Les ministres et députés membres du Courant patriotique libre ont annoncé lundi avoir officiellement levé le secret bancaire sur leurs comptes, une mesure qui ne convainc pas les dizaines de milliers de manifestants qui sont dans les rues depuis le 17 octobre pour réclamer le départ de la classe dirigeante, avec à leur tête les responsables de la formation fondée par le président de la République Michel Aoun.
Sous le slogan "Tous sans exception ? Nous sommes les premiers à lever le secret bancaire", le bureau politique du CPL, présidé le chef du parti Gebran Bassil, a annoncé l'entrée en vigueur de cette mesure, au cours d'une conférence de presse dirigée par le député Edy Maalouf. L'intitulé de la conférence fait allusion au slogan "Tous sans exception", scandé par les manifestants hostiles au pouvoir, qui réclament le départ de tous les dirigeants actuels sans exception.
Edy Maalouf a rappelé qu'en "application de la décision prise par le bureau politique du CPL prévoyant la levée du secret bancaire sur les comptes des membres de la formation, ministres, députés et vice-présidentes du parti, le 19 octobre 2019, et en accord avec la position du chef de l’État à ce sujet et la levée du secret bancaire sur les comptes du chef du CPL il y a deux ans (...), tous les ministres et députés du CPL ont signé les memorandums" prévoyant la levée du secret bancaire sur leurs comptes.
Dans le document en question, les députés et ministres précisent qu'ils s'abstiennent "totalement de prendre prétexte du secret bancaire dans toute affaire judiciaire à leur encontre pour détournement ou dilapidation de fonds publics, qu'elle soit lancée par la commission d'enquête de la Banque du Liban ou les instances judiciaires compétentes.
Edy Maalouf précise que cette levée du secret bancaire concerne "les comptes au Liban et à l'étranger" et "prévoit l'obtention de relevés bancaires couvrant toute la durée du mandat du député". Il explique ensuite que les députés et ministres du CPL donnent leur feu vert aux banques concernées pour effectuer toute action qu'elles jugent nécessaires dans le cadre de la levée du secret bancaire, et ce sans autorisation préalable.
Le député aouniste affirme que "cette étape marque le début d'une série d'initiatives que le CPL a lancées il y a deux ans et qu'il compte intensifier dans un proche avenir, jusqu'à obtenir la levée du secret bancaire de tous les responsables politiques et des fonctionnaires en charge de l'argent public (...)" "Tous sans exceptions ? En levant le secret bancaire, nous sommes les premiers", conclut le CPL.
(Lire aussi : « O Fortuna », l'édito de Michel Touma)
Les ministres et députés du CPL avait déjà annoncé samedi qu'ils comptaient lever le secret bancaire sur tous les comptes portant leur nom, comme l’avait préconisé le chef de l’État et fondateur du CPL, Michel Aoun. Le parti avait indiqué que les députés de cette formation politique avaient présenté trois propositions de loi au Parlement à ce sujet, ainsi qu’une proposition de loi concernant la levée de l’immunité juridique de tous les ministres, députés et fonctionnaires.
Depuis l’annonce du CPL, plusieurs voix de la société civile et dans la rue se sont élevées pour mettre en exergue "le non-sens" d’une telle initiative. "La levée du secret bancaire ne peut être effective que dans le cadre d’une enquête judiciaire pour enrichissement illicite, fraude fiscale, blanchiment d’argent, trafic de drogue ou autres", avait précisé un avocat à L’Orient-Le Jour. Il avait ajouté que le registre foncier donne déjà des indications sur les propriétaires des actifs immobiliers et le registre de commerce, sur les dirigeants des sociétés et les détenteurs des participations dans ces sociétés. Concernant les comptes bancaires à l’étranger, il a rappelé que le Liban est signataire de l’accord multilatéral sur l’échange automatique d’informations fiscales, qui englobe les comptes bancaires. Reste la question des proches des dirigeants politiques, qui comme l’ont souligné plusieurs représentants de la société civile, n’a pas été abordé par les responsables du CPL.
Réunion chez Berry
Dans ce contexte, une délégation du groupe parlementaire aouniste "Liban Fort" s'est rendue à Aïn el-Tiné et s'est entretenue avec le président du Parlement, Nabih Berry. "Il est temps de faire un pas sérieux vers l'adoption des propositions de loi pour la lutte contre la corruption que notre groupe a formulées, et le président Berry est d'accord avec nous à ce sujet", a souligné le député Ibrahim Kanaan, lors d'un point de presse à l'issue de la réunion.
"La décision a été prise de réactiver le travail des commissions parlementaires et du bureau de la Chambre, et nous espérons que notre réunion aujourd'hui pavera la voie à la bonne marche des institutions de l’État", a ajouté le député aouniste.
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INSUFFISANT ET TROP TARD !! D’autres l’ont fait avant bien avant vous et VOUS SAVEZ DE QUI JE PARLE ... ils l’ont fait même avant de rentrer en fonction de cette façon ils pourront montrer qu’après leur fonction expirer ils n’ont rien voler
21 h 42, le 28 octobre 2019