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À La Une - Conflit

La Turquie annonce le début de la phase terrestre de son offensive en Syrie

Les FDS affirment avoir "repoussé" l'offensive.


Frappes sur Ras al-Aïn, le 9 octobre 2019. AFP / Delil SOULEIMAN

La Turquie a lancé mercredi, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, suscitant une volée de critiques internationales et des menaces de sanctions américaines.

Mercredi, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, ont été bombardées par l'aviation et l'artillerie turques. Le ministère turc de la Défense a annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l'opération.  "Les forces aériennes et l'artillerie ont jusqu'ici frappé 181 cibles appartenant au groupe terroriste", a précisé le ministère sur Twitter vers 21h00 GMT.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), ont affirmé de leur côté mercredi soir avoir "repoussé" l'offensive turque, dont l'objectif est d'éloigner de la frontière les YPG.  L'assaut turc a d'ores et déjà fait 15 morts dont 8 civils, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ajoutant que des "milliers de déplacés" fuient les zones bombardées.

Le président américain Donald Trump a estimé que l'opération d'Ankara était "une mauvaise idée", tout en espérant que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan agisse de manière "rationnelle" et aussi "humaine" que possible. En début de semaine, c'est pourtant le retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie et les déclarations contradictoires de la Maison blanche qui ont ouvert la voie à l'offensive.

Deux sénateurs démocrate et républicain ont dévoilé mercredi une proposition visant à sanctionner très sévèrement la Turquie si elle ne retire pas son armée. Ce projet imposerait au gouvernement de Donald Trump de geler les biens aux Etats-Unis des plus hauts dirigeants turcs, imposerait des sanctions à toute entité étrangère qui vendrait des armes à Ankara, et viserait aussi le secteur énergétique turc. Poids lourd des Républicains et proche de M. Trump, le sénateur Lindsey Graham l'a accusé d'avoir "honteusement abandonné les Kurdes" et s'est dit favorable à ce qu'"Erdogan paie très cher".

L'offensive turque sera au centre d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU jeudi.

A Ras al-Aïn, un correspondant de l'AFP a entendu une forte explosion et vu s'élever de la fumée tout près de la frontière, ajoutant que des avions survolaient le secteur. Des tirs d'artillerie visent en continu la ville, provoquant la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs, a-t-il constaté.

Equipés de lance-roquettes, des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, se sont déployés dans la ville, selon le correspondant de l'AFP.


"Mobilisation générale"

Les médias turcs ont rapporté que huit projectiles tirés par les YPG étaient tombés sur les villes turques frontalières d'Akçakale et de Nusaybin, sans faire de victime.

L'offensive de la Turquie est la troisième en Syrie depuis 2016. Elle ouvre un nouveau front dans un conflit qui a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés depuis 2011. "Les Forces armées turques et l'Armée nationale syrienne (ANS, une coalition financée et entraînée par la Turquie soutenus par Ankara, ndlr) ont débuté l'opération +Source de paix+ dans le nord de la Syrie", a annoncé M. Erdogan sur Twitter.

Au moins 18.000 combattants syriens supplétifs d'Ankara - faisant partie de factions regroupées au sein de l'ANS - ont été mobilisés pour participer à l'offensive, a affirmé mercredi un de leurs porte-parole.

L'offensive doit permettre la création d'une "zone de sécurité" destinée à séparer la frontière turque des positions kurdes et accueillir des réfugiés, a dit M. Erdogan. Le ministère turc de la Défense a assuré que tout était fait pour éviter les pertes civiles. Les YPG sont considérées par Ankara comme une organisation "terroriste", pour leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK)

Quelques heures avant le début de l'offensive, les Kurdes de Syrie, confrontés aux atermoiements de leur allié américain, avaient décrété une "mobilisation générale", tout en appelant Moscou à intervenir pour faciliter un dialogue avec Damas.


Tollé

Le déclenchement de l'offensive a été fermement condamné par plusieurs pays qui craignent un chaos susceptible d'ouvrir la voie à un retour en force de l'EI, et qui fait planer l'incertitude sur le sort des jihadistes prisonniers des YPG.

Le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, a appelé les pays européens à "reprendre" leurs ressortissants ayant intégré l'EI et aujourd'hui détenus par les forces kurdes.

Paris a "très fermement" condamné l'incursion turque, qui "doit cesser". Même exigence du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. L'Allemagne a estimé que l'opération risquait "de provoquer une résurgence" de l'EI, et Londres a dit sa "sérieuse préoccupation". Avant le déclenchement de l'offensive, le président russe Vladimir Poutine avait appelé M. Erdogan à "bien réfléchir". L'Egypte a pour sa part jugé cette "attaque inacceptable" et Ryad a condamné "l'agression" de la Turquie en Syrie.

