C’est avec l’aura d’un leader qui tient ses promesses que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah apparaîtra aujourd’hui devant la foule des fidèles qui commémorent le souvenir de Achoura, pour prononcer son discours traditionnel. Ce n’est donc pas un hasard si la seconde riposte (annoncée) à la double attaque israélienne, à Akraba dans la banlieue de Damas et contre la banlieue sud de Beyrouth le 25 août, a eu lieu à l’aube hier. Car pour le Hezbollah et son chef, les symboles ont leur importance dans la guerre médiatique et psychologique qu’ils mènent contre les Israéliens. Des symboles également importants pour leurs partisans.
Le Hezbollah a donc planifié de riposter à l’attaque des drones israéliens la veille de la commémoration de Achoura, sachant que Nasrallah prend toujours la parole à cette occasion. Mais curieusement, l’information est passée assez banalement, comme si les Libanais n’avaient plus d’inquiétude au sujet d’une détérioration de la situation et d’une nouvelle escalade de la violence entre le Liban et Israël. Contrairement à ce qui s’était passé après l’attaque israélienne le 25 août et jusqu’à la première riposte du Hezbollah, le 1er septembre, lorsqu’il avait attaqué un véhicule blindé israélien à une profondeur de 5 km de la frontière, pour riposter contre l’attaque près de Damas. À ce moment-là, la tension était restée à son comble jusqu’à ce que les deux parties annoncent que les opérations étaient terminées.
Même le communiqué officiel du Hezbollah publié à la suite de l’opération a été très concis. En quelques mots, il a donc confirmé que le parti avait abattu un drone israélien lundi à l’aube, dans les champs proches du village de Ramieh, collé à la frontière. Une annonce qui n’a suscité aucun commentaire ni lancé de polémique. De leur côté, les Israéliens ont eux aussi minimisé la portée de la riposte en déclarant que le drone abattu par le Hezbollah ne comportait pas de mémoire. Ce qui rend le fait qu’il soit tombé entre les mains de leur ennemi peu important, selon leurs propres termes. Des déclarations à travers lesquelles ils reconnaissent d’une part que le Hezbollah a abattu un de leurs drones et, de l’autre, ils avouent implicitement que les drones lancés contre la banlieue sud étaient plus sophistiqués et avaient une mission plus précise et plus agressive.
En attendant les explications que ne manquera pas de donner aujourd’hui Hassan Nasrallah, on peut d’ores et déjà tirer quelques conclusions. Il est clair, désormais, que les deux parties ne veulent pas d’une escalade, et échangent entre elles des attaques et des ripostes dans des limites qu’elles connaissent à la perfection et avec une précision d’orfèvre. Pour le Hezbollah, par exemple, l’insistance israélienne à minimiser l’impact de ses ripostes s’inscrit dans ce cadre. Elle montre que les dirigeants israéliens cherchent ainsi à justifier leur absence de riposte.
Ce fut notamment le cas lors de l’attaque contre le véhicule blindé israélien en plein jour et en dépit des mesures de précautions très strictes prises par les Israéliens. Le Hezbollah avait alors pris soin de filmer l’attaque, ce qui lui a permis de démentir les allégations israéliennes niant que l’attaque ait fait des blessés. Les Israéliens ont eu beau prétendre par la suite qu’ils avaient simulé le transport de blessés dus à l’attaque vers un hôpital du nord d’Israël, les partisans du Hezbollah sont restés convaincus que les images montrées par le parti sont concluantes puisque le véhicule s’est totalement embrasé. Ce qui rend presque impossible qu’il n’y ait pas eu de victimes. Un scénario presque similaire a eu lieu hier lorsque les Israéliens ont précisé que le drone abattu est un vieux modèle sans importance. Mais dans les deux cas, les messages véritablement importants ne sont pas là.
D’abord, le premier message est que la double riposte a bel et bien eu lieu, comme l’avait annoncé Nasrallah. Cela confirme la crédibilité du secrétaire général du Hezbollah auprès de ses partisans, mais aussi auprès des Israéliens eux-mêmes.
Le second message important est dans la géographie. Nasrallah avait annoncé que son parti riposterait à partir du Liban à toute attaque hors des frontières et cela en terre palestinienne occupée. C’est là qu’il a brisé une ligne rouge qui était respectée jusqu’au 31 août et qui poussait le Hezbollah à riposter en territoire libanais occupé, c’est-à-dire dans le secteur des fermes de Chebaa ou dans l’un des 13 points litigieux laissés en suspens par la ligne bleue. Ensuite, dans l’attaque du drone, le Hezbollah a montré qu’il pouvait agir très rapidement, puisque quelques secondes après l’entrée du drone israélien dans l’espace aérien libanais, il a été abattu. Ce qui laisse supposer qu’il a les moyens d’agir tout près de la frontière, tout en prenant soin de ne pas mettre en danger les habitations, puisque le drone est tombé dans les champs avoisinants. Enfin, Nasrallah avait laissé entendre à plusieurs reprises que son parti pouvait posséder un système de défense sol-air. Hier, il en a donné la preuve sans pour autant donner d’indications précises sur la nature des missiles qu’il possède. Il laisse ainsi les Israéliens sur leur faim et dans l’ignorance à ce sujet, pourtant crucial pour eux.
Dans la foulée, le Hezbollah a aussi adressé un message clair aux Israéliens sur sa capacité à riposter si l’envie leur prenait de bombarder ce qu’ils appellent l’usine de fabrication de missiles de précision à Nabi Chit (Békaa). D’ailleurs, depuis dimanche, plus personne ne parle de cette usine et des sources diplomatiques généralement bien informées ne croient pas à la possibilité de frappes israéliennes dans la Békaa sous prétexte de détruire cette usine dont l’existence n’est même pas confirmée. En définitive, il semble que les ripostes du Hezbollah ont atteint leur objectif : rétablir les règles de la confrontation qui existaient avant la double attaque israélienne du 25 août, ce que Nasrallah appelle « l’équilibre de la dissuasion ».
Encore un article de propagande écrit sur ordre, dénué de tout jugement rationnel ou objectif La vérité selon Lénine est cette version des faits, qui à un instant donné sert les intérêts du Parti. On est tellement proche de cette vérité ici. Il existe une charte de modération Dans OLJ qui permet de contrôler toutes sortes de dérives des abonnés. Sans doute en faudrait-il une identique pour les rédacteurs de ce type d’article
21 h 15, le 10 septembre 2019