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Liban - Focus

Roukoz-CPL : les signes d’un divorce se multiplient...

Le député du Kesrouan prendra part à la messe organisée par les dissidents aounistes pour commémorer le 13 octobre 1990.


Chamel Roukoz. Photo d’archives

Chamel Roukoz, député du Kesrouan et gendre du chef de l’État Michel Aoun, n’en finit pas de multiplier les signes allant dans le sens d’un possible divorce tant avec la mouvance aouniste qu’avec le groupe parlementaire du Liban fort, parrainé par ce parti et dirigé par le leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil, lequel se trouve être un autre gendre de Michel Aoun.

Non affilié à la formation fondée par le président de la République, Chamel Roukoz continue de donner du fil à retordre au CPL et au groupe du Liban fort, dont il boycotte les réunions hebdomadaires. Après avoir appelé à la mise sur pied d’une stratégie de défense nationale une bonne fois pour toutes, le général à la retraite s’est opposé ouvertement aux articles du budget 2019 imposant des taxes aux militaires à la retraite. Il a même été jusqu’à faire partie des parlementaires signataires du recours en invalidation préparé par ces derniers contre la loi de finances.

Outre ces divergences stratégiques, Chamel Roukoz a opté pour des choix et fait des déclarations qui laissent présager d’une rupture politique éventuelle avec la mouvance aouniste, au fur et à mesure que le fossé entre ses orientations et celle de M. Bassil s’élargit. C’est sous cet angle qu’il conviendrait d’interpréter le déjeuner que le député du Kesrouan a donné à Laqlouq (dans le jurd de Jbeil), début septembre, en présence de nombre de vétérans du CPL, récemment radiés du parti ou qui en avaient volontairement claqué la porte en signe d’opposition aux choix de son actuel directoire. Plus récemment, M. Roukoz a commenté en des termes durs la toute dernière grogne sociale motivée par la crise du dollar et les craintes d’une pénurie d’essence et d’une possible dévaluation de la monnaie nationale. Sans mâcher ses mots, M. Roukoz avait estimé dans un communiqué que « cette crise a prouvé, une nouvelle fois, que l’État n’existe pas au Liban et que personne ne se préoccupe du peuple ». Et de critiquer l’absence de politiques financière et économique à même de redresser le pays. À travers ce genre de propos, Chamel Roukoz se veut le relais des doléances sociales, qui ont conduit des centaines de citoyens à manifester dans la rue dimanche dernier. Il n’en demeure pas moins que c’est sous un angle éminemment politique que ces prises de position devraient être analysées, au vu notamment du positionnement de M. Roukoz sur l’échiquier politique : un député allié au parti gravitant dans l’orbite du président de la République, dont il se trouve être aussi le gendre.


(Pour mémoire : Chamel Roukoz : Mon action ne s’arrêtera pas et n’est pas dirigée contre le CPL)


Dissocier la présidence du gouvernement
Sauf que M. Roukoz lui-même ne perçoit pas les choses sous cet angle qu’il juge « relevant de la politique politicienne ». « Je suis un député qui représente le peuple à la Chambre. Et il est très normal que je prenne ce genre de positions quand je vois les gens victimes des mauvais choix du gouvernement », souligne-t-il dans un entretien accordé hier à L’Orient-Le Jour.

Dans une volonté manifeste d’éviter de décocher ouvertement des flèches en direction du régime Aoun, M. Roukoz préfère s’en prendre au gouvernement, dont la majorité est détenue par le Premier ministre Saad Hariri et le leader du CPL Gebran Bassil. « C’est le gouvernement, et non la présidence de la République, qui détient le pouvoir exécutif et met en application les politiques publiques », précise le député du Kesrouan, tout en rappelant que « c’est surtout la réussite du gouvernement qui fait le succès du mandat ». Partant, « il ne faut pas blâmer les gens qui ont manifesté dans les rues dimanche dernier », estime-t-il, dans ce qui sonne comme une critique implicite adressée au CPL, lequel n’explique les mouvements contestataires que par ce qu’il qualifie de « campagne orchestrée visant à mettre en échec le mandat du général Michel Aoun ».


