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À La Une - contestation

Dans toutes les régions du Liban, les places publiques à nouveau investies par les manifestants

Dans l'ensemble du pays, le drapeau libanais unit les protestataires sous une même bannière. 

Des manifestants opposés au régime manifestant à Saîda, au Liban-Sud, le 3 novembre 2019. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT

Le mouvement de contestation contre le régime actuel au Liban, qui s'était essoufflé ces derniers jours suite à la démission, mardi, du gouvernement, a repris de plus belle en ce "dimanche de l'unité" de tous les Libanais et en réaction au rassemblement organisé plus tôt dans la journée en soutien au chef de l'Etat, Michel Aoun. 

Tout comme dans la capitale, où se sont regroupés des Libanais venus de tout le territoire, des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées dans toutes les régions du pays, et les places des grandes villes grouillaient à nouveau de monde dimanche soir. Plusieurs axes routiers étaient par ailleurs bloqués par les manifestants réclamant la chute de tous les responsables politiques "sans exception". Partout, comme depuis le début de la révolte le 17 octobre, le drapeau libanais jouait les vedettes et unissait les protestataires sous une seule bannière. 

A Jal el-Dib, dans le Metn, les manifestants étaient contenus dans les rues intérieures de la localité par les forces de l'ordre qui les empêchaient de se rendre sur l'autoroute, ancienne place forte de leur révolte. Plusieurs d'entre eux ayant tenté de forcer le barrage des forces armées ont été brièvement arrêtés. Comme le montraient en fin de soirée les images diffusées par la chaîne de télévision locale LBC, ils ont pour finir pu se diriger, par centaines, vers l'autoroute, se tenant la main et appelant à un mouvement "pacifique". Malgré le déploiement de l'armée qui souhaitait interdire l'accès à la voie rapide, les manifestants ont pu, finalement, l'envahir et y bloquer la circulation.

A Tripoli, capitale du Nord, rien ne semblait entamer l'enthousiasme et la volonté des manifestants de faire entendre leurs voix, eux qui, même lors des jours creux de la révolte dans les autres villes, continuaient à se rassembler par milliers sur la place el-Nour. Dans le Akkar, toujours dans le Nord, les places de Halba et Aabdé accueillaient également un grand nombre de contestataires, qui ont fermé les axes menant au centre de ces localités. 

A Baalbeck, dans la Békaa, quelque 500 personnes ont manifesté, selon des habitants, dans une atmosphère festive au son de chansons patriotiques. Hommes et femmes étaient rassemblées sur la place Khalil Moutran de cette localité considérée comme une zone d'influence du Hezbollah, brandissant des drapeaux libanais et appelant à la "Révolution".


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Liban-Sud
A Nabatiyé, dans le Sud, malgré les pressions exercées par les responsables du Hezbollah et du mouvement Amal sur les citoyens, des centaines de personnes ont répondu à l'appel de la rue, selon notre correspondante Badia Fahs. "C’est une nouvelle intifada à Nabatiyé", a affirmé un manifestant qui a requis l’anonymat. "C’est une des plus grandes manifestations dans la ville", a déclaré un autre protestataire. 

Les protestataires s’étaient rassemblés en petit nombre dès le matin près du Sérail gouvernemental, et leur nombre a grossi au cours de la journée. A midi, ils ont organisé un déjeuner villageois traditionnel sous une tente, avant d’effectuer une marche commune avec les manifestants du village voisin de Kfar Remmane en direction de la branche de la Banque du Liban à Nabatiyé, répétant "A bas le règne des banques". Le nombre de protestataires a augmenté en soirée, notamment en raison de la présence du chanteur engagé Khaled Habre qui a donné un concert improvisé au carrefour de Kfar Remmane. Dimanche dernier, Marcel Khalifé avait également drainé des foules lorsqu’il était venu se solidariser avec les manifestants.
Certains protestataires ont confié avoir reçu au cours des derniers jours des appels téléphoniques ou des messages sur la messagerie instantanée WhatsApp les mettant en garde contre toute participation aux rassemblements. D’autres ont été traités sur les réseaux sociaux de traîtres ou d’agents à la solde d’Israël ou de certaines ambassades, recevant de l’argent de l’étranger pour conduire un mouvement contre le pouvoir ou le Hezbollah.



(Lire aussi : La « thaoura » libanaise n’a pas besoin d’homme providentiel)



A Saïda, ce sont plus de 3.000 personnes qui ont envahi la place Élia, rebaptisée place de la Révolution du 17 octobre. Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, les manifestants se sont rassemblés sur cette place stratégique, brandissant des drapeaux libanais, à l'appel lancé sur les réseaux sociaux à des manifestations de grande ampleur sur toutes les places du Liban pour "le dimanche de l'unité". Ils ont bloqué les accès à cette place et ont paradé avec un énorme drapeau libanais, de près de 40 mètres de long. Les protestataires ont également organisé un convoi d’une centaine de voitures qui ont sillonné les rues de la ville, drapeaux libanais flottant au vent.

Un mouvement, bien que plus limité en nombre, était en outre organisé à Tyr, sur la place el-Alam, où plusieurs dizaines de manifestants ont dansé la dabké et scandé des slogans révolutionnaires. 

Les manifestations de dimanche soir ont eu lieu alors que plus tôt dans la journée, plusieurs milliers de partisans du Courant patriotique libre s'étaient réunis dans les environs du palais présidentiel, en soutien au chef de l'Etat, Michel Aoun. Prenant la parole de l'intérieur du palais de Baabda, ce dernier a mis en garde contre un "affrontement des rues". "Les Libanais ont perdu confiance en l'Etat. Nous devons restaurer cette confiance (...) Certains essaient de pousser à un affrontement des rues. Ceci ne doit pas se produire. La lutte contre corruption, l'amélioration de l'économie et la construction d'un Etat civil demandent l'effort de tous ceux qui ont des revendications légitimes", a également affirmé le chef de l’Etat. De son côté, le chef du CPL et gendre du chef de l'Etat, Gebran Bassil,  l'une des cibles privilégiées des manifestants depuis le début du mouvement de contestation contre la classe dirigeante, a critiqué le slogan "Tous sans exception" scandé par les protestataires libanais depuis 18 jours. "Vous dites 'Tous, c'est-à-dire tous', mais tout le monde n'est pas corrompu. Si vous vous en prenez à tout le monde, les corrompus et les autres, il ne peut pas y avoir de reddition des comptes. Nous ne devons pas être la cible des symboles de la corruption, et celle de leurs victimes", avait déclaré le chef du courant aouniste. "L'objectif politique de certains était de renverser le mandat, mais personne ne peut nous éliminer, car nous sommes aussi le peuple", avait-il ajouté, dénonçant les insultes dont il a été la cible.


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Le mouvement de contestation contre le régime actuel au Liban, qui s'était essoufflé ces derniers jours suite à la démission, mardi, du gouvernement, a repris de plus belle en ce "dimanche de l'unité" de tous les Libanais et en réaction au rassemblement organisé plus tôt dans la journée en soutien au chef de l'Etat, Michel Aoun. Tout comme dans la capitale, où se sont regroupés...

commentaires (1)

Le blocage perlé s'organise. Au bout du compte les forts seront encore plus forts, les faibles encore plus faibles. Justice au Liban est un doux euphémisme.

FRIK-A-FRAK

23 h 37, le 03 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • Le blocage perlé s'organise. Au bout du compte les forts seront encore plus forts, les faibles encore plus faibles. Justice au Liban est un doux euphémisme.

    FRIK-A-FRAK

    23 h 37, le 03 novembre 2019

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