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À La Une - Dans la presse

Une réunion Hezbollah-Hariri, à la veille de la démission du Premier ministre, racontée par Reuters

Selon quatre sources ayant assisté à cette réunion, le PM sortant aurait annoncé son intention de démissionner à Hussein Khalil, conseiller politique de Hassan Nasrallah, qui a été "choqué" par cette décision et lui a conseillé de ne pas "céder aux manifestants".

Le Premier ministre sortant Saad Hariri, entouré de journalistes, peu avant l'annonce de sa démission, le 29 octobre 2019, à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra AFP PHOTO / HO / DALATI AND NOHRA

La décision prise mardi par le Premier ministre libanais Saad Hariri d'annoncer sa démission a "choqué le Hezbollah" et a été perçue comme un acte de défiance, selon des sources citées par l'agence Reuters.

Lors d'une réunion, lundi, entre Saad Hariri et Hussein Khalil, conseiller politique de Hassan Nasrallah, le chef de l'Exécutif sortant aurait accusé le parti chiite de "soutenir Gebran Bassil", qu'il a identifié comme le principal saboteur des négociations pour un remaniement ministériel qui aurait permis de calmer la rue, rapportent ces quatre sources ayant assisté à cette réunion.  M. Hariri aurait annoncé son intention de démissionner à M. Khalil qui a été "choqué" par cette décision et lui a conseillé de ne pas "céder aux manifestants", poursuivent-elles. Le départ de Saad Hariri, provoquant de facto la chute de son gouvernement, a été donc perçu comme un "acte de défiance" vis-à-vis du parti chiite. 

La brève réunion rassemblant MM. Hariri et Khalil a eu lieu à la Maison du Centre, résidence du Premier ministre sortant. "J'ai pris ma décision, je veux démissionner pour créer un choc positif et donner aux manifestants une partie de ce qu'ils veulent", aurait dit le Premier ministre au responsable chiite. Ce dernier aurait alors estimé que le mouvement de contestation est "presque fini, qu'il va rendre son dernier souffle". "Armez-vous de courage, nous sommes à vos côtés", aurait-il ajouté, sans parvenir à faire fléchir Saad Hariri. Le chef du gouvernement sortant se serait alors plaint devant le responsable du Hezbollah qu'il "ne bénéficie pas du soutien dont il a besoin pour un remaniement ministériel" qui aurait pu calmer la rue et permettre une mise en application rapide des réformes, selon une des sources ayant assisté à la réunion. "Je ne peux plus supporter" cette situation, aurait-il poursuivi. 


(Lire aussi : Qui sont les jeunes hommes qui ont déferlé, mardi, sur le centre-ville de Beyrouth ?)


"Pieds et poings liés"
Au cours de leur entretien, Saad Hariri aurait affirmé à Hussein Khalil que le point d'achoppement majeur des discussions politiques était le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil. Et M. Hariri d'accuser le Hezbollah "de se tenir derrière Bassil et de le soutenir". 

Depuis le début de la révolte populaire contre la classe dirigeante, le 17 octobre, Hassan Nasrallah s'est exprimé à deux reprises contre toute chute du gouvernement Hariri qui provoquerait, selon ses propos de vendredi dernier, "le chaos, l'effondrement économique et une éventuelle nouvelle guerre civile". Il avait en outre accusé le mouvement de contestation d'être financé par "des ambassades étrangères". 

Dans ce contexte, une source "familière de la façon de penser du Hezbollah" confie à Reuters que la démission du gouvernement constitue "une gifle" pour le parti chiite qui "désormais a les pieds et les poings liés". "Le plus grand gagnant" de ce développement est Saad Hariri, a-t-elle ajouté. Selon cette source, le parti de Hassan Nasrallah n'a toutefois pas attaqué frontalement la décision du Premier ministre sortant "afin de laisser la porte ouverte à sa nomination comme chef d'un nouveau cabinet". "Le Hezbollah doit assurer ses arrières" dans cette crise, estime cette source. 

Le groupe parlementaire du Hezbollah a de son côté estimé jeudi que la démission de M. Hariri aggravait la crise politique, estimant que "l'ingérence américaine est la principale cause du chaos ambiant". Le leader du parti chiite, Hassan Nasrallah, doit s'exprimer vendredi à 14h30. Dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion hebdomadaire, les députés du Hezbollah ont estimé que la démission de M. Hariri "va contribuer à perdre du temps dans la mise en œuvre des réformes et le vote du budget 2020", appelant l'ensemble des forces politiques à prendre "toutes leurs responsabilités".



