Des manifestants libanias regardant sur grand écran une allocution du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 25 octobre 2019 à Zouk Mosbeh. AFP / JOSEPH EID
Le député Alain Aoun, membre du Courant patriotique libre, a déclaré dimanche, cité par l'AFP, que la formation du gouvernement était retardée par "les préoccupations du Hezbollah, qui craint d'être écarté du pouvoir, et les conditions du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, qui refuse de diriger un gouvernement qui ne soit pas formé exclusivement de technocrates".
Lors de ses dernières prises de parole, le leader du parti chiite avait balayé l'idée d'un cabinet exclusivement formé de technocrates, réclamé par la rue. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer cet après-midi un discours très attendu alors que les tractations politiques qui se sont poursuivies ce week-end continuent d'achopper sur la forme du prochain gouvernement.
Sous la pression de la rue, révoltée contre la classe dirigeante accusée de corruption et de mauvaise gestion, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Mais depuis, la situation n'a pas évolué, le chef de l’État Michel Aoun n'ayant pas encore lancé les consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d'un futur président du Conseil. La présidence évoque pour justifier ces atermoiements "la situation exceptionnelle" du pays et poursuit ses contacts afin de trouver la forme que devrait prendre le futur cabinet.
Dimanche, le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, proche conseiller politique du président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, avait appelé à "accélérer les tractations" permettant la formation d'un futur gouvernement "qui rétablirait la confiance des Libanais dans la politique et l'économie". Plusieurs dignitaires religieux ont également réclamé la formation rapide d'un gouvernement.
Dans le cadre de ces tractations, M. Hariri avait reçu samedi soir à sa résidence de la Maison du centre M. Hassan Khalil, ainsi que le bras droit de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil. Selon la chaîne locale LBCI, cet entretien qui a duré une heure et demie, n'a pas fait bouger les choses.
Mardi, un émissaire du président français, Emmanuel Macron, Christophe Farnaud, directeur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Quai d’Orsay, arrivera à Beyrouth où il doit faire part aux responsables de la "profonde préoccupation de la France" au sujet de la détérioration de la situation dans le pays, soulignant la nécessité de former rapidement un nouveau gouvernement, a-t-on appris de sources politiques informées.
La Banque mondiale avait estimé mercredi que "l’étape la plus urgente" pour le Liban était "la formation rapide d’un gouvernement correspondant aux attentes de tous les Libanais". En cas d’impasse persistante, la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté et le chômage "augmenterait fortement", a averti la BM, à l’issue d’une rencontre d’une délégation avec le président Michel Aoun. Selon elle, environ un tiers des Libanais vit déjà sous le seuil de pauvreté.
Vendredi, le directeur régional pour le Moyen-Orient de la Banque mondiale, Saroj Kumar Jha, a enfoncé le clou affirmant dans un entretien accordé à Associated Press que les pertes accumulées par l’économie libanaise depuis le début des manifestations contre le pouvoir étaient "énormes" et que l’organisation estimait que le PIB du pays devrait se contracter de 1 % en 2019, contre – 0,2 % dans son rapport publié en octobre. Selon lui, cela reviendrait à des pertes estimées "entre 600 millions et 700 millions de dollars par jour pour l’économie entre pertes quantifiables et non quantifiables".
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Le député Alain Aoun, membre du Courant patriotique libre, a déclaré dimanche, cité par l'AFP, que la formation du gouvernement était retardée par "les préoccupations du Hezbollah, qui craint d'être écarté du pouvoir, et les conditions du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, qui refuse de diriger un gouvernement qui ne soit pas formé exclusivement de technocrates". Lors de...
commentaires (16)
Gouvernement : le Hezbollah "craint d'être écarté du pouvoir" Haram, ils me fendent le coeur :(
Gros Gnon
19 h 23, le 11 novembre 2019