Depuis le début des manifestations, le 17 octobre dernier, des dizaines d’expatriés libanais rentrent à Beyrouth pour quelques jours, afin de prendre part au mouvement. Ils viennent de Dubaï, du Qatar ou encore de Paris et sont mus par une volonté de prendre part au changement.
Sabine Haddad, 29 ans, a débarqué jeudi soir à Beyrouth en provenance de Dubaï. Elle faisait partie des voyageurs qui ont entonné dans l’avion, sur une vidéo devenue virale, l’hymne national libanais. « Je regardais les nouvelles sans arrêt, je ne dormais plus. J’ai donc décidé de venir pour quelques jours à Beyrouth », raconte-t-elle à L’Orient-Le Jour. « A l’aéroport, j’ai croisé une autre Libanaise qui criait « thawra ! » (révolution) et qui venait également à Beyrouth. J’ai alors appris qu’une dizaine de Libanais prenaient le même vol que moi pour participer aux manifestations ici », ajoute-t-elle.
« C’était impressionnant de voir que les gens avaient tous pris des billets au même moment, alors qu’ils ne se connaissaient pas. Dès mon arrivée, je suis descendue à la manifestation à Beyrouth et tous les autres passagers ont fait de même, confie la jeune femme, qui repart ce soir. On se sentait inutiles là-bas, nous sommes donc venus pour que le pays bouge".
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Rami Jibahi, 47 ans, vit et travaille au Qatar depuis plusieurs années. Activiste depuis son plus jeune âge, il n’a pas supporté d’être loin du pays, au moment où toutes ses connaissances prenaient part aux manifestations. « J’étais littéralement en ébullition là-bas. Je me sentais impuissant. Il fallait au moins que je soutienne les jeunes », explique Rami. Arrivé dans la nuit de samedi à dimanche, il repart demain, mais affirme avoir fait son « devoir ». « Il s’agit d’une révolution. C’est tout un système que les gens veulent changer. Attention aux négociations qui feront perdre sa force au mouvement », met-il cependant en garde.
Comme beaucoup d’autres Libanais installé à Paris, Van Meguerditichian, 32 ans, n’a pas hésité non plus à prendre l’avion en direction de la capitale libanaise. Il assure que des dizaines de Libanais vivant en France ont débarqué dans la capitale entre hier et aujourd’hui, en fonction des différents vols desservant Beyrouth. « Je connais plus de 40 personnes qui viennent d’arriver de Paris pour prendre part aux manifestations. J’en connais des centaines d’autres qui aimeraient venir aussi de Paris ou de Bruxelles, mais elles ne peuvent pas le faire maintenant, faute de moyens », raconte Van.
Van fait partie des Libanais qui ont manifesté à Paris, en soutien à la rue libanaise. « Nous n’avions pas de drapeaux libanais quand nous avons lancé la première manifestation. Nous avons fait le tour des restaurants libanais de Paris pour en trouver quelques-uns », confie-t-il. « C’est la première fois que je vois des personnes âgées de moins de 30 ans prendre part à de telles manifestations », ajoute Van.
Tout juste arrivée cet après-midi à Beyrouth en provenance de Paris également, Haya n’est même pas encore rentrée chez elle. « J’ai pris un drapeau libanais et je me prépare à rejoindre les manifestants. Si je suis expatriée, c’est parce que je n’ai plus le courage de vivre ici, mais j’aimerais rentrer au pays, confie la jeune femme. J’espère vraiment que le gouvernement va nous écouter et arrêter de maintenir le statu quo ».
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commentaires (4)
N’ayant aucune perpective et ne pouvant pas se projeter dans l’avenir, nos enfants, diplômé en poche partent travailler aux 4 coins de la planète en espérant obtenir la naturalisation d’un pays qui besoin de gens compétents et de tètes pensantes. Contraire de passé dans leur pays de naissance qui fait tout pour vider le pays de ses élites et pouvoir étendre leur dictature sur ceux par manque de moyens ou par idéologie sont restés en espérant secrètement qu’un miracle ait lieu. Et le miracle fût. Le retour de ces jeunes prouve que le Liban n’est pas passé aux oubliettes comme ´espéraient les traitres et cupides de notre nation. Ils reviennent participer à la renaissance de notre pays. Que vivent les Libanais et le Liban uni pour toujours.
Sissi zayyat
21 h 48, le 26 octobre 2019