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Liban - Metn

À Mazraat Yachouh, retour au calme hier matin après une nuit de violences

Les manifestants dénoncent des « pratiques miliciennes de partisans du Courant patriotique libre ».


Les manifestants réunis, il y a quelques jours, à Mazraat Yachouh. Photo DR

Au lendemain d’une nuit violente, marquée par des heurts entre des éléments armés et des protestataires pacifistes, l’emplacement du sit-in aménagé sur la route principale menant à Bickfaya semblait bien calme hier matin à Mazraat Yachouh. La surveillance plutôt discrète de quelques soldats tranchait avec la mobilisation intense de l’important escadron qui s’était déployé la veille lorsque, vers 21h, des éléments armés avaient fait irruption sur le site, blessant plusieurs personnes, dont des femmes et une fillette. Réunis en plusieurs groupes à l’ombre de bâches, des contestataires installés sur des chaises en plastique écoutent la radio d’une oreille distraite, comme s’ils savaient déjà que le discours du président de la République prévu à midi et reporté à 13h30 n’allait rien changer à leur détermination à vouloir faire tomber tous les dirigeants. Élie, 50 ans, est convaincu qu’il s’agira d’une « piqûre de morphine incapable de calmer les Libanais ». « Quelles que soient les propositions que le président de la République avancera, nous voulons une seule chose : le départ de tous les responsables », clame-t-il, aussitôt approuvé par Carlos Bou Ghannam, 22 ans.

Quand on les interroge sur la crainte de certains, à travers le pays, que le vide pourrait faire exploser le pays si leurs revendications venaient à être satisfaites, les deux hommes, rejoints par Nadim, 28 ans, et Rana, 20 ans, interrogent en chœur : « Y a-t-il un vide plus grand que le vide actuel ? » Quant au spectre de l’effondrement de la livre, il ne semble pas davantage les effrayer. « Le naufrage aura lieu tôt ou tard. Autant que ce soit nos protestations qui le causent, plutôt qu’il ne survienne après qu’ils eurent achevé de nous dépouiller », martèle Carlos. « Je veux la démission du gouvernement et du président », insiste-t-il, jugeant que « le chef de l’État ne doit pas être choisi parmi les chefs de parti quels qu’ils soient ».


(Lire aussi : Un discours en deçà des attentes, le commentaire d'Elie FAYAD)


Une attaque-surprise
Et d’affirmer à cet égard que les hommes qui ont attaqué mercredi « ce lieu névralgique du Metn » sont « des aounistes qui se sont comportés d’une manière encore pire que des milices ». « Ils nous ont pris par surprise, alors que nous écoutions tranquillement des chants nationaux, tout en dégustant des sandwiches et fumant le narguilé », raconte Nadim, le genou bandé. « Une quinzaine de véhicules tout-terrain ont soudain fait irruption », poursuit-il, ajoutant que « des trois premiers sont descendus des hommes habillés de vestes portant la mention Sûreté de l’État ». « Ils ont ouvert la voie aux passagers des autres Jeep qui se sont rués sur nous à coups de bâton, semant le désarroi, notamment auprès d’une fillette de sept ans qui cherchait ses parents dans la mêlée », poursuit-il, avant de noter avoir vu l’un des attaquants « la relever sauvagement par les cheveux ». Carlos indique que la petite a été blessée à la tête et emmenée par la Croix-Rouge libanaise.


(Lire aussi : « Il est temps que Michel Aoun aille se reposer... »)


Toujours pas remis de l’attaque-surprise, les jeunes racontent aussi que « les agresseurs ont endommagé des voitures et détruit des tentes et des chaises, avançant comme prétexte le fait que le portrait du président a été déchiré ». Sauf que ledit portrait, offert par la municipalité de Deir Chaar, est toujours intact et bien en vue sur l’artère principale.

« L’armée est alors intervenue », poursuivent-ils, déplorant à l’unanimité que tout en voulant les protéger, les soldats les ont fait reculer plutôt que de chasser les agresseurs. « Les militaires ont établi un cordon humain pour nous séparer, mais il aura fallu plus de 45 minutes pour que les aounistes désertent les lieux, non sans avoir scandé le slogan “Dieu, le Liban, Aoun seulement”. » Les manifestants, disent-ils, leur ont répondu en entonnant l’hymne national avec des manifestants venus de Jal el-Dib pour se solidariser avec eux.

Après le départ des militants aounistes, les contestataires ne se sont pas retirés pour autant, des informations ayant circulé selon lesquelles des partisans du Parti syrien national social (PSNS) venant de Dhour Choueir (Metn) se préparaient à faire une incursion dans leurs rangs. Il n’en a rien été et les manifestants auront tout de même veillé sur place toute la nuit, comme pour montrer que rien ni personne ne parviendra à les intimider.


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Au lendemain d’une nuit violente, marquée par des heurts entre des éléments armés et des protestataires pacifistes, l’emplacement du sit-in aménagé sur la route principale menant à Bickfaya semblait bien calme hier matin à Mazraat Yachouh. La surveillance plutôt discrète de quelques soldats tranchait avec la mobilisation intense de l’important escadron qui s’était déployé la...

commentaires (1)

"... des hommes habillés de vestes portant la mention Sûreté de l’État..." Normal. Le leader du CPL habite à 200m de là. C’est vraisemblablement les hommes de sa sécurité rapprochée officielle. Maintenant la question est: que faisaient-ils là, et que cherchaient-ils exactement? A provoquer la foule pour qu’elle aille manifester 200m plus loin?...

Gros Gnon

12 h 36, le 25 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • "... des hommes habillés de vestes portant la mention Sûreté de l’État..." Normal. Le leader du CPL habite à 200m de là. C’est vraisemblablement les hommes de sa sécurité rapprochée officielle. Maintenant la question est: que faisaient-ils là, et que cherchaient-ils exactement? A provoquer la foule pour qu’elle aille manifester 200m plus loin?...

    Gros Gnon

    12 h 36, le 25 octobre 2019

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