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Économie - Transports

Soulagées par l’ouverture des routes, les entreprises attendent celle des banques

La BDL écarte la possibilité de la mise en œuvre d’un contrôle des changes et des capitaux.

La route de Jal el-Dib rouverte hier par les manifestants. Photo P.H.B.

Les entreprises du pays – dont neuf sur dix sont des PME – ont connu hier, au lendemain de la démission du Premier ministre, Saad Hariri, leur première journée de calme avec la temporisation du mouvement de contestation massif qui a mobilisé une importante partie de la population libanaise contre sa classe politique (voir page 3). Fermées depuis le 18 octobre, les banques ont prévu d’ouvrir demain. Sur les routes, les conditions de circulation sont redevenues presque normales après que les forces de sécurité et l’armée eurent démonté la quasi-totalité des barricades déployées par une partie des manifestants pour bloquer plusieurs axes routiers principaux et secondaires dans toutes les régions du pays. « Il n’y avait presque plus de blocages hier matin déjà et les distributions de carburant ont repris leur cours normal, même dans les régions les plus affectées par les pénuries », a confirmé à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des propriétaires de stations-service, Samy Brax. De manière générale, le Liban-Nord a été particulièrement affecté, les blocages ayant été plus nombreux et fréquents qu’ailleurs, selon plusieurs témoignages recueillis par L’OLJ.

Employés et taxis

« L’ouverture des routes va également permettre aux ports commerciaux du pays de livrer les conteneurs restés bloqués pendant les événements », a indiqué de son côté une source proche du port de Tripoli, le deuxième après celui de Beyrouth. Il ajoute que le terminal conteneur a néanmoins continué à fonctionner pendant les manifestations. Le port de Beyrouth a, lui, recommencé hier à communiquer les informations concernant la circulation des navires, via l’Agence nationale d’information (ANI). Plusieurs entrepreneurs sous couvert d’anonymat ont cependant indiqué qu’ils étaient désormais contraints de régler tous les frais de dédouanements en espèces.

En dehors des circuits de livraisons entre distributeurs et commerçants, la réouverture des routes va également soulager les employés qui rencontraient d’importantes difficultés pour se rendre sur leur lieu de travail. Un point notamment souligné hier par les associations de commerçants de Jal el-Dib, de Dora et de Bauchrieh dans le Metn, dans un communiqué relayé par l’ANI. Ces trois municipalités jouxtent un tronçon de l’autoroute de la périphérie de la capitale qui a été particulièrement investi par les manifestants. L’association des commerçants de Nabatiyé, une autre région dans le sud du Liban où la circulation a été fortement impactée par les manifestations, a également salué le déblocage des routes.

Un sentiment partagé par les compagnies de taxi qui, selon plusieurs sources concordantes, ont dû rivaliser d’ingéniosité durant les deux dernières semaines. Ces professionnels avaient en effet été obligés d’augmenter leurs prix, pour tenir compte des coûts de carburant et de temps pour les trajets, voire parfois de refuser des courses dans des régions devenues trop difficiles d’accès. Ils espèrent désormais que l’activité retrouve son niveau habituel.


(Lire aussi : Croissance : l’IFI baisse encore ses prévisions pour le Liban


Fonctionnement « normal »

La question de la circulation n’étant plus un problème, du moins pour le moment, les entreprises attendent désormais que les banques rouvrent leurs portes pour pouvoir se projeter, comme l’affirme le président de l’Association des industriels, Fadi Gemayel. « La contrainte principale à laquelle le secteur industriel a fait face est la fermeture des banques, qui a empêché les entrepreneurs d’effectuer des virements bancaires. Le secteur attend également une réponse claire concernant la fixation du taux de change livre/dollar », a indiqué M. Gemayel. « L’AIL comprend la grogne générale et avait déjà proposé au gouvernement des plans pour créer des opportunités d’emploi et générer de la croissance », a-t-il insisté.

