Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a affirmé hier que le Liban ne souffrait pas d’une pénurie de dollars, ajoutant que les banques du pays peuvent « répondre aux besoins de leurs clients dans cette devise ». Ces propos interviennent alors que certains clients de banques libanaises ont affirmé ne pas avoir pu retirer de dollars dans plusieurs distributeurs automatiques de billets (DAB) de la capitale au cours du week-end.
« Les dollars existent en suffisance et tout ce qui a été dit dans les médias a été exagéré à des fins spécifiques », a affirmé M. Salamé lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Industrie, Waël Bou Faour. « Les banques peuvent répondre aux besoins des clients » en ce qui concerne les dollars et « le secteur bancaire dispose de liquidités suffisantes » dans cette devise, a-t-il ajouté, précisant que les avoirs de la BDL en dollars « dépassent les 38 milliards » et qu’il n’y a aucun besoin de prendre une quelconque mesure. Et de poursuivre : « Les mesures prises par certaines banques concernant les retraits aux distributeurs automatiques sont liées aux politiques internes de chaque établissement. »
L’économie libanaise est dollarisée et le taux de change entre la livre et le dollar est fixé par la BDL depuis 1997 (1 507,5 livres pour un dollar). Mais les pressions sur la stabilité financière du pays se sont accélérées depuis 2017. Une situation qui oblige la BDL à limiter la circulation de devises sur le marché pour maintenir le niveau de ses réserves et la croissance des dépôts bancaires, et ainsi être capable de continuer à gérer l’endettement public, la dollarisation de l’économie et le taux de change fixe.
Contactées par L’Orient-Le Jour, plusieurs sources bancaires ont dans ce contexte reconnu avoir limité depuis plusieurs semaines les plafonds et conditions de retrait de billets verts, que ce soit via les DAB ou les guichets, s’il s’agit de comptes en livres libanaises ou de comptes bloqués en dollars. Ces sources ont évoqué une volonté, imposée par la BDL dans un contexte de situation financière fragile, de limiter autant que possible la circulation de devises lorsqu’elle semble inutile ou suspecte.
Le déficit de la balance des paiements ne cesse de se creuser. Il a atteint près de 5,3 milliards de dollars à fin juillet, contre un déficit de 757,2 millions de dollars à la même période de l’an dernier. Le déficit enregistré sur les sept premiers mois de l’année est aussi supérieur à celui enregistré sur l’ensemble de l’année 2018, qui était à 4,8 milliards de dollars. La BDL a dû puiser dans ses réserves en devises pour combler ce déficit, ce qui fait que ces dernières ont baissé de 3,3 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année pour atteindre 36,4 milliards, avant de recommencer à augmenter en juillet pour atteindre « 38,66 milliards de dollars à fin août », selon Riad Salamé. Une hausse qui coïncide avec l’actualisation des modalités des opérations d’ingénierie financière lancées par la Banque centrale pour doper ses réserves en devises et relancer la croissance des dépôts.
commentaires (4)
Il dit vrai et absolument vrai . Basé sur une expérience perso il y a 2 jours .
FRIK-A-FRAK
13 h 00, le 24 septembre 2019