire française. Les protestataires sont venus exprimer leur colère contre la visite traditionnelle qu'effectue chaque 22 novembre le représentant des trois présidents de la République, du Conseil et du Parlement. L'armée s'est déployée dans le périmètre pour éviter tout débordement.
Depuis le 17 octobre, des centaines de milliers de Libanais de tous bords sont descendus dans les rues pour dénoncer la dégradation de la situation économique et réclamer le départ d'une classe politique jugée incompétente et corrompue. Mardi, plusieurs centaines d'entre eux avaient réussi à pousser le Parlement à reporter à une date ultérieure une séance controversée qu'il était censé tenir pour voter, entre autres, une loi d'amnistie générale décriée par la rue.
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Face aux manifestants plus que jamais en colère et déterminés, le président Michel aoun, 84 ans, a eu la semaine dernière une formule lapidaire: "Si, au sein de l'Etat, il n'y a personne qui leur convient, qu'ils émigrent", avait-il asséné, attisant la colère de la rue. De nombreux protestataires appellent depuis le chef de l'Etat à céder sa place.
Le président Aoun doit s'adresser ce soir à 20h aux Libanais à l'occasion de l'Indépendance.
Après la démission du gouvernement de Saad Hariri sous la pression de la rue, le président doit fixer la date des consultations parlementaires contraignantes pour la formation du nouveau cabinet mais il repousse cette échéance en affirmant vouloir aboutir à un accord politique préalable afin d'éviter des obstacles au prochain chef du cabinet qui doit former son équipe.
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commentaires (5)
Le Liban de la résistance sort vainqueur, one more time, tout en gardant l'oeil sur les VÉRITABLES CORROMPUS, fossoyeurs de l'état. La résistance libanaise du hezb n'a jamais pu être détournée des VRAIS PROBLÈMES À RÉGLER. Nettoyer le pays de tous les corrompus, tous veut dire tous , en premier les pro usa & consorts.
FRIK-A-FRAK
20 h 07, le 21 novembre 2019