Amnesty International a souligné qu'"à la fois les forces turques et kurdes" avaient, "dans le passé, mené des attaques aveugles en Syrie" ayant "fait de nombreuses victimes parmi les civils". L'ONG a exhorté à faire en sorte que "cela ne se reproduise pas". Le pouvoir de Damas s'est engagé à "contrecarrer toute agression" de la Turquie, se disant prêt à "accueillir dans son giron" la minorité kurde.

Longtemps marginalisés et victimes des discriminations du pouvoir central, les Kurdes ont réussi à instaurer une autonomie de facto à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.




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La Turquie a lancé mercredi, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, suscitant une volée de critiques internationales et des menaces de sanctions américaines.Mercredi, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, ont été bombardées par...

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Malheureusement pour les kurdes, l'accord de Sykes Picot les a séparé dans 4 pays differents et les a condamné à une lutte continue pour s'unir. Tout comme le Liban qui fût écartelé par les tensions régionales et se voit condamné à une lutte continue pour s'unir!!

Wlek Sanferlou

18 h 56, le 09 octobre 2019

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Commentaires (8)

  • Malheureusement pour les kurdes, l'accord de Sykes Picot les a séparé dans 4 pays differents et les a condamné à une lutte continue pour s'unir. Tout comme le Liban qui fût écartelé par les tensions régionales et se voit condamné à une lutte continue pour s'unir!!

    Wlek Sanferlou

    18 h 56, le 09 octobre 2019

  • INCHALLAH LE DEBUT DE LA FIN DU DESPOTE ERDO. HONTE A L,AMERIQUE QUI A LACHE LES KURDES SES ALLIES. HINTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 41, le 09 octobre 2019

  • On avait prévenue que les USA se désengager du MO en accords ou connivence avec les russe !! De toutes les façons on a jamais cru qu’ils aidaient les pays à recouvrez leur démocratie les américains font comme n’importe quelle pays au monde protégeant ces intérêts tout comme les russes et les iraniens ou les saoudiens sauf que ces derniers le font bêtement ... cependant dans l’interêt du Liban nous ne devons pas ce mettre à dos ce dernier car nous recevons quelque 7 milliards de nos expats de ces pays Maintenant à vous de comprendre

    Bery tus

    17 h 55, le 09 octobre 2019

  • Perfides américains ! Ceci est fait afin que les Kurdes soient acculés à libérer les Daechiens de leurs prisons chez les Kurdes afin que , à leur tour, les Iraniens , les Syriens , les Irakiens , les Russes , y compris le Hezbollah  etc  soient acculés  à mettre encore une fois toutes leurs énergies militaires afin de combattre la résurgence de l'EI , en laissant Israel tranquille , observant avec délice ce qui se passe autour . Le chaos contrôlé , si cher a Condoleeza , n'a jamais été aussi efficace .

    Chucri Abboud

    17 h 52, le 09 octobre 2019

  • Ceci est ainsi fait afin que les Kurdes soient acculés à libérer les Daechiens de leurs prisons chez les Kurdes afin que , à leur tour, les Iraniens , les Syriens , les Irakiens , les Russes , y compris le Hezbollah  etc  soient acculés  à mettre encore une fois toutes leurs énergies militaires afin de combattre la résurgence de l'EI , en laissant Israel tranquille , observant avec délice ce qui se passe autour . Le chaos contrôlé , si cher a Condoleeza , n'a jamais été aussi efficace .

    Chucri Abboud

    17 h 48, le 09 octobre 2019

  • Et dire que le grand silencieux , c'est l'État d'Israel qui avait promis une amitié INDÉFECTIBLE À TOUS LES KURDES ! Bravo ! On se cache ?

    Chucri Abboud

    17 h 36, le 09 octobre 2019

  • Qui après ça pourra , au Liban en tout cas , se vanter des " moralités" américaines , grande puissance mondiale, phare des démocraties , exemple pour les peuples sous le joug des dictatures arabes etc.… et patin et couffin ? Qui va oser lever le petit doigt pour approuver cette "attitude" , sans botter en touche en nous disant : oui mais les russes etc... les syriens ...les iraniens … les coréens … et bla bla bla … Ce jour est un jour de deuil mondial , celui de la MORT DE L'AMERIQUE QUI FAISAIT REVER , DE L'AMERIQUE DES JUSTES CONTRE LES TYRANS . CONDOLEANCES AUX ORPHELINS DE L'AMERIQUE , J'AI ENCORE PLUS PITIE POUR EUX QUE POUR LE DEFUNT .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 23, le 09 octobre 2019

  • La politique du lâcheur Donald Trump aujourd'hui est : Après mon âne que rien ne pousse ! Mabrouk à tous ceux qui avaient cru une seconde en l'appui de l'Amérique d'Obama et de Trump.

    Un Libanais

    16 h 40, le 09 octobre 2019

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