Formule préliminaire aux consultations
Le Liban est actuellement dans l'attente de l'annonce de la date qui doit être fixée par le chef de l’État Michel Aoun pour les consultations parlementaires contraignantes. Ces consultations, au cours desquelles le président doit recevoir tous les groupes parlementaires, sont prévues dans la Constitution en vue de nommer le futur Premier ministre. 

Dans un discours prononcé jeudi soir à l'occasion de son mi-mandat, M. Aoun a affirmé être en faveur d'un gouvernement dans lequel les ministres seront "choisis pour leurs compétences et non en fonction de leur affiliation politique".

Selon des sources au fait des contacts concernant le prochain gouvernement, citées par LBC, les consultations devraient débuter en fin de semaine ou au début de la semaine prochaine. Elles ajoutent que les contacts entre la Maison du Centre et le palais de Baabda vont reprendre afin de trancher la question. Selon ces sources, M. Hariri, ou une personne qu'il pourrait désigner, a le plus de chances de former le prochain gouvernement.

Des sources au palais de Baabda, citées par la LBC, ont de leur côté rapporté que le futur gouvernement sera formé dans des circonstances exceptionnelles et il est donc nécessaire de préparer le terrain au niveau des différents blocs parlementaires afin de se mettre d'accord sur le nom de la personne qui sera chargée de former ce cabinet. Le timing des consultations doit en outre être lié, selon ces sources, aux conditions sécuritaires dans le pays. Le temps pris par Baabda avant de lancer ces consultations devrait alors, selon les mêmes sources, permettre de faire un tour d'horizon des différentes tractations à mettre en œuvre pour la formation du cabinet, ce qui permettrait de former plus rapidement le nouveau gouvernement. 

Selon des sources ministérielles, citées également par la LBC, le président Aoun convoquera les consultations contraignantes lorsqu'il estimera qu'elles ne risquent pas de mener à des dissensions entre les blocs et donc à une trop longue vacance gouvernementale, le chef de l’État considérant que l'expédition des affaires courantes équivaut à une vacance du pouvoir, étant donné la situation économique et sécuritaire actuelle. D'après ces sources, Michel Aoun poursuit ses contacts avec les différents responsables afin de s'assurer de la désignation d'un futur Premier ministre qui soit agréé par la majorité parlementaire. Il évalue, en ce sens, la possibilité de nommer à nouveau Saad Hariri ou "une personnalité d'un autre bord politique". Aucune discussion n'a toutefois encore été lancée sur la forme que prendrait le futur gouvernement et le nombre de portefeuilles.

Selon des informations de la chaîne locale LBCI, Saad Hariri s'est entretenu pendant une heure et demie jeudi après-midi avec le ministre démissionnaire des Finances, Ali Hassan Khalil, de la situation du gouvernement. A 18 heures, M. Hariri a reçu à la Maison du Centre l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. 

Ces atermoiements ont provoqué, mercredi soir, la colère de la rue. Après un retour au calme dans la journée, suivant l'annonce de la démission de Saad Hariri et la réouverture de la majorité des axes routiers du pays, la mobilisation avait repris de plus belle en fin de journée. Des centaines de Libanais étaient à nouveau descendus dans la rue, aux différents endroits occupés depuis le début de la contestation. Jeudi matin, la majorité des routes avaient été rouvertes, mais quelques barrages routiers persistaient.



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commentaires (10)

N’ayez crainte le peuple s’est réveillé. Toutes vos suppositions tarabiscotées relèvent de la fiction. Lorsque le SBIR de Hassan dit que le mouvement s'essouffle et que, pour appuyer ses dire lâche ses chiens pour casser des libanais innocents. Il pousse Harriri et le peuple Libanais dans leurs retranchements, car les Libanais ne fonctionnent pas comme ça. Il ne faut pas les chercher. Plus on essaie de les humilier et plus ils deviennent combatifs et féroces pour défendre leur pays libre et fier de ses citoyens. Ils l’ont déjà fait et n’attendent personne pour les défendre. Pour ça il est impératif qu’ils restent unis derrière leur drapeau et leur armée. Libanais est notre seule appartenance et nationalisme est notre unique religion en ce moment et le Liban est notre seule prière.

