Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé a affirmé lundi matin que la BDL "répond aux besoins en devises étrangères des secteurs privé et public et continuera à le faire conformément aux taux fixes annoncés, sans aucun changement", alors que les derniers jours ont été marqués par une grande inquiétude des Libanais concernant une éventuelle pénurie de dollars et la stabilité de la livre libanaise.
La BDL "répond aux besoins en devises étrangères des secteurs privé et public et continuera à le faire conformément aux taux fixes annoncés, sans aucun changement", a affirmé M. Salamé à l'issue d'une réunion avec le président libanais, Michel Aoun, au palais de Baabda. "La Banque centrale publiera demain une circulaire organisant l'émission de dollars aux banques, aux taux annoncés, afin d'assurer l'importation de carburant, de médicaments et de la farine, conformément à un mécanisme qui sera expliqué dans le document précité", a-t-il ajouté. Il a insisté sur le fait que la BDL "ne traite qu'avec les banques et pas directement avec les importateurs", précisant que la circulaire prévue permettra de "diminuer la pression sur la demande en dollars auprès des bureaux de change".
Les sociétés importatrices de carburants ont de leur côté réclamé de pouvoir consulter cette circulaire avant sa publication officielle et d'avoir la possibilité de discuter de son contenu avec les responsables. "Si les sociétés n'ont pas l'opportunité de voir ce projet de décret, elles se réservent le droit de l'étudier après sa publication, et de prendre une position définitive à ce sujet avant d'accepter de le mettre en œuvre", ont-elles ajouté.
Les inquiétudes des Libanais concernant l'économie se sont intensifiées depuis plusieurs jours, de nombreux clients de banques ne pouvant plus retirer d'argent en dollars de leurs comptes. Plusieurs sources bancaires ont dans ce cadre indiqué à L’Orient-Le Jour que la majorité des établissements avaient limité depuis plusieurs semaines les plafonds et conditions de retrait de billets verts. Ces sources ont évoqué une volonté, imposée par la Banque du Liban dans un contexte de situation financière fragile, de limiter autant que possible la circulation de devises lorsqu’elle semble inutile ou suspecte.
(Lire aussi : Liban cherche homme d’État, l'édito d'Émilie Sueur)
Démenti de la présidence
Dimanche, des centaines de Libanais, excédés par les difficultés économiques et l’inanité des politiques gouvernementales, avaient manifesté sur l'ensemble du territoire. La plupart des manifestants exprimaient des revendications à caractère social, mais certains n'ont pas hésité à réclamer "la chute du régime". Le mouvement de contestation avait été marqué par des débordements, entre échauffourées avec les forces de l'ordre et fermeture de routes avec des pneus enflammés, créant des embouteillages inextricables.
Peu après la réunion entre MM. Aoun et Salamé, le bureau de presse de la présidence a démenti les informations de presse qui citaient "sources proches du palais de Baabda" et selon lesquelles la seule solution pour mettre un terme à la crise résidait dans la démission du cabinet. "Ces affirmations sont erronées. Le chef de l’État a insisté à plusieurs reprises sur le rôle du gouvernement dans la période actuelle et sur la nécessité de le redynamiser", souligne le bureau de presse dans un communiqué. La présidence a également démenti les rumeurs concernant des propos qu'auraient échangé le président Aoun et son homologue français, Emmanuel Macron, sur les rapports entre le chef de l’État et le Premier ministre Saad Hariri.
Plus tard dans la journée, le bureau de presse de la présidence a publié un autre communiqué dans lequel il rappelle l'existence du crime d'atteinte à la réputation financière de l'Etat, passible, selon ce texte, de six mois à trois ans de prison, et d'une amende de 500.000 à 2 millions de livres libanaises.
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20 h 40, le 30 septembre 2019