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Économie - Change livre/dollar

Grève des distributeurs de carburant : un accord définitivement trouvé ?

Une importante portion de propriétaires de stations-services ont arrêté de servir les automobilistes pendant plusieurs heures hier.

Les automobilistes libanais n’ont pas pu se fournir en carburant pendant plusieurs heures hier. Photo P.H.B.

Les axes routiers dans plusieurs villes du pays ont une nouvelle fois été encombrés hier par des centaines d’automobilistes libanais cherchant à faire le plein après l’ordre de grève ouverte lancé par les organisations représentant les propriétaires de stations-services et de camions-citernes, et soutenu par les importateurs de carburant. Dans certaines stations-services, le personnel a été jusqu’à bloquer les accès aux pompes. Dans la soirée, les importateurs de carburant ont finalement affirmé qu’une solution définitive à leurs difficultés provoquées par le resserrement de la quantité de dollars sur le marché local avait été trouvée suite à une réunion au Grand Sérail avec le Premier ministre, Saad Hariri, et ont confirmé être d’accord pour que le carburant livré puisse être réglé en livres libanaises. Si les stations-services, en grande partie, avaient repris une activité normale peu après l’annonce, leur syndicat a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’elles attendaient toujours un engagement écrit du ministre de l’Économie et du Commerce imposant la livre comme monnaie par défaut pour les règlements des factures de carburant sur le territoire pour officiellement lever l’ordre de grève. « Nous espérons avoir des nouvelles au plus vite », a confirmé le président de ce syndicat, Sami Brax. Peu avant minuit, il a toutefois annoncé la suspension de la grève, soulignant que le syndicat allait poursuivre ses contacts avec le Premier ministre dans les prochains jours, afin d’obtenir l’engagement écrit qu’il exige.


Timing de la grève

Ce nouvel épisode du bras de fer entre l’État et les distributeurs de carburant intervient dans un contexte tendu lié à la dégradation de la situation économique du pays, combinée à un resserrement de la circulation de dollars sur le marché local, où le billet vert cohabite avec la livre depuis 1997 à un taux fixé par la Banque du Liban (1 507,5 livres pour un dollar). Officiellement, ce resserrement a été décidé par la BDL pour couvrir les importations stratégiques et pour assurer les besoins de financement de l’État. Or la raréfaction du dollar provoquée par cette décision a logiquement provoqué une hausse de son prix chez des changeurs de moins en moins fournis, au-delà de 1 600 livres et jusqu’à 1 650 livres hier, selon Sami Brax. Cette situation mobilise depuis fin août plusieurs secteurs qui payent leurs fournisseurs en dollars, mais encaissent tout ou partie de leurs recettes en livres, comme les minotiers, les importateurs de médicaments ou les distributeurs de carburant.

Au début du mois, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a mis en place un mécanisme (circulaire n° 530 que L’Orient-Le Jour a détaillée dans son édition du 2 octobre) ambitionnant d’assurer et de réguler, avec l’intermédiaire des banques, le déblocage des dollars demandés par ces trois secteurs, mais à des conditions plus contraignantes : le texte donne notamment à la banque centrale le pouvoir de valider les demandes et impose le paiement d’une commission de 0,5 % sur chaque opération, sans préciser si elle doit être payée par les banques ou les importateurs.

Mais le mécanisme, que le gouverneur de la BDL a affirmé hier ne pas vouloir modifier, n’a pour l’instant pas convaincu grand monde, en commençant par les minotiers qui ont affirmé cette semaine craindre une « crise du pain », tandis que la hausse du prix de la farine provoquée par cette situation a mobilisé les syndicats de boulangers qui prévoient de faire grève lundi. Discrets depuis le début de la crise, les importateurs de médicaments se sont, eux, réunis jeudi avec le président Aoun pour évoquer leurs propres difficultés. Les distributeurs de carburant ont pour leur part menacé à plusieurs reprises de faire grève depuis fin août, sans pour autant se mobiliser à chaque fois, ni de façon uniforme. La problématique pour ces derniers est double. D’une part, les importateurs estiment que si la circulaire n° 530 réglait les problèmes de devises pour les commandes à venir, elle ne proposait pas de solution pour celles effectuées entre le moment où le dollar a commencé à se faire plus rare sur le marché et la publication de la circulaire n° 530. « Il semble qu’un accord ait été trouvé sur ce point hier », croit savoir Sami Brax. D’autre part, les autres acteurs, comme les propriétaires de stations-services, de camions-citernes et autres intermédiaires, attendent, eux, que le gouvernement impose que le carburant acheté au Liban soit payé en livres pour éviter de se retrouver pris en otage par les importateurs.

Il reste que la grève d’hier, qui a mobilisé pendant plusieurs heures une importante portion de propriétaires de stations-services, toutes enseignes confondues, mais qui s’est rapidement délitée après l’annonce des résultats de la réunion au Grand Sérail, a naturellement irrité une partie de la population libanaise qui subit également les conséquences de la raréfaction du dollar sur le marché. Un sentiment renforcé, selon certains messages captés sur les réseaux sociaux, par le timing de la mobilisation d’hier : juste avant le week-end, comme l’ordre de grève d’abord avorté puis suivi en ordre dispersé une semaine plus tôt.


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LE LIBAN GLISSE VERS L,INCONNU ET CHACUN TIRE LE MATELAS VERS LUI.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 03, le 12 octobre 2019

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  • LE LIBAN GLISSE VERS L,INCONNU ET CHACUN TIRE LE MATELAS VERS LUI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 03, le 12 octobre 2019

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