Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a réclamé mardi la mise en œuvre de réformes pour faire face à la grave crise économique et financière que traverse le Liban, appelant l'ensemble des composantes politiques à assumer leurs responsabilités.
"La détresse économique que nous vivons doit être l'occasion de corriger le tir et de faire les changements nécessaires pour convaincre les gens que les réformes doivent concerner tout le monde", a déclaré M. Bassil à l'issue de la réunion hebdomadaire du groupe du "Liban fort", dont le CPL est la principale composante, assurant que "la situation est difficile, mais pas impossible".
"Nous avons besoin d'un budget 2020 réformateur. Le budget doit inclure des réformes qui donneront de vrais résultats", a-t-il ajouté, précisant que des discussions sont en cours pour unifier les différentes feuilles de route économiques présentées par plusieurs formations politiques, dont le CPL, avec celle de la réunion élargie de Baabda dont se réclame le président du Parlement Nabih Berry. "Nous tendons la main à tout le monde, et nous espérons aboutir à une vision globale pour construire et pas pour détruire", a-t-il assuré. "S'il y a une volonté politique et des idées, alors passons à la mise en œuvre. Au nom du groupe parlementaire, nous lançons la campagne 'Faire'. Plutôt que de se distraire en paroles, il faut consacrer ce temps à travailler", a-t-il ajouté,
"Le Liban fait face à un complot économique, mais ceci ne nous détournera pas de nos responsabilités. Personne n'est seul responsable, ni le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), ni le ministre des Finances, ni le chef de l’État ou autre. La responsabilité est collective", a affirmé le leader du CPL, avant d'ajouter : "La seule réponse aux rumeurs et aux attaques politiques est le travail".
Le chef du courant aouniste est revenu sur les deux derniers dimanches de manifestations, à Beyrouth et dans d'autres localités, au cours desquelles des slogans contre le président Michel Aoun ont été lancées. "Porter atteinte à la dignité du chef de l’État, c'est porter atteinte à la dignité de tous les Libanais", a-t-il estimé.
Par ailleurs, Gebran Bassil a appelé les partisans du CPL à se mobiliser pour le rassemblement du 13 octobre à Hadath (caza de Baabda). Le 13 octobre 1990, l’armée syrienne avait pris d’assaut le palais présidentiel et obligé Michel Aoun, alors Premier ministre, à entamer un exil en France qui durera 15 ans. Le rassemblement de dimanche sera une occasion de montrer l’ampleur du soutien populaire au régime du président Aoun. Il sera organisé différemment des années précédentes, compte tenu des circonstances et alors que le président de la République arrive à mi-mandat. "Il n'y aura pas de 13 octobre économique. Si jamais un plan pareil venait à être fomenté, alors il sera mis en échec", a conclu M. Bassil.
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La crise du dollar
A la dégradation de la situation économique du pays, s'ajoute un resserrement de la circulation de dollars sur le marché local, où le billet vert cohabite avec la livre à un taux fixé par la BDL (1.507,5 livres pour un dollar). Or les retraits de billets verts à travers les distributeurs automatiques et les guichets ont récemment été fortement limités, tandis que le prix demandé par les changeurs, et depuis peu même par certains commerçants, a dépassé le seuil des 1 600 livres. Cette situation a notamment fait réagir certains professionnels, comme les distributeurs de carburant, les minotiers ou les importateurs de médicaments.
Dans la journée, le rassemblement des propriétaires de minoteries au Liban a mis en garde contre "une crise du pain", alors que ce secteur rencontre des difficultés pour payer ses fournisseurs de blé en dollars. Cet avertissement intervient malgré l'émission par la BDL d'une circulaire régulant le mécanisme d'octroi de dollars au secteur.
Par ailleurs, le président Aoun, qui a reçu dans la journée une délégation du syndicat des agents de change, leur a demandé "de ne pas porter atteinte à la réputation financière et économique" du Liban, tandis que de son côté, le vice-président du syndicat Élias Srour assurait que "le dollar est présent" en suffisance dans le pays. Samedi, les changeurs avaient décidé d'annuler une grève prévue en début de semaine, 24 heures après avoir dénoncé "une attaque contre la réputation des agents de change ainsi que des poursuites judiciaires lancées en raison du changement des taux". Jeudi dernier, le syndicat avait déjà rejeté toute responsabilité dans les variations ces derniers temps du taux de change de la livre libanaise contre le dollar.
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commentaires (8)
C ca ! mais ou sont donc ces fichus italiens par Dieu ?
Gaby SIOUFI
13 h 43, le 09 octobre 2019