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Liban - Reportage

À Nabatiyé, la détermination des manifestants n’a pas baissé d’un iota

Au lendemain des attaques, les protestataires sont revenus dans la rue. Ils affirment qu’ils y resteront jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

À Nabatiyé, les militaires ont formé un rempart entre les protestataires et les sympathisants et partisans du Hezbollah et du mouvement Amal. Photo Ahmad Mantach

Au lendemain des attaques menées par des fonctionnaires du conseil municipal de Nabatiyé contre les manifestants qui occupent la rue depuis le 17 octobre, et qui ont fait 25 blessés, la détermination des protestataires n’a pas baissé d’un iota. En ce jeudi, comme chaque matin, ils ont réoccupé la chaussée armés de leur courage et de leur détermination à y rester jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Contrairement aux jours précédents toutefois, ils ont décidé de se diriger en un seul groupe vers la place du rassemblement devant le sérail de la ville.

Entonnant des chants patriotiques et l’hymne national tout en brandissant le drapeau libanais, ils ont marché en procession vers la ville. « À bas le règne des voyous, le peuple est une ligne rouge », les « 128 (députés) tous des voleurs » et « l’État est devenu une blague », scandait la foule en traversant les centaines de mètres qui mènent à la place devant le sérail de Nabatiyé. Ils ont été rejoints par des protestataires venus de différentes régions (Saïda, Beyrouth, Baalbeck, Tyr…) pour exprimer leur soutien aux habitants de Nabatiyé. Force est de constater que l’armée s’était déployée en force et a formé un rempart humain entre les protestataires et les partisans et sympathisants du Hezbollah et du mouvement Amal.


(Lire aussi : Un discours en deçà des attentes, le commentaire d'Elie FAYAD)


« Les événements d’hier (mercredi) ont renforcé notre détermination à poursuivre notre révolution jusqu’à la fin, affirme une manifestante. Désormais, ils ont peur pour leurs postes. Nous ne faisons plus confiance au conseil municipal et aux fonctionnaires de la municipalité qui sont de la région et qui nous ont attaqués. »

Assurant que les manifestants ne se laisseront pas intimider, la jeune femme souligne qu’« ils (les agresseurs) n’ont plus d’excuses, puisque nous avons accepté de rouvrir la route et de rester dans la zone qui nous est réservée. Si de nouvelles agressions ont lieu, cela signifie qu’ils cherchent à museler l’expression libre. »

La manifestation ne s’est toutefois pas déroulée sans heurts. Vers midi, des inconnus venus à bord de deux voitures aux vitres fumées ont essayé de s’infiltrer parmi les manifestants. Les militaires déployés dans la région sont intervenus immédiatement pour calmer la scène. L’une des deux voitures a toutefois insisté à se frayer un passage au milieu de la foule qui l’a rapidement encerclée. Il a fallu l’intervention du directeur du bureau des services de renseignements de l’armée de la région pour faire baisser la tension.Fait marquant : quatre élus municipaux ont décidé hier, en signe de protestation contre la répression des manifestations, de démissionner. Il s’agit de Abbas Wehbé, Ahmad Daher, Mohammad Sabbah et Tarek Bitar. Deux fonctionnaires de la municipalité de la localité voisine de Nabatiyé el-Fawqa, Haytham el-Azzi et Walid Ghandour, ont également présenté leur démission pour les mêmes motifs.


(Lire aussi : Démission du gouvernement, élections anticipées : que dit la Constitution ?)


Indignation et douleur
Oum Khaled n’arrive pas à cacher son indignation, encore moins sa douleur, elle qui durant les pires années de la guerre et de l’occupation israélienne accueillait les combattants dans sa maison, les logeait et les nourrissait. Elle se dit triste de se voir malmenée et traînée par terre par des habitants de son village, au lieu d’être saluée et honorée pour tous les sacrifices qu’elle avait consentis durant la guerre, d’autant que sa famille compte des « martyrs » et des « prisonniers dans les geôles israéliennes ».

Même son de cloche chez Faten, qui a eu son lot de coups mercredi. « Est-il possible que nous les patriotes, qui avons refusé de quitter Nabatiyé durant les pires années, soyons foulés au pied ? » se demande-t-elle, en refoulant ses larmes.

Ayyad est l’un des 25 blessés. L’épaule bandée après avoir été déboîtée par les agresseurs, il a refusé de rester chez lui. « Nous ne sortirons de la rue que lorsque nos demandes seront satisfaites, même s’ils veulent nous y enterrer vivants », lance-t-il.

Se relayant au micro, des protestataires ont salué « leurs frères dans le combat » dans les différentes régions. Ils ont aussi adressé des messages politiques aux différentes parties, refusant d’être accusés d’être des « agents israéliens », des « traîtres » ou d’« œuvrer pour le compte des Forces libanaises ». Ils ont affirmé être des « patriotes indépendants, qui ne suivent aucun leader communautaire ou chef de parti ».


(Lire aussi : « Il est temps que Michel Aoun aille se reposer... »)


Démission de six élus municipaux
À l’instar de l’ensemble des manifestants dans différentes régions, les protestataires de Nabatiyé ont eux aussi rejeté les propositions faites par le chef de l’État Michel Aoun dans son discours d’hier, réitérant leurs revendications : chute du régime, démission du gouvernement et du Parlement, poursuite en justice des corrompus et restitution des deniers publics.

Vers 17h, ils ont sillonné les rues de la ville dans des convois de voitures. En passant devant le siège de la Banque du Liban, ils ont scandé : « À bas, à bas le règne des banques. » En début de soirée, ils ont été rejoints par un groupe d’artistes – qui se sont également rendus à Saïda – venus leur exprimer leur solidarité. Ensemble, ils ont entonné l’hymne de la révolution sur l’air de l’hymne de la joie de Beethoven.

À 20h, les contestataires se sont retirés de la place, le conseil municipal les ayant avertis qu’ils ne pouvaient y passer la nuit. Ils ont alors décidé de rejoindre la manifestation à Kfar Remmane...


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Au lendemain des attaques menées par des fonctionnaires du conseil municipal de Nabatiyé contre les manifestants qui occupent la rue depuis le 17 octobre, et qui ont fait 25 blessés, la détermination des protestataires n’a pas baissé d’un iota. En ce jeudi, comme chaque matin, ils ont réoccupé la chaussée armés de leur courage et de leur détermination à y rester jusqu’à ce que...

commentaires (2)

MALGRE LES ATTAQUES LE PEUPLE CHIITE LIBANAIS LIBRE N,A PAS DECOLERE. IL A BRAVE L,INIQUITE PERSIQUE. UNE PREMIERE. BRAVO !

LA LIBRE EXPRESSION

00 h 54, le 25 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • MALGRE LES ATTAQUES LE PEUPLE CHIITE LIBANAIS LIBRE N,A PAS DECOLERE. IL A BRAVE L,INIQUITE PERSIQUE. UNE PREMIERE. BRAVO !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 54, le 25 octobre 2019

  • c'est dommage vraiment dommage que le hezb n'est pas suivis le peuple comme l'ont fait les FL … si le hezb était descendu aussi pacifiquement le gouvernement n'aurait pas tenu ne serait ce qu'une heure de plus le seul pb c'est que, et la vous allez etre tous d'accords car preuve en est, n'est pas maitre de ces decisions strategique peut etre opérationnelle oui mais pas strategique est c'est vraiment dommage

    Bery tus

    00 h 46, le 25 octobre 2019

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