Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé mardi, à l'issue d'un déplacement officiel à Abou Dhabi, que les Emirats arabes unis avaient "promis des aides économiques" au Liban, alors que le pays du Cèdre traverse une importante crise économique, aggravée par un resserrement de la circulation du dollar sur son marché local et la montée des incertitudes concernant sa stabilité financière. La veille, les Emirats avaient également levé l'interdiction de voyage de ses ressortissants vers Beyrouth, qui avait été imposée en février 2016.
"L'atmosphère était positive et on nous a promis des aides économiques", a déclaré Saad Hariri, qui répondait aux questions de journalistes avant son retour vers le Liban. "Nous avons mené des négociations pour accélérer les investissements au Liban, que ce soit sous forme d'investissements dans le secteur de l'électricité ou sous forme d'investissements financiers", a-t-il ajouté. Il a encore annoncé qu'une "cellule de suivi" avait été créée afin de poursuivre l'étude des investissements sur lesquels le Liban et les Emiratis s'étaient mis d'accord lors du Forum organisé la veille.
La veille, il avait déclaré devant le Forum pour les investissements émiratis au Liban que "les possibilités d’investissement au Liban sont très importantes, et dans tous les domaines", évoquant la construction de nouvelles infrastructures dans les secteurs "de l’électricité, du gaz et des télécoms", ou encore le développement des filières productives.
"C'est le Liban que les Emirats arabes unis sont en train de soutenir, pas Saad Hariri", a lancé le chef du gouvernement lors de son point de presse à l'issue de sa visite, estimant qu'"aucune partie ne devrait être contrariée par le rétablissement de bonnes relations libano-émiraties", en référence implicite au Hezbollah.
Considéré depuis 1997 par les États-Unis comme une "organisation terroriste", le Hezbollah est un acteur politique majeur au Liban. Il intervient en outre militairement dans le conflit en Syrie en soutien au régime de Damas, aux côtés de Téhéran. Fin septembre, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait prévenu l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qu’ils seraient "détruits" en cas de guerre avec l’Iran.
Le chef de l'Exécutif a par ailleurs indiqué que 18 accords de coopération avaient été finalisés avec Riyad et que deux textes devaient encore être complétés.
Les dirigeants libanais ont démarché cette année plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour les convaincre d’investir dans son économie et sa dette en devise (via les eurobonds). Or la cote des obligations libanaises a naturellement pâti de la dégradation des évaluations respectives des principales agences américaines de notation financières – Moody’s (Caa1, sous surveillance), Fitch (CCC) et Standard & Poor’s ("B-", "négative"). Pour l’heure, seul le Qatar – toujours en froid depuis la crise diplomatique qui a éclaté en juin 2017 – a fait un pas. L’émirat gazier, qui avait annoncé lors du sommet économique de la Ligue arabe à Beyrouth son intention d’investir un demi-milliard de dollars dans les eurobonds libanais, a annoncé fin juin avoir commencé à en acquérir sur le marché secondaire, sans préciser les montants en jeu. Si en septembre le ministre saoudien des Finances, Mohammad Jadaan, avait assuré que le royaume était en pourparlers avec le gouvernement libanais pour lui "apporter un soutien financier", cette dernière promesse n’a pas encore été suivie d’annonces d’engagement ferme.
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18 h 55, le 08 octobre 2019