Un mouvement rassemblant de nombreux anciens cadres aounistes et fondateurs du Courant patriotique libre a annoncé samedi, au terme d’un congrès, des mesures organisationnelles pour une action « plus efficace ». Ce mouvement n’est pas et ne sera pas un parti, précise Naïm Aoun, l’un des membres du mouvement désormais appelé simplement « al-Tayyar », à L’Orient-Le Jour. « Nous sommes à une nouvelle phase de notre action », indique le militant politique de longue date. Un mouvement qui se considère aujourd’hui comme le véritable héritier des « valeurs » du CPL, que ces militants avaient contribué à définir il y a plusieurs années de cela, ajoute-t-il.
Dans le communiqué final du congrès, les « fondateurs du CPL annoncent qu’ils se sont réunis à huis clos pour lancer un nouveau mouvement politique avec beaucoup de détermination, afin de passer à la vitesse supérieure dans l’organisation et la préparation, et de travailler dorénavant sous le nom “al-Tayyar”, un nom qui résume à lui seul leur parcours ».
Et d’ajouter : « La situation au Liban peut être résumée en quelques mots : nous vivons dans un État en faillite qui ne peut plus offrir les moindres services publics, un État miné par la corruption, avec des scandales par dizaines, un État pillé qui agonise, au bord de la faillite financière et économique. Les Libanais se sentent impuissants, sous le joug d’une classe politique irresponsable et sans conscience. »
« Mais, poursuit le texte, malgré ce sombre tableau, il n’est pas question de baisser les bras et de rester inactifs, parce qu’une situation marginale ne dure pas. Si les hommes politiques ont souvent mauvaise réputation, la politique reste une action noble, qui peut être pratiquée en toute probité, afin d’opérer les meilleurs choix pour le bien de la société. » Les membres du mouvement appellent les Libanais à se joindre à eux « pour redonner ses lettres de noblesse à la politique », et tendent la main à toutes les « forces qui croient en la réforme, afin d’opérer un profond changement au Liban ».
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« Une question de convictions »
Le communiqué du mouvement ne donne pas d’indications sur la nature de leur action future. Interrogé sur ce point, M. Aoun assure que « même si toute l’action de ce mouvement est publique, l’intention n’est pas de divulguer le plan d’action pour le moment ». Les membres de ce nouveau mouvement sont très critiques d’un parti qu’ils ont quitté ou dont ils ont été purgés, le CPL, dont M. Aoun décrit le directoire actuel comme étant un « simulacre de démocratie ». « Qui peut aujourd’hui exprimer son opinion dans ce parti ? se demande-t-il. Le CPL aurait dû effectuer de véritables réformes une fois arrivé au pouvoir. Si l’on veut prétendre lutter contre la corruption, il faut montrer un modèle réussi au lieu de se perdre dans les contradictions. »
Les membres de ce mouvement ne craignent-ils pas d’être étiquetés comme un rassemblement qui ne se forme que dans la perspective de l’hostilité au CPL ? « Ce genre de considérations ne m’inquiète pas vraiment, affirme M. Aoun. Nous tirons notre légitimité du fait que nous avons contribué à la mise en place des valeurs du CPL. Nous ne cherchons pas à porter atteinte au CPL, mais œuvrons à la réforme et au changement. De plus, notre longue expérience en politique nous rend capable de mettre en garde contre les risques à venir. Or nous voyons venir l’effondrement, parce que les situations marginales ne peuvent durer, l’effondrement politique autant que financier ou économique. Et c’est pour cela que nous voulons être préparés à toutes les éventualités. »
Ce nouveau mouvement appelle les Libanais à collaborer avec lui, mais pour quelles raisons devraient-ils lui faire confiance alors qu’ils sont nombreux à être désillusionnés ? « Nous avons un parcours de trente ans et aucun d’entre nous n’est impliqué dans des affaires louches, affirme-t-il. Nous avons choisi la route difficile, pour nous ce n’est pas une question d’intérêts ou de postes, mais de conviction. »
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Un Libanais
20 h 57, le 08 avril 2019