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À La Une - Liban

"Bienvenue dans la République de Khameneï" : deux responsables du quotidien Nida’ el-Watan convoqués par la justice

Le journal fondé par l'homme d'affaire Michel Mecattaf accuse, en une, le président Aoun d'être un affidé du Hezbollah pro-iranien.

La Une du quotidien libanais Nida' el-Watan du 12 septembre 2019. Photo M.K.

Deux responsables du quotidien libanais Nida’ el-Watan, récemment fondé par l'homme d'affaires Michel Mecattaf, ont été convoqués par la justice suite à la manchette du journal de jeudi dans laquelle on pouvait lire "Bienvenue dans la République de Khamenei", une critique à l'adresse du chef de l’État, accusé d'être un affidé du Hezbollah pro-iranien.

Selon la chaîne LBCI, le ministère de la Justice a demandé au service central des enquêtes criminelles de convoquer le rédacteur en chef du journal, Béchara Charbel, et le président et directeur du quotidien, Georges Berberi, à une audience au palais de Justice qui se tiendra le mercredi 18 septembre à 9h30.

Sur sa Une du jour, le quotidien a titré : "De nouveaux ambassadeurs à Baabda... Bienvenue à vous dans la République de Khameneï", en référence au guide suprême iranien, Ali Khaménei.


Coup fatal

"D'un mini-État dans l’État à un État dans le mini-État... Voilà à quoi ressemble désormais la situation au Liban, après le coup fatal que lui a porté le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui l'a remis entre les mains du Wali el-Faqih et l'a désigné comme décideur final de la République du Cèdre et chef suprême de la guerre et de la paix des Libanais, et où le président de la République n'a d'allégeance qu'au guide suprême (...)". C'est ce qu'écrit Nida' el-Watan, en allusion au poids du Hezbollah dans le pays. Le journal fondé par M. Mecattaf ne cache pas son hostilité au parti chiite qu'il accuse d'exercer un monopole sur l’État libanais.

"Bienvenue aux sept nouveaux ambassadeurs qui ont présenté leurs lettres de créances au palais de Baabda. Vous êtes les ambassadeurs de vos pays dans la République de Khamenei, qui règne par le pouvoir du fait accompli, sachant que Nasrallah a présenté les lettres de créances du pays tout entier au guide iranien", ajoute le journal.

Lors de son dernier discours retransmis mardi à la télévision devant ses partisans à l'occasion du dixième jour des commémorations de Achoura, Hassan Nasrallah avait réaffirmé son allégeance au guide suprême iranien. "Ici au Liban, nous disons au monde que notre imam, notre chef, notre maître, notre bien-aimé et notre Hussein est aujourd’hui Son Éminence le grand ayatollah l'imam Sayyed Ali Hussein Khamenei, et que la République islamique d'Iran est le cœur de notre axe, son centre névralgique, son plus grand soutien, son pouvoir, sa force, sa vérité et son essence pure", avait martelé le chef du parti chiite.


Un pays satellite

Ses propos ont provoqué un tollé dans les milieux libanais souverainistes. Le chef des Forces libanaises Samir Geagea avait ainsi "mis à disposition" du chef de l’État Michel Aoun les propos de Hassan Nasrallah.

Jeudi, c'est le président des Kataëb, le député Samy Gemayel, qui a dénoncé "les tentatives du Hezbollah de transformer le Liban en un pays satellite" de l'Iran, ainsi que le "silence du pouvoir" après les propos de Hassan Nasrallah. "Le parti Kataëb s’étonne du silence douteux du pouvoir politique dans toutes ses composantes et ses institutions face aux propos dangereux du secrétaire général du Hezbollah qui a lié le Liban au conflit irano-américain et menacé de lancer une guerre sur ordre iranien", indique un communiqué de la formation de Samy Gemayel, à l'issue d'une réunion du bureau politique. Le parti dénonce également "les tentatives du Hezbollah de transformer le Liban en un pays satellite", ainsi que la "détermination" du Hezbollah "à apparaître plus fort que l’État, dont il renverse la souveraineté, la sécurité, l'indépendance et la liberté de décision".

