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Liban - Interview express

« Nous sommes entrés dans une nouvelle étape » de la confrontation entre Israël et le Hezbollah

Si aucune des deux parties ne semble souhaiter une guerre, les risques de dérapage continuent de planer, estime Maha Yahya, directrice du Carnegie Middle East Center.

Si les belligérants ne souhaitent pas de guerre, la nouvelle forme que prend la confrontation entre Israël et le Hezbollah n’en demeure pas moins risquée. Jalaa Marey/AFP

Après une baisse relative de la tension à la frontière israélo-libanaise au lendemain des échanges de tirs, il y a une semaine, entre le Hezbollah et l’État hébreu, les raids menés hier contre des milices pro-iraniennes en Syrie, les tirs de roquettes depuis la Syrie sur le territoire israélien et les tirs du Hezbollah qui a abattu un drone israélien à la frontière ont réveillé le spectre sinon d’une guerre, du moins de l’éventualité d’un dérapage risquant de mettre le feu aux poudres dans la région. Ce, même si les différents protagonistes assurent que ce scénario est à écarter.

Aujourd’hui, c’est une confrontation d’un genre nouveau qui semble se mettre en place entre Israël d’une part et l’Iran et ses affidés d’autre part, combinant une guerre de drones et des attaques plus conventionnelles, dans un jeu d’étalage de force de part et d’autre. Un jeu d’autant plus dangereux qu’il peut déraper à tout moment, même si les parties continuent de croire en leur capacité de contrôler les nouvelles règles d’engagement.

À ce sujet, Maha Yehya, la directrice du Carnegie Middle East Center, un think tank basé à Beyrouth qui planche sur les questions de politiques publiques et géopolitiques dans la région, répond aux questions de L’OLJ.

Dans quelle mesure les développements inquiétants qui se sont produits en Syrie et au Liban au cours du week-end dernier font-ils planer un risque d’un grave dérapage?

À ce stade, je ne crois pas que l’on puisse parler d’une menace d’escalade dans le sens d’une guerre globale. Ce que je puis assurer, c’est que nous allons sans aucun doute voir ce genre d’attaques de part et d’autre se renouveler avec plus de drones qui seront ciblés. Nous sommes entrés dans une nouvelle étape appelée à perdurer. Ce qui s’est passé en Syrie ces derniers jours n’est pas encore clair. Certaines informations font état d’une nouvelle base militaire que l’Iran serait en train d’édifier dans la zone qui a été ciblée par les attaques. Mais on ne sait pas si c’est cette base en question qui a été la véritable cible ou d’autres objectifs. Ce qui est certain, c’est qu’Israël semble déterminé à viser ce qu’il considère être des bases iraniennes ou relevant de milices alliées basées en Irak, en Syrie et maintenant au Liban.


(La seconde riposte du Hezbollah, pour rétablir « l’équilibre de la dissuasion », le décryptage de Scarlett Haddad)


Peut-on parler aujourd’hui d’un nouveau type de guerre contre l’Iran, basé sur une combinaison de sanctions économiques, de guerre technologique et de guerre conventionnelle, dans une sorte de répartition de rôles entre les États-Unis et Israël?

Je dirais que cette phase a commencé depuis un certain temps déjà, mais elle se précise de jour en jour de manière patente. Cela fait un moment que les cyberattaques contre des installations iraniennes ont commencé. Les drones ont été utilisés dans les récents conflits, plus fréquemment au Yémen, mais en Syrie également. Ce type d’opération est actuellement en train d’être intensifié.

Il y a certes une distribution de rôles entre les États-Unis – qui ont initié les sanctions économiques et financières – et Israël, qui a élargi ses attaques contre l’Iran et ses affidés pour englober l’Irak et le Liban tout en poursuivant ses opérations en Syrie. L’Europe, pour sa part, a ouvert parallèlement un front diplomatique en direction de l’Iran, bien que ses efforts semblent actuellement chancelants, l’Iran ayant annoncé, au cours du week-end dernier, la mise en route de centrifugeuses avancées devant augmenter son stock d’uranium enrichi, ce qui, d’après moi, semble être plutôt une tactique de négociation.

Entre 2006 et 2019, le Liban a connu une sorte de statu quo entre Israël et le Hezbollah qui s’est concrétisé par une stabilité à la frontière. Pouvons-nous dire que nous sommes aujourd’hui devant un autre genre de statu quo, mais avec des règles un peu modifiées?

Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un nouveau statu quo mais plutôt vers de « nouveaux critères de normalité ». Les Israéliens utilisaient les drones MK comme moyen de surveillance depuis des années déjà. À tel point qu’ils ont, depuis un moment, droit à un surnom humoristique : les « Oum Kamel ».

Sauf que depuis récemment, ces drones sont armés, comme nous l’avons vu dans l’attaque de la banlieue sud il y a deux semaines. Nous sommes en train de nous diriger vers une nouvelle normalité, dans le cadre de laquelle l’on assistera de plus en plus à de telles opérations, suivies de ripostes.Il semble toutefois que personne ne souhaite le déclenchement de la guerre pour le moment : le Hezbollah n’en veut pas, l’Iran non plus, car ce dernier préfère préserver le Hezbollah pour assurer ses arrières et compter sur son soutien si l’Iran est un jour attaqué directement. Le Hezbollah, de son côté, préfère éviter un conflit qui mènerait à une guerre risquant de l’affecter en le ramenant des années en arrière ainsi que le Liban tout entier. Je ne crois pas non qu’Israël souhaite la guerre.