(Lire aussi : Que veut donc Chamel Roukoz ?)


Le 13 octobre, deux messes
Autre signe d’un divorce entre M. Roukoz et la mouvance aouniste, la décision du député de participer à la messe organisée par les anciens généraux de l’armée et les dissidents aounistes pour commémorer le 13 octobre 1990, date de l’éviction de Michel Aoun, alors chef du gouvernement de transition et commandant en chef de l’armée, du palais de Baabda, sous les bombardements de l’aviation syrienne. La commémoration aura lieu le samedi 12 octobre, en l’église de l’Assomption à Dbayé. Un geste qui n’est naturellement pas sans susciter des interrogations autour d’éventuels messages politiques à l’adresse du directoire du CPL. Mais pour Chamel Roukoz, il n’en est rien. « Je ne fais que prendre part à une messe commémorant le souvenir de soldats et officiers tombés au combat. Cela relève de mon devoir », déclare-t-il.

Il n’en reste pas moins que les opposants aounistes semblent conscients de l’importance politique de la présence de Chamel Roukoz à cette messe. « Il s’agit d’une façon de faire comprendre au camp adverse (le directoire du CPL) que certains vétérans ne retrouvent pas le vrai legs politique de Michel Aoun dans les choix de son parti », confie à L’OLJ Kamal Yazigi, ancien militant aouniste.

En face, le CPL commémorera lui aussi le souvenir du 13 octobre 1990, par une autre messe prévue le dimanche 13 octobre sur la place publique de Hadath (caza de Baabda, important fief de la formation) à 17 heures. Si le flou entoure toujours la présence de M. Roukoz à l’événement, Eddy Maalouf, son collègue du Metn, précise que la messe est ouverte à tout le monde loin des invitations à caractère officiel.

À une question portant sur les positions et le comportement politique de Chamel Roukoz – qui, à en croire certains médias, aurait déclaré qu’en 2022, il ne se présentera pas sur les listes du CPL –, M. Maalouf se contente de préciser que le député du CPL « n’est pas adhérent au CPL ». « Il est donc libre de ses actions tant qu’elles ne vont pas à l’encontre des orientations du groupe du Liban fort », conclut Eddy Maalouf.


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commentaires (6)

Vous connaissez l'histoire du cheval qui rit et du cheval qui pleure ?

FRIK-A-FRAK

14 h 11, le 02 octobre 2019

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Commentaires (6)

  • Vous connaissez l'histoire du cheval qui rit et du cheval qui pleure ?

    FRIK-A-FRAK

    14 h 11, le 02 octobre 2019

  • Tres intelligente manoeuvre de la famille CPL SI UN GENDRE DEVIENT TELLEMENT IMPOPULAIRE DANS LA POPULATION , LE SECOND PRENDRA LA RELEVE A LA PRESIDENCE. TOUT LE MONDE LE SOUTIENDRA POUR EVITER LE PREMIER GENDRE clever idea but nothing to do with MAKING LEBANON GREAT AGAIN

    LA VERITE

    12 h 46, le 02 octobre 2019

  • toutes ses actions vont dans le sens d'un divorce et toutes ses paroles dementtent. pourquoi tant d'hypocrisie ?

    Lebinlon

    11 h 28, le 02 octobre 2019

  • Si les gendres ne s 'entendent plus on ne peut plus rien reprocher au mécontentement du peuple .

    Antoine Sabbagha

    09 h 21, le 02 octobre 2019

  • DU TROMPE L,OEIL. MAIS IL EST PLUS SYMPA QUE L,AUTRE GENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION-LA PATRIE EN DANGER

    09 h 12, le 02 octobre 2019

  • "les amoureux qui se becottent sur les bancs publics" chantait Brassens... Et voilà que chez nous les beaux frères se becottent autrement sur la place publique... Le beau et sympa spectacle

    Wlek Sanferlou

    02 h 06, le 02 octobre 2019

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