Dans son rapport sur l’état de la liberté de la presse en 2018 dans le monde, publié le 18 avril dernier, Reporters sans frontières (RSF) place le Liban à la 101e place sur 180 pays. Épinglé par l’ONG à cause des arrestations fréquentes de journalistes en ligne et de blogueurs, le Liban perdait ainsi une place par rapport à son classement dans le rapport de RSF pour 2018.


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commentaires (10)

Avec la solidarité de tous les libanais la peur changera de camp

Sissi zayyat

13 h 10, le 13 septembre 2019

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Commentaires (10)

  • Avec la solidarité de tous les libanais la peur changera de camp

    Sissi zayyat

    13 h 10, le 13 septembre 2019

  • J'adore ce journal depuis toujours. Cependant j'ai eu comme un goût d'inachevé en allant jusqu'au bout de l'article. Le rôle d'un grand journal com L'OLJ à ce stade là n'est pas à mon sens de relayer cet information. Il est du devoir de chaque bon journaliste de ce pays de se ranger derrière ces journalistes qui ont eu le cran et un courage qu'on ne peut que saluer de publier un article pareil avec un titre criant de vérité. J'aurai aimé que le lendemain de leur interpellation voir ce même article PUBLIÉ par tous journaux libanais et dans les langues faire la UNE par solidarité

    Sissi zayyat

    13 h 04, le 13 septembre 2019

  • le Liban une satrapie perse? Le Sayyed notre satrape ?

    EL KHALIL ABDALLAH

    11 h 37, le 13 septembre 2019

  • Pourquoi s'offusquer de ce que certains ont le courage de dire et d'écrire tout haut ce que nous constatons chaque jour dans notre pays ? Pourquoi notre justice ne convoque-t-elle pas aussi ces "hauts responsables" de notre pays qui l'ont vendu et s'en vantent haut et fort ? Dans d'autres pays qui se respectent cela se nomme: haute trahison envers la patrie !!! Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 19, le 13 septembre 2019

  • Euh c'est un État indépendant qui a baptisé "Boulevard Ruhollah Khomeiny" le premier boulevard emprunté par un voyageur arrivant à l'aéroport de Beyrouth? Certainement pas le même État qui, il y a bien des années, baptisait une rue de Gemmayzeh "rue Alexander Fleming" (découvreur) de la pénicilline. À l'époque, c'est bien connu le Liban était sous la botte écossaise.

    M.E

    05 h 35, le 13 septembre 2019

  • si je peux rajouter . svp cette convocation n'aurait pas du avoir lieu ..

    Bery tus

    03 h 43, le 13 septembre 2019

  • je ne pense pas que le sayyed le pense vraiment .. c'est pas possible pour une personne qui prone le recouvrement de la dignitee au liban ne peut pas croire en une soumission envers un autre pays autre que religieuse … cependant j'aimerai savoir ce que les gens diraient si les chrétiens ou les sunnites s'armaient et se positionnaient aux frontières et l'une se proclamant du pape l'autre de l'arabie saoudite … enfin c'est mon avis

    Bery tus

    03 h 38, le 13 septembre 2019

  • Geagea et Gemayel qui poussent des cris......c'est l’hôpital qui se fout de la charité.... Pas besoin de dire plus.

    HIJAZI ABDULRAHIM

    23 h 32, le 12 septembre 2019

  • QUAND EST-CE QUE LES ABRUTIS QUI NOUS GOUVERNENT SE REVEILLERONT-ILS AVANT QU,IL EN SOIT TROP TROP TARD ET CONDAMNERONT LA MAINMISE IRANIENNE SUR LE PAYS ? QUAND EST-CE QUE ILS CONDAMNERONT LES INEPTIES PROFEREES ? LE SOMMET DOIT SE DISTANCIER EN PREMIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 08, le 12 septembre 2019

  • Après le discours de Nasrallah, ce qui étonne, c'est l'étonnement des hommes politiques. Hassan Nasrallah n'a jamais caché qu'il était aux ordres du guide de la révolution iranienne et que le Liban ne lui importait pas plus que le bonnet de sa grand-mère. Ce qu'il dit aujourd'hui, il l'a déjà répété mille fois sur différents tons. Espérons que, cette fois, les princes qui nous gouvernent en tireront les conclusions qui s'imposent.

    Yves Prevost

    21 h 16, le 12 septembre 2019

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