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À La Une - Contestation

Du Nord au Sud, les Libanais engagés à "rester dans la rue jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues"

Malgré la volonté des autorités de rouvrir les routes de l'ensemble du pays, rien n'a pu entamer la dynamique et l'ampleur de la révolte populaire. 

Des manifestantes signant le drapeau libanais lors d'un rassemblement à Saida, au Liban-Sud, le 26 octobre 2019. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT

Dans toutes les régions du Liban, les manifestants ont répondu pour la dixième journée consécutive à l'appel de la rue. La mobilisation du "samedi des places publiques" (sabet el-sahat, en arabe), comme elle avait été intitulée sur les réseaux sociaux, a attiré des centaines de milliers de personnes, qui se sont rassemblées sur l'ensemble du territoire, de la place el-Alam de Tyr jusqu'aux hauteurs du Akkar, en passant par Nabatiyé, Jal el-Dib, Baalbeck ou Zouk Mosbeh.

Dans toutes ces régions, les manifestants ont déclaré qu'ils resteraient dans la rue jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues et que le gouvernement présente sa démission. 

Le mouvement de contestation avait été lancé jeudi dernier avec l'imposition d'une taxe sur les appels via les applications de messagerie instantanée, qui a rapidement été retirée. Et depuis dix jours, ni les discours politiques, ni le "plan de réformes" présenté par le Premier ministre Saad Hariri, ni la pluie, ni les attaques des partisans de certaines formations politiques n'ont pu entamer la dynamique et l'ampleur de la révolte populaire. 

La journée de dimanche sera marquée par une initiative inédite, lancée par un groupe de quatre jeunes : le lancement à 13h d'une chaîne humaine reliant Tyr (Sud) à Tripoli (Nord) et regroupant des Libanais de toutes confessions et tendances politiques.

(Lire aussi : Ces expatriés qui débarquent à Beyrouth pour manifester…)


Liban-Sud
A Nabatiyé, au Liban-Sud, des dizaines d'habitants de la localité, étaient rassemblés dès l'après-midi, drapeaux libanais à la main, devant le Sérail. Encadré par un fort déploiement des forces de l'ordre et rythmé par des chants patriotiques diffusés par des hauts-parleurs, le rassemblement était contenu par des barrières métalliques afin de permettre le passage des véhicules sur cette place. 

Dans cette ville, fief traditionnel du Hezbollah et du mouvement Amal, les manifestations ont été marquées par plusieurs tentatives de répression de la part de militants de ces partis, qui ont notamment attaqué les personnes rassemblées. Malgré tout, les habitants de Nabatiyé et des villages environnants ont continué à se rassembler, dans le cadre du mouvement lancé jeudi dernier et qui a fait descendre des dizaines de milliers de Libanais dans les rues de tout le pays. En signe de contestation contre les tentatives de répression de ce mouvement, plusieurs membres des conseils municipaux de Nabatiyé et Nabatiyé el-Faouqa ont présenté leur démission.

Jeudi, des manifestants rassemblés à Nabatiyé s'étaient montrés plutôt critiques face au discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Dans sa seconde prise de parole en moins d'une semaine, le leader chiite avait déclaré que le mouvement de contestation n'est plus "un mouvement populaire spontané", mais qu'il est financé par des parties étrangères et mené par certaines formations politiques souhaitant en tirer profit. Depuis son premier discours, le chef du Hezbollah refuse la démission du gouvernement, une des principales revendications des manifestants.

Dans le village voisin de Kfar Remmane, une procession a réuni quelques centaines de personnes.

A Tyr, le mouvement était beaucoup moins suivi que les jours précédents, au lendemain du discours de Hassan Nasrallah et alors que l'armée avait ouvert par la force les rues menant au centre de la ville. Mais des centaines de personnes étaient malgré tout présentes sur la place el-Alam de Tyr, sous haute surveillance des militaires. 