Cette situation ne risque-t-elle pas toutefois de déraper, même si les protagonistes affichent leur souhait d’éviter la guerre?

Le danger est que les choses peuvent devenir, à un moment donné, impossibles à maîtriser. Un seul mauvais calcul peut mettre le feu aux poudres. Sauf que cette fois-ci, nous ne sommes plus devant un scénario comme celui de 2006. Le contexte régional a énormément changé et les Israéliens ont déclaré à maintes reprises qu’ils considèrent désormais le Liban et la Syrie comme une seule arène. Toute escalade à la frontière entre le Liban et Israël ne se limitera plus à cette zone. Tous les acteurs sont conscients qu’ils se livrent actuellement à un jeu dont les enjeux sont élevés, voire dangereux. Ils souhaitent donc maintenir la situation contrôlée, afin qu’elle ne dégénère pas en une guerre globale.



Après une baisse relative de la tension à la frontière israélo-libanaise au lendemain des échanges de tirs, il y a une semaine, entre le Hezbollah et l’État hébreu, les raids menés hier contre des milices pro-iraniennes en Syrie, les tirs de roquettes depuis la Syrie sur le territoire israélien et les tirs du Hezbollah qui a abattu un drone israélien à la frontière ont réveillé le...

commentaires (7)

sorry je n'ai rien appris de cet interview dommage

LA VERITE

15 h 49, le 11 septembre 2019

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Commentaires (7)

  • sorry je n'ai rien appris de cet interview dommage

    LA VERITE

    15 h 49, le 11 septembre 2019

  • La présence et l'existence du Hezbollah et autres partis de la sortes est amplement suffisante pour que le Liban soit ramené des années en arrière. La question qui se pose a présent c'est combien de siècles en arrière peut-il encore supporter? De toute manière que ce soit le Hezbollah ou Israël, les deux ont un intérêt commun, celui de ne jamais voir le Liban renaître de ses cendres libre, souverain et démocratique. Pour le Hezbollah c'est pour pouvoir éventuellement mettre totalement la main sur le pays et en faire enfin la province islamique a l'iranienne tant désirée. Il ne pourra faire cela que si le pays est complètement appauvri, fatigué et incapable de réagir. Le Hezbollah pourra s'imposer totalement et quelque soit le progrès réalisé, il sera le bien venu et les Libanais accepterons alors tout et n'importe quoi pourvu qu'ils aient du pain et la paix. Quand a Israël, le seul pays qui puisse lui faire la concurrence, a tous les niveaux, c'est un Liban bien géré et prospère. Tant que le Hezbollah perdure, le Liban ne verra jamais un jour heureux. Alors de temps a autre Israël pousse ses pions et provoquent suffisamment pour que les Libanais détruisent d'eux même le peu qu'ils aient réussi a construire grâce au Hezbollah. Le Liban ne pourra se relever que si le Hezbollah remet ses armes a l’armée ou est complètement détruit!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 40, le 10 septembre 2019

  • A part Oum Kamel, rien de nouveau dans cette pseudo-analyse.

    Tina Chamoun

    11 h 09, le 10 septembre 2019

  • Israël nous endort avec ces drones qui sont de petits jabs sur la face du Liban .Le seul pays hors États Unies à détenir le F35 c’est qui ? Ce n’est quand même pas le Zimbabwé !

    PROFIL BAS

    11 h 00, le 10 septembre 2019

  • Je vous félicite dans le choix de la personne interviewé. L'olj et ses abonnés méritent quand même une qualité supérieure d'analyste géo-politique . On ne commente même pas, parce qu'il n'y a rien à commenter . Maya Yahia de canergie etc.. n'a rien dit . Passe sans voir .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 16, le 10 septembre 2019

  • OU EST L,ETAT DANS TOUT CA ? LE PAYS EST A LA MERCI DES AVENTURIERS QUI POUR OBEIR A L,IRAN RISQUENT LA SECURITE ET L,INTEGRITE DU PAYS. EN CAS DE GUERRE LE LIBAN SERA DETRUIT POUR SAUVER L,IRAN. OU EST L,ETAT ? OU EST L,ETAT ? OU SONT LES TROIS PRESIDENTS DONT LES DEUX MILICES IRANIENNES S,EN FOUTENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 35, le 10 septembre 2019

  • Il est vrai que l'Iran ne souhaitant pas la guerre actuellement, nous pourrions, théoriquement dormir tranquilles, mais il reste toujours un risque de dérapage. Israël ne supporte pas que l'on tue ses soldats et ses citoyens. Si,par hasard, une roquette du Hezbollah faisait quelques morts du côté israélien, tout pourrait arriver.

    Yves Prevost

    07 h 26, le 10 septembre 2019

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