Sissi zayyat

18 h 05, le 31 octobre 2019

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Commentaires (10)

  • N’ayez crainte le peuple s’est réveillé. Toutes vos suppositions tarabiscotées relèvent de la fiction. Lorsque le SBIR de Hassan dit que le mouvement s'essouffle et que, pour appuyer ses dire lâche ses chiens pour casser des libanais innocents. Il pousse Harriri et le peuple Libanais dans leurs retranchements, car les Libanais ne fonctionnent pas comme ça. Il ne faut pas les chercher. Plus on essaie de les humilier et plus ils deviennent combatifs et féroces pour défendre leur pays libre et fier de ses citoyens. Ils l’ont déjà fait et n’attendent personne pour les défendre. Pour ça il est impératif qu’ils restent unis derrière leur drapeau et leur armée. Libanais est notre seule appartenance et nationalisme est notre unique religion en ce moment et le Liban est notre seule prière.

    Sissi zayyat

    18 h 05, le 31 octobre 2019

  • jE VOULAIS AUSSI DIRE QUE NOUS EN AVONS ASSEZ DES PIEUX MENSONGES DU CPL ET DE SON CREATEUR POURQUOOI DIRE QUE LE CPL OU LE PRESIDENT ONT ETE SURPRIS MARDI DE LA DECISIOON DE MR HARRIRI ALORS QUE TOUT CET ARTICLE DECRIT BIEN QUE CE DERNIER AVAIT AVISE HB DONC IPSO FACTO LE PRESIDENT ET SON GENDRE DONC LE CPL DE SA VOLONTE DE DEMISSIONNER JE SUPPOSE QUE CES PARTIS ET CE PRESIDENT ONT CRU QUE LA PEUR DE MOURRIR LUI FERA CHANGER D'AVIS MAIS C'EST MAL CONNAITRE LES HARRIRI DONT LE PERE A ETE ASSASSINNE PAR CES MEMES " RESISTANT " A QUI IL FAIT FACE AUJOURDH'UI ET POUR LE SAUVER LIBAN IL A ACCEPTE CE RISQUE C'EST LA PREMIERE GRANDE DEFAITE DE HEZBALLAH A QUI PERSONNE N'A JAMAIS RESISTE JUSQU'A PRESENT VOUS LEUR DONNEZ UNE BELLE LECON DE CIVISME LIBANAIS ME HARRIRI BRAVO ET QUE DIEU VOUS GARDE ( LE MEME DIEU DES CHRETIENS , DES MUSULMANS ET DES JUIFS )

    LA VERITE

    17 h 48, le 31 octobre 2019

  • Au cours de leur entretien, Saad Hariri aurait affirmé à Hussein Khalil que le point d'achoppement majeur des discussions politiques était le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil. Et M. Hariri d'accuser le Hezbollah "de se tenir derrière Bassil et de le soutenir". evidement puisque a la veille de la reunion de la ligue M Bassil a lu le texte que hn lui a impose et qui n'etait pas du tout approuve par le premier ministre ou meme par les ministres eux meme QUE NE FERAIT MR BASSIL POUR LE SIEGE DE SON BEAU PERE Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le chef de l’État "poursuit ses efforts pour faciliter les consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer le futur Premier ministre, avant d'en fixer la date". il n a toujours pas compris ce President que les Libanais ont en marre de conciliabules pour preparer a l'avance quelque chose et discuter du partage du gateau avant de voter pour une loi ou des personnes? Quand cette bizzarerie Libanaise complice de la corruption cessera Mr le President et vous continuez a nier la realite de cette revolte sincere en continuant a agir comme a l'accoutumme DESOLE CAR AU LIEU D'ALLER VITE VOUS PERMETTEZ AUX POLITICIENS D'EGUISER LEURS EPPEES ET DE NOMMER DES GENS A LEUR SOLDE QUI SERONT AUSSI VERREUX QU'EUX CAR DEVANT LEURS POSTE A CES POLITICIENS UNIQUEMENT TRISTE PAYS D'EN ETRE ARRIVE A CE STADE APRES 3 ANS MR LE PRESIDENT

    LA VERITE

    17 h 29, le 31 octobre 2019

  • MALHEUREUSEMENT LA REVOLUTION COMME ON L,ENTEND NE PEUT PAS REUSSIR AU LIBAN. JE L,AI DIT LE PREMIER JOUR ET JE LE REDIS AUJOURD,HUI BIEN QUE J,AI SYMPATHISE AVEC TOUT CE PEUPLE SOULEVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 14, le 31 octobre 2019

  • Quelle catastrophe ce "mandat fort" aura été...

    Gros Gnon

    16 h 45, le 31 octobre 2019

  • Et si on cessait d'accuser Israel de tous nos maux. Si le Hezbollah cessait d'accuser les USA de tous nos maux. Si pour une fois nous admettons que nos maux sont le resultat de nos choix et surtout de notre incapacite a creer une NATION LIBANAISE. Le Hezbollah est la peste et le cholera dont souffre le Liban. Point final!

    sancrainte

    16 h 22, le 31 octobre 2019

  • 3)  Le camp du Président dispose d'une majorité confortable au Parlement , il  a le droit de former un gouvernement formé tout entier de ce camp du 18 Mars , et il aura la confiance immédiate du Parlement . Mais la réaction des manifestants sera encore plus dure . Donc à éviter en pratique , mais si le Président y est acculé, il prendra cette décision historique et décrétera l'Etat d'Urgence sur tout le territoire avec couvre feu .C'est la dernière cartouche dont il dispose pour calmer les ardeurs, mais cela coûterait du sang et des vies et  de plus , les américains , FMI et consorts  ont les moyens de retirer les dollars et les devises du Liban pour  précipiter sa catastrophe , puisque l'économie chez nous a le malheur d'être dollarisée  . Le Président n'y est pas disposé . Sauf en dernier recours . Si Poutine acquiesce , ñe Liban deviendra une deuxième Syrie !  Devant cette impasse générale , le Président pourrait démissionner et laisser le pays à ña dérive , avec tous ces vautours qui se disputeraient sa proie avec des armes sophistiquées , avec une monnaie à la dérive et une guerre civile  encore plus terrible que celle des 17 ans ! Et il y a des parties qui sont disposées à aller dans ce sens , encouragées par israel . Le Président n'a plus de choix que de rester agrippé à son fauteuil a Babbda et attendre calmement que de nouvelles données géopolitiques  surviennent au Moyen.Orient , et à sa place j'appelle Poutine pour consultations .

    Chucri Abboud

    16 h 04, le 31 octobre 2019

  • Selon mom humble avis : Qu 'il soit bien entendu que le président , sous la constitution Taef,  n'a plus les pouvoirs requis pour nommer le premier ministre qu'il a envie de nommer , ni les ministres  - Il est dans une belle impasse : Echec et Mat ! Les 3 alternatives qu'il lui est possible de faire sont les suivantes : 1) Les consultations remettent Hariri sur l'estrade et Hariri forme un gouvernement composé de tous les partis en présence (sauf les FL et Kataeb qui basculent dans l'opposition ) . Mais c'est exactement ce que la démission de Hariri était sensée éviter , car on se retrouverait exactement  dans la même situation que le jour de la démission . 2) Un gouvernement dit de "technocrates" , non politisés , ce qui signifierait écarter  le Hezbollah du pouvoir . Ce qui appellerait immédiatement la rue chiite à l'insurrection et à la guerre civile . Le pays serait scindé en deux  de nouveau ( Mars contre 14 Mars , mais avec des armes et des combats de rues cette fois . A éviter !  

    Chucri Abboud

    16 h 03, le 31 octobre 2019

  • Nous savons que ce parti iranien préfère donner des gifles à ceux qui osent désobéir au "doigt levé" de leur chef...plutôt que d'en recevoir ! Mais parfois, une gifle bien placée et au bon moment peur faire des miracles...non ? Nous l'avons tous expérimenté avec nos enfants. Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 13, le 31 octobre 2019

  • ON EST ARRIVÉ À CE RÉSULTAT AUJOURD'HUI GRACE À SAMIR GEAGEA QUI A AIDÉ AOUN À S'ASSOIR SUR SA CHAISE. GEAGEA ESPÉRAIT NAÏVEMENT À PRENDRE LA RELÈVE. IL L'A EU DANS LE C.....PIRE ENCORE, AOUN EST CAPABLE MAINTENANT DE CHOISIR UN 1ER MINISTRE CARREMENT DE SON BORD. ET CELA PAR LA FORCE PHYSIQUE DE HEZBOLLAH. ET CHACUN IMAGE À SA FAÇON LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT.

    Gebran Eid

    15 h 01, le 31 octobre 2019

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