L’apaisement – au moins temporaire – de la contestation a convaincu l’Association des banques du Liban (ABL) d’ouvrir les agences bancaires du pays demain et samedi jusqu’à 17h (contre respectivement 14h et midi habituellement), évoquant un fonctionnement « normal ». « La Banque du Liban devrait également ouvrir officiellement demain, même si cela n’a pas encore été annoncé », assure une source bancaire, avant de rappeler qu’une partie des employés du secteur – Banque centrale incluse – avait de toute façon été mobilisée ces derniers jours pour assurer le traitement de certaines opérations d’urgence. Les distributeurs automatiques de billets ont continué d’être alimentés, les virements de salaires des employés du privé ainsi que des fonctionnaires ont été assurés pendant les événements.Les banques se préparent désormais à absorber plus de deux semaines de transactions reportées par les ménages et entreprises. Un véritable défi technique et administratif qui va se coupler à deux autres missions : rassurer les clients inquiets de la situation financière du pays afin qu’ils ne retirent pas leurs économies du système bancaire et assurer assez de liquidités pour permettre aux entreprises de reprendre leurs activités. « Je vais devoir débloquer près de 20 millions de livres en liquide pour pouvoir me faire livrer mes marchandises bloquées au port de Beyrouth depuis trois semaines et payer certains de mes employés qui ne veulent pas se retrouver bloqués avec des chèques », confie un distributeur ayant requis l’anonymat. Le traitement des chèques bancaires a été suspendu pendant toute la période où les banques étaient fermées.


(Lire aussi : Salamé appelle à une « solution immédiate » pour sortir de la crise)



Accessibilité du dollar et minotiers

Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a pour l’instant écarté la possibilité de la mise en œuvre, même temporaire, d’un contrôle des changes et des capitaux, mais cette possibilité a été évoquée hier par Bloomberg comme moyen pour « éviter une fuite des capitaux et défendre la fixation du prix de la livre sur le dollar ». Ce dernier est pour l’instant toujours fixé à 1 507,5 livres officiellement, et 1 515 pour les transactions bancaires.

Mais depuis cet été, la BDL a de fait réduit la quantité de dollars circulant sur le marché, officiellement pour assurer les devises pour payer certaines importations et couvrir les besoins de financement de l’État, alors que la stabilité financière du pays a été fortement fragilisée ces derniers mois suite à la conjonction de plusieurs facteurs.

Une situation qui a provoqué une flambée du prix du dollar au-dessus de 1 700 livres en moyenne chez les changeurs qui sont confrontés à une pénurie de billets verts sur le marché secondaire, ainsi qu’une levée de boucliers de plusieurs secteurs stratégiques, dont les distributeurs de carburant, les importateurs de médicaments et les minotiers. « Rien n’a changé en ce qui concerne les minotiers, qui attendent désormais de voir si les banques vont consentir à débloquer suffisamment de dollars pour leur permettre d’acheter du blé », a indiqué une source proche du dossier. Le rassemblement des producteurs de farine du Liban avait par ailleurs mis en garde dimanche contre une rupture de leurs stocks de blé « d’ici à vingt jours », les producteurs n’ayant pas pu convertir les devises nécessaires en dollars pour payer leurs commandes sur les marchés internationaux. Début octobre, la BDL a tenté d’apporter une réponse à cette « crise du change » en publiant une circulaire (n°530 que L’Orient-Le Jour a détaillée dans son édition du 2 octobre) pour réguler le déblocage de dollars pour les trois secteurs stratégiques qui s’étaient manifestés. Mais le mécanisme, qui donne aux banques le rôle d’intermédiaire avec la BDL, soumet toutes les demandes à l’accord à cette dernière, ou encore oblige les entreprises à bloquer une somme en dollars correspondant à 15 % minimum du montant total de la commande qu’ils veulent faire passer n’a toujours pas été accepté par les minotiers.



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MALHEUREUSEMENT LES CHOSES VONT MAL DE NOUVEAU CAR LES RESPONSABLES ESSAIENT DE TERGIVERSER ET DE JOUER SUR LES MOTS ET LES INTENTIONS. ET LES CONTESTATAIRES Y VEILLENT.

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 49, le 31 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • MALHEUREUSEMENT LES CHOSES VONT MAL DE NOUVEAU CAR LES RESPONSABLES ESSAIENT DE TERGIVERSER ET DE JOUER SUR LES MOTS ET LES INTENTIONS. ET LES CONTESTATAIRES Y VEILLENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 49, le 31 octobre 2019

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