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À La Une - Liban

Centenaire du Grand Liban : "Nul n’a le droit de violer le territoire libanais comme bon lui semble!", prévient Aoun

Dans un discours télévisé adressé à la nation, le chef de l’État annonce le lancement de la commémoration du centenaire de l’État du Grand Liban proclamé le 1er septembre 1920.

Le président libanais Michel Aoun s'adressant aux Libanais depuis le palais de Baabda le 31 août 2019, à l'occasion du lancement des célébrations du centenaire de la déclaration du Grand Liban. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais Michel Aoun s'est adressé samedi aux Libanais à l'occasion du lancement des célébrations du centenaire de la déclaration du Grand Liban, qui dureront une année entière. Il a saisi l'occasion pour adresser une mise en garde à Israël, dans un climat de vive tension entre les deux pays, après les attaques de drones qui ont visé la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, allié du chef de l’État.

"Libanaises, Libanais, je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous annoncer le lancement de la commémoration du centenaire de l’État du Grand Liban, proclamé le 1er septembre 1920. Les célébrations auront lieu à partir du premier janvier 2020 et dureront jusqu’à la fin de l’année", a dit le chef de l’État dans une allocution télévisée retransmise en direct. "Pourquoi de telles festivités ? Pour se remémorer la reconnaissance internationale du Liban avec ses frontières actuelles en tant qu’État libre et indépendant. Pour se rappeler le prix fort payé par nos aïeux pour obtenir cette reconnaissance", a expliqué le président Aoun. "À la suite des événements et des secousses que le Liban a traversés au cours des dernières décennies, il est essentiel de se souvenir de l’histoire de notre pays et des souffrances et sacrifices consentis. En effet, tout peuple qui oublie son passé risque de reproduire les mêmes erreurs, de marginaliser l’effort accompli et de mettre de nouveau l’avenir en péril", a-t-il souligné.

Entre 1516 et 1918, le Mont-Liban a vécu sous occupation ottomane. L'État du Grand Liban a été proclamé le 1er septembre 1920 par le général Henri Gouraud, représentant l'autorité française mandataire sur la Syrie, du haut des marches de la résidence des Pins à Beyrouth. Ce n'est que le 22 novembre 1943 que le Liban sera déclaré indépendant, après avoir été sous mandat français suite à la chute de l'empire ottoman avec la fin de la Première Guerre mondiale en 1918. 


(Lire aussi : Trois discours en un week-end... pour résumer la complexité de la situationle décryptage de Scarlett Haddad)


"Un État fort"

"Il ne fait aucun doute que l’émirat du Mont-Liban a constitué la base de fondement sur lequel fut bâti le Grand Liban. Il était le cœur autour duquel s’est reconstitué le corps de la nation", a souligné le chef de l’État dans son discours. "L’établissement de ce Grand Liban s’est fait au travers des institutions et organisations administratives, judiciaires, financières et sécuritaires mises en place par les autorités françaises en vue de la déclaration de l’État libanais. En effet, seules les institutions sont les garantes de la patrie et constituent le fondement d’un État fort. Aujourd’hui, avec le lancement de la commémoration du centenaire du Grand Liban, pour lequel un comité organisateur a été nommé, je tiens à souligner l’importance qu’il faut donner aux activités qui éclaireront les nouvelles générations sur l’histoire de notre pays et renforceront leur attachement à la patrie (...)".

Le président Aoun a ensuite dénoncé le confessionnalisme qui mine le système libanais. "Malheureusement, les pratiques sectaires se sont enracinées dans le sang des Libanais, dans les veines des institutions et dans les structures du pouvoir. Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas atteint un degré de développement et de lucidité où la loi est garante du droit et l’efficacité devenue la norme. C’est l’occasion idéale pour que je déclare, en tant que président de la République, ma profonde conviction de la nécessité de passer du système confessionnel actuel à un État moderne et civil où la première adhésion va à la patrie et non aux leaders sectaires".


Les leçons de la guerre

"(...) Nous devons tous tirer les leçons de la guerre pendant laquelle notre peuple s’est entretué durant des années, chacun croyant pouvoir vaincre l'autre, le marginaliser ou le soumettre. La paix n’a pu s’installer que lorsque l’esprit d'unité et de coexistence a prévalu sur celui de la division", a encore plaidé le président Aoun.

Le chef de l’État a ensuite commenté le nouveau regain de tension entre le Liban et Israël. Cette tension fait suite aux attaques de drones israéliens ayant ciblé la banlieue-sud le week-end dernier, à des tirs de l'armée libanaise sur d'autres drones survolant le secteur frontalier mercredi soir, et des fusées éclairantes israéliennes tirées au-dessus de la frontière-sud aujourd'hui. 

"Un pays ne survit que lorsqu’il est souverain. Nous affirmons au monde que le Liban est épris de paix et ne cherche nullement la guerre. Mais notre peuple n’a jamais reculé et ne le fera jamais quand il s’agit de faire face à toute tentative qui vise la souveraineté de la patrie, cherche à atteindre sa dignité et son intégrité territoriale", a prévenu le président Aoun. "Les récentes attaques israéliennes contre notre souveraineté et la condamnation unanime des Libanais affirmant leur droit légitime à défendre leur pays reste la meilleure preuve de notre attachement aux constantes qui préservent l'entité et les droits des États", a estimé le président de la République.

"Nul n’a le droit de violer le territoire libanais comme bon lui semble ! Jamais nous n’aurions pu fêter ce centenaire si nous n’avions pas pu prouver notre capacité à chasser les armées les plus puissantes de notre terre, défendre notre indépendance et poursuivre notre message humaniste", a insisté le président Aoun. Depuis l'an 2000 et jusqu'à ce jour, aucun effort n'a été déployé pour mettre un terme à ces agressions. Il est de notre droit de répondre à ces agressions. Nous avons le droit d'éliminer ces drones. Ce qui compte c'est que l'ennemi sente que ses drones sont en danger. 


(Lire aussi : Aoun « soulagé » après le renouvellement du mandat de la Finul)


La lutte contre la corruption

Michel Aoun a ensuite abordé la question de la lutte contre la corruption devenue son cheval de bataille. "Apprenez aux nouvelles générations que les institutions sont les piliers d’un État fort et les garantes de son immunité. Si la corruption gagne, tout s’effondre ! La lutte contre ce fléau, c’est la grande bataille que nous menons aujourd’hui. Que se détrompent ceux qui continuent à y faire obstacle, pensant que nous sommes incapables de la réussir. J’affirme à nos jeunes qu’ils doivent espérer en l’avenir, qu’ils n’abandonnent pas leur patrie qui souffre de l’effondrement de ses institutions rongées par la corruption. Car je le dis avec confiance, on commence à entrevoir les signes du changement et de la victoire. Apprenez-leur également que le Liban est grand, non par sa taille et sa géographie mais par sa civilisation et ses valeurs. Grand par son rôle et le message qu’il porte. Et qu’ils doivent persévérer dans cette voