Rechercher
Rechercher

Liban cherche homme d’État

Triste spectacle que celui qu’offrait Beyrouth, jeudi soir. Affligeant spectacle que celui d’une population réduite à se ruer sur les pompes à essence, alors qu’une grève, aux contours flous et sur fond de crise du dollar, était annoncée. Ces files de voitures débordant sur les routes, le Liban en a vues par le passé. Notamment aux périodes les plus sombres de son histoire.

Inquiétant spectacle, aussi, que celui de ces dérapages violents, hier à travers le pays, suite à des manifestations de colère visant à dénoncer une situation économique de plus en plus difficile, aux cris de « On a faim ! ».

Aujourd’hui, c’est une crise profonde, économique et financière, qui pèse sur le pays. Une crise annoncée mais que ceux qui « dirigent » ce pays ont traitée avec une légèreté effarante.

Aujourd’hui, le Liban mérite mieux, plus, qu’un président qui, de retour de New York et auréolé de l’adoption de son « Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue », évoque au sujet de la crise, lors d’une discussion à bâtons rompus avec des journalistes, des pressions qui « ne sont pas nouvelles », ajoutant qu’il est « nécessaire de patienter avant de prendre position, en attendant que la vérité soit faite (sur ces pressions) ». Entre la patience et une déconcertante passivité, il n’y a qu’un fil…

Un président qui précise ne « pas avoir connaissance de ce qui s’était passé lors de son voyage à New York », et renvoie la patate chaude au gouverneur de la Banque du Liban et au ministre des Finances, certes coresponsables de la situation à leurs niveaux respectifs. Il ne se trouvait donc personne, pas un conseiller, dans la conséquente délégation accompagnant M. Aoun à l’ONU, pour tenir ce dernier informé de la situation de son pays ?

Puis ce fut au tour du gendre d’évoquer, lui aussi, des pressions extérieures « tant sur l’économie que sur la monnaie nationale », avant de décocher ses flèches contre « certains partenaires locaux qui complotent contre le pays et son économie ». Une crise sans théorie du complot en est-elle vraiment une sous nos latitudes ?

Le Liban mérite mieux, aussi, que ces chefs de parti, députés et autres conseillers de tous bords qui assènent diagnostic et cure en 140 caractères, dans un tweet dont on pourrait se demander s’il a été pondu au bord d’une piscine, dans un lobby d’aéroport ou sur un coin de bureau.

Le Liban mérite mieux que ces leaders qui, après avoir décroché la promesse d’un chèque de 11 milliards de dollars de bailleurs de fonds prêts à le soutenir, passent encore des mois à s’étriper sur la formation d’un gouvernement d’union, puis quelques mois encore à produire, en retard, un budget loin d’être à la hauteur des enjeux.

Le 2 septembre, les principaux dirigeants et responsables politiques du pays, réunis à Baabda, se mettaient « d’accord sur la nécessité de décréter l’état d’urgence économique et sur la création d’une commission d’urgence que le président Michel Aoun peut convoquer lorsqu’il le souhaite ». C’était il y a un mois. La commission d’urgence, nous n’en avons plus entendu parler. Quant à l’état d’urgence, il semble être devenu un état de résignation.

Face à la crise économique et financière, mais aussi environnementale et géopolitique, le Liban a plus que jamais besoin d’hommes d’État. D’hommes et de femmes ayant compris qu’avec le mandat viennent des responsabilités et pas que des privilèges. D’hommes et de femmes ayant à cœur de défendre les intérêts de leur pays, plutôt que de revendiquer fièrement leur allégeance à un autre ; de répondre aux besoins de leur peuple, plutôt qu’à ceux de leur communauté. De femmes et d’hommes ayant une vision, fondée sur un constat lucide de la situation, et ayant le courage de repenser tout un modèle et d’imposer les sacrifices nécessaires – puisque nous en sommes là – pourvu qu’ils soient équitablement partagés.

En ces temps de crise, le Liban a besoin d’hommes d’État, pas de politiciens qui, naviguant à vue, nous font tomber de Charybde en Scylla.

Triste spectacle que celui qu’offrait Beyrouth, jeudi soir. Affligeant spectacle que celui d’une population réduite à se ruer sur les pompes à essence, alors qu’une grève, aux contours flous et sur fond de crise du dollar, était annoncée. Ces files de voitures débordant sur les routes, le Liban en a vues par le passé. Notamment aux périodes les plus sombres de son...

commentaires (13)

Ce pauvre president Aoun n'en voulait pas de la chaise. C'est pour cela qu'il a immobilise le Liban en entier durant deux douzaines de mois et plus. Otez-vous que je m'y mette disait-il. Je ferais ci; je ferais ca. Rien que du vent. Il s'est accoquine avec un cancer rien que pour s'assoir sur ce maudit trone qui est la calamite des chretiens. Puisque source de cupidite sans scrupules.

sancrainte

20 h 35, le 30 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Ce pauvre president Aoun n'en voulait pas de la chaise. C'est pour cela qu'il a immobilise le Liban en entier durant deux douzaines de mois et plus. Otez-vous que je m'y mette disait-il. Je ferais ci; je ferais ca. Rien que du vent. Il s'est accoquine avec un cancer rien que pour s'assoir sur ce maudit trone qui est la calamite des chretiens. Puisque source de cupidite sans scrupules.

    sancrainte

    20 h 35, le 30 septembre 2019

  • QUAND AUONS NOUS UN MINISTRE ACTUEL OU PASSE MIS EN EXAMEN ,PREUVES A L'APPUI , ET OBLIGE DE RENDRE L'ARGENT DE SA CORRUPTION , ET ECROUE EN PRISON COMME UN MINABLE MALFAITEUR, ALORS NOUS SAURONS QUE NOUS AVONS UNE JUSTICE FORTE A DEFAUT D'UN REGIME FORT Au Liban les reves ne sont pas interdits mais la realite n'est pas a la hauteur de nos reves Il y a URGENCE ECONOMIQUE et au lieu d'aller a New York avec 5 personnes maximum, le Presidebt amene plus ou moins 70 personnes QUESTION : COMBIEN A COUTE A L'ETAT CETTE VISTE A NEW YORK DONC AU PEUPLE? PRIERE DE NOUS DONNER LA REPONSE IMMEDIATEMENT ET NOUS SERONS SEULS JUGES DE LA VALIDITE DE CE DISCOURS PRONONCE SANS L'ASSENTIMENT DU GOUVERNEMENT MAIS A NOS FRAIS , mais d'ailleurs dans une salle a moitie vide

    LA VERITE

    16 h 20, le 30 septembre 2019

  • Le Liban ne cherche pas, c'est juste le peuple qui cherche un peu, mais pour finir il renonce à chercher et il vote statu-quo. C'est rassurant, surtout pour les élus !

    Shou fi

    14 h 13, le 30 septembre 2019

  • Vous avez peut-être oublié , chère madame ,que le Liban est doté d'un système démocratique( à trois têtes )et non présidentiel .Le president Aoun est un homme d'état qui s'est pas battu pour arriver à baabda ni pour le titre ni pour assouvir le besoin de régner à l'instar des roitelets de la région . Michel Aoun s'était assigné des objectifs réformateurs à même de redresser ce qui a été ,durant des décennies ,détruit et sapé . Les fauteurs de troubles ,et les trublions de tous bords ,ont quand même bien réussi à lui mettre les bâtons dans les roues dès les premiers jours de son accession au pouvoir . D'ailleurs , tous les libanais connaissent les détenteurs de ces bâtons , leurs visées malveillantes dont le but est de garder le pays en otage de leur cupidité insatiable . La situation économique et financière du pays désastreuse en est la preuve irréfutable .

    Hitti arlette

    14 h 02, le 30 septembre 2019

  • Vous auriez une idée de qui pourrait faire mieux ? Alors donc n'hésitez pas une seule seconde , donnez des noms .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 42, le 30 septembre 2019

  • Les hommes peuvent avoir des amis, pas les hommes d'Etat". (Général de Gaulle). Le général de Gaulle avait nommé Pierre Messmer ministre des Armées et non son gendre le général Alain de Boissieu.

    Un Libanais

    12 h 28, le 30 septembre 2019

  • Le Liban mérite peut-être mieux, mais les libanais récoltent ce qu'ils méritent. La situation actuelle est le résultat de mauvais choix politiques collectifs et cumulés tout simplement, et non pas le fruit d’une providence sadique. C'est le résultat d'années de complaisance, paresse et lâcheté. Une réflexion sur soi honnête s'impose ici, et chercher des excuses n’avancera à rien.

    Khalil S.

    10 h 27, le 30 septembre 2019

  • L’Offensive ayant toujours été la meilleure defensive... Pas besoin de faire un dessin. ce sont ceux la memes qui ont durant ces deux dernières décennies dévalisé les Caisses de l’Etat qui accusent le regime actuel complice de fait, de leurs larcins. L’Intervention des hordes organisées d’un bourg particulier proche du lieu de la manifestation en dit aussi long sur les tristes réalités de ce pays. Les chiens aboient et la caravane passe...!

    Cadige William

    09 h 32, le 30 septembre 2019

  • TRES BIEN DIT. BRAVO. MAIS TOUT LE SYSTEME EST POURRI DE LA TETE ET JUSQU,A LA BASE DE L,ECHELLE. AU PAYS DES ZAIMS DE PERE EN FILS, FILLE, PETIT FILS ET A GENDRE LE CHANGEMENT EST DIFFICILE. COMMENT LES LIBANAIS PEUVENT-ILS ABANDONNER LEUR ALLEGEANCE AUX ZAIMS ? PAR LA COMMENCE L,HISTOIRE... POUR NE PAS DIRE LA R...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 11, le 30 septembre 2019

  • Et le fameux MIRACLE libanais ? Il existe , vous allez voir !

    Chucri Abboud

    08 h 24, le 30 septembre 2019

  • Le Liban, certes, mérite mieux, mais les libanais, eux, le méritent-ils? Après tout, n'est-ce pas eux qui ont élu les députés qui...?

    Yves Prevost

    07 h 27, le 30 septembre 2019

  • Malheureusement les hommes d'État dont notre patrie le Liban a besoin sont enterrés alors que ceux qui nous gouvernent ainsi que ceux qui prétendent nous gouverner, ne sont pas à la hauteur et malheureusement, encore une fois, ne le seront jamais. Quand dans les rues du Liban defilent ceux qui militent contre le Liban sous l'œil satisfait d'un ministre au pouvoir, nos vrais héros pleurent dans leurs sépultures!!! Allah yirhamak ya watan!!!

    Wlek Sanferlou

    05 h 38, le 30 septembre 2019

  • Oui madame nous avons besoin d’hommes et de femmes d’Etat, mais la situation est déjà trop pourrie pour être sauvée...Il faut aussi et d’abord se débarrasser des sangsues et des vampires qui continuent de sucer le pei de sang qui reste á ce pays déjà agonisant de leur fait.

    Michel B. El-Khoury

    03 h 31, le 30 septembre 2019

Retour en haut