(Lire aussi : Semaine I : flash-back en huit images)



Baalbeck 
"Silmiyé, Silmiyé" (pacifique), "Révolution", répétaient les manifestantes à Baalbeck, faisant écho aux protestataires de Beyrouth et des autres villes du pays. La procession de femmes, qui a marché de la citadelle vers la place Moutrane dans le centre de la ville, où se déroulent les manifestations quotidiennes, ont entonné en chœur l’hymne national, selon des participantes. Elles ont ensuite offert des roses blanches aux soldats de l’armée et des forces de sécurité qui les encadraient. "Il s’agit d’une initiative de la société féminine de Baalbeck pour faire entendre sa voix", a affirmé à L'Orient-Le Jour une des participantes. Un rassemblement plus large des habitants de la ville s’est déroulé en fin d’après-midi sur la place Moutrane, où les manifestations ont lieu quotidiennement. Les manifestants ont répété "Kellon Yaani Kellon" (Tous sans exception) et "Le peuple veut la chute du régime" . "Nous ne sommes pas financés par l’étranger", affirmaient les contestataires, en réaction au discours de Hassan Nasrallah qui avaient accusé les manifestants de recevoir des fonds de parties étrangères.

La veille, un convoi de voitures brandissant les drapeaux du Hezbollah avait sillonné les rues de Baalbeck après le discours de son secrétaire général, passant devant la place, ce qui avait provoqué une certaine tension.

Les rassemblements dans la région de Baalbeck avaient commencé le 17 octobre sur le rond-point de Douris, à l’entrée de la ville, mais les manifestants ont été rejoints par des groupes réclamant l’amnistie générale, notamment pour les personnes recherchées par la justice pour trafic de drogue ou autre, selon certains habitants. Les manifestants pacifiques de la ville ont alors décidé de se regrouper sur la place Moutrane, alors que les personnes réclamant l’amnistie continuent de se rassembler sur le rond-point de Douris. Jeudi, une tentative de perturber le rassemblement pacifique de la ville de Baalbeck s’était produite à l’initiative d’un trafiquant de drogue notoire recherché, Nouh Zeaïter, selon des habitants ayant requis l’anonymat qui estiment qu’il serait encouragé en sous-main par le Hezbollah.


Liban-Nord
A Tripoli, l'ambiance et la foule étaient toujours au rendez-vous sur la place el-Nour, devenue un symbole de la révolte populaire libanaise. 

Des rassemblements étaient également organisés dans de nombreuses localités du Liban-Nord, notamment à Halba et Abdé dans le Akkar, où de nombreux habitants réclamaient "le départ de tous les responsables politiques et la traduction en justice des corrompus". Les manifestants ont assuré qu'ils resteraient mobilisés "jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues". Ils ont salué dans leurs slogans et discours l'armée libanaise qui "garantit la protection et la sécurité" des contestataires, affirmant que "personne ne pourraient causer de dissensions entre l'armée et les habitants du Akkar". 

A quelques kilomètres de là, toutefois, plusieurs personnes ont été blessées en fin d'après-midi, dans les rangs de l'armée et parmi les manifestants, lorsque la troupe a tiré en l'air pour disperser le rassemblement installé au milieu de la route reliant Tripoli à Minié et au Akkar. Selon un communiqué de l'armée, ces tirs ont été provoqués par des jets de pierres et de pétards, lancés dans leur direction par des manifestants. 

Depuis jeudi dernier, la plupart des grandes voies de circulation du Liban sont coupées par des barrages de fortune installés par les manifestants, qui réclament la chute du pouvoir en place accusé de corruption, et des solutions à la crise socio-économique que connaît le pays. Dans la matinée de samedi, les forces armées ont tenté d'ouvrir ces routes à plusieurs endroits, notamment le long de l'autoroute menant vers le Nord, la voie express du Ring à Beyrouth, ou encore l'intersection dite "Chevrolet" à Furn el-Chebbak, à l'entrée-est de la capitale, provoquant des tensions avec les manifestants. En plusieurs endroits, comme à Okaïbé, localité côtière située peu avant Jbeil (au nord de Beyrouth), les forces de l'ordre ont fini par quitter les lieux, laissant les manifestants investir l'autoroute.


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commentaires (2)

THAWRA YE3NE THAWRA ! KELLON YE3NE KELLON !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 58, le 27 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • THAWRA YE3NE THAWRA ! KELLON YE3NE KELLON !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 58, le 27 octobre 2019

  • Hassan a pris tellement goût à la saveur de l'argent des "paroles de dieu" qu'il n'arrive plus à comprendre que des patriotes Libanais de tout bord ont eux plutôt goût à la liberté à l'honnêteté et à une patrie réelle et indépendante.

    Wlek Sanferlou

    22 h 40, le 26 octobre 2019

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