Le président Michel Aoun entouré hier de la délégation de la Ligue maronite. Photo Dalati et Nohra
C’est avec une lenteur certaine que le pouvoir aborde la question de la formation du nouveau gouvernement. Négligeant la pression exercée par les centaines de milliers de Libanais mobilisés à travers tout le pays depuis le 17 octobre et qui a mené Saad Hariri à jeter l’éponge mardi, ce n’est qu’hier, soit au lendemain de l’annonce du Premier ministre, que le palais de Baabda a publié le traditionnel communiqué dans lequel il affirme que le chef de l’État a chargé le Premier ministre démissionnaire d’expédier les affaires courantes, en attendant la formation d’une nouvelle équipe. Un processus qui semble en outre déjà buter sur de premiers obstacles relevant de la politique politicienne.
Le palais présidentiel n’a, en outre, pas encore fixé de date pour la tenue des consultations parlementaires contraignantes que le chef de l’État, Michel Aoun, doit tenir avec les blocs parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre. Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source proche de Baabda se contente de préciser que le palais attend l’issue des contacts politiques actuellement en cours entre les protagonistes dans la perspective de la nomination du futur Premier ministre. Dans certains milieux proches de la présidence de la République, on confie toutefois que Saad Hariri est donné favori. On précise aussi que le choix de la mise sur pied d’un cabinet de technocrates semble être « le plus avancé ».
C’est d’ailleurs dans le même sens que pourraient aller les propos tenus hier par le président Aoun devant une délégation de la Ligue maronite. « Le Liban se dotera d’un gouvernement composé de personnalités intègres », a-t-il lancé, avant de faire valoir que « le mouvement contestataire a pavé la voie aux réformes importantes. Mais si des obstacles apparaissent, le peuple manifestera à nouveau. »
Sauf que ce nouveau gouvernement semble se heurter à un veto de la part du Courant patriotique libre. Accusant Saad Hariri de l’avoir « trahie » en annonçant sa démission sous l’effet de la pression du mouvement contestataire sans l’en avoir informée à l’avance, la formation de Gebran Bassil serait hostile à un cabinet de spécialistes dirigé par M. Hariri, dans la mesure où ce dernier n’en est pas un. De source proche du CPL, on souligne que M. Hariri est une figure éminemment politique et ne peut par conséquent diriger un gouvernement de spécialistes, tel que réclamé par les manifestants. Les milieux aounistes réagissaient ainsi aux demandes de former un cabinet de technocrates qui exclurait Gebran Bassil, figure impopulaire et cible première des manifestants. En rendant son tablier, Saad Hariri a voulu s’afficher en « héros » répondant favorablement aux demandes d’une rue en ébullition, poursuivent ces sources. Mais il ne peut pas demander à M. Bassil de rester à l’écart de la vie politique, alors qu’il s’apprête à diriger une nouvelle équipe ministérielle, ajoutent les milieux du CPL.
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Geagea, Joumblatt et Gemayel
Il est évident que ce durcissement du ton du CPL est à même de compliquer la mission du prochain Premier ministre, notamment pour ce qui est de la formation d’un cabinet apolitique, même si plusieurs protagonistes se sont montrés favorables à cette option, mais aussi à un retour de Saad Hariri au Grand Sérail. Dans une interview accordée hier à l’agence al-Markaziya, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, n’a pas mâché ses mots à ce sujet. « Nous avons besoin d’un gouvernement d’indépendants composé de personnalités connues pour leur bonne réputation, leur dynamisme et leur capacité à enregistrer des accomplissements », a-t-il dit, précisant que les députés FL nommeront une personnalité apte à former un tel cabinet. Il a ajouté que M. Hariri était le premier choix de sa formation. À son tour, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a plaidé pour la formation d’un cabinet apolitique. Interrogé par l’agence russe Sputnik, il s’est dit favorable à « un gouvernement loin des partis politiques et des figures traditionnelles ». Pour le leader druze, « il s’agit d’une façon de répondre aux demandes des manifestants qui ont brisé les barrières confessionnelles et régionales ».
De même, le leader des Kataëb, Samy Gemayel, hostile au compromis politique conclu entre Michel Aoun et Saad Hariri en 2016, a appelé à ce que le prochain gouvernement soit formé par une personnalité neutre. « Le peuple a demandé un gouvernement composé de personnes compétentes à même de gérer le pays à l’heure actuelle », a rappelé M. Gemayel lors d’une conférence de presse tenue hier au siège de son parti à Saïfi.
Nœud chiite ?
C’est surtout sur le Hezbollah que les regards seront braqués durant la prochaine phase. Et pour cause : la démission surprise de Saad Hariri est contraire à la volonté du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah. Ce dernier avait d’ailleurs formulé un veto catégorique à la chute du régime de Michel Aoun, à tout changement du gouvernement et à la tenue de législatives anticipées, comme l’exigeait le soulèvement populaire. Cela suscite des interrogations autour d’éventuels « nœuds chiites » qui pourraient retarder la formation du cabinet. Pour le moment, le parti entend observer un silence radio, comme le confie à L’OLJ une source proche du parti. La chaîne MTV a toutefois indiqué que, dans les circonstances actuelles, le parti de Hassan Nasrallah est favorable à une équipe ministérielle éminemment politique. Le chef du Parlement, Nabih Berry, quant à lui, a dépêché le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, à la Maison du Centre pour un entretien avec M. Hariri. À l’issue de la rencontre, M. Ferzli a affirmé qu’ « il n’y a pas de divergences profondes au sujet de la reconduction (ou non) de M. Hariri, dans la mesure où il constitue à l’heure actuelle une soupape de sûreté pour les questions financières, économiques et sociales » .
Quoi qu’il en soit, des sources politiques citées par notre correspondante Hoda Chédid confient que M. Hariri propose de former un cabinet neutre respectant le principe du non-cumul des mandats de député et de ministre. De sources concordantes, on estime aussi que la future équipe ministérielle pourrait être formée par une autre personnalité sunnite si M. Hariri échouait à mettre sur pied un cabinet de spécialistes, ou encore un gouvernement politique qui inclurait des technocrates.
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commentaires (9)
desole mon texte est parti sans mes commentaires Le Liban se dotera d’un gouvernement composé de personnalités intègres », a-t-il lancé, avant de faire valoir que « le mouvement contestataire a pavé la voie aux réformes importantes. Mais si des obstacles apparaissent, le peuple manifestera à nouveau. » DONC CLAIREMENT DIT QUE LE PRESIDENT SAVAIT QUE SON GOUVERNEMENT ETAIT COMPOSE DE GENS PAS HONNETTES ET IL A LAISSE FAIRE L'EXCUSE EST PIRE QUE LA FAUTE MR LE PRESIDENT source proche du CPL, on souligne que M. Hariri est une figure éminemment politique et ne peut par conséquent diriger un gouvernement de spécialistes, tel que réclamé par les manifestants. ET VOILA LE GENDRE REVENIR A SA DOCTRINE INSUTANTE DE VOULOIR RECUPERER LES AVANTAGES DONNEES A TAIF AUX SUNNITES CONTRE LES CHRETIENS IL N'A DONC PAS COMPRIS QUE LE PEUPLE EN A MARRE DE CES DIVISIONS RELIGIEUSES ET VEUX QUI QUE CE SOIT A LA CONDITION DE FAIRE DU LIBAN A NOUVEAU UN BEAU PAYS OU IL FAIT BON Y VIVRE ET OU IL Y A DE L'ELECTRICITE 24/24 7/7 , DE L'EAU DANS LES ROBINETS , DES DECHETS BIEN DISPOSES ET DES POLITICIENS QUI NE SE COUVRENT PAS D'ARGENT AU DETRIMENT DU PEUPLE EST CE TROP DEMANDE A CEUX QUI DEPUIS 10 ANS OCCUPPENT CES POSTES ET N'ONT PAS REUSSI A LAISSER LA PLACE A DES GENS QUI ESSAIERONT AU MOINS DE MIEUX FAIRE AVEC A LEUR TETE UN POLITICIEN QUI A LE SOUTIEN POPULAIRE ET LE SOUTIEN DE TOUS LES PAYS Y COMPRIS CEUX DE CEDRE
LA VERITE
17 h 14, le 31 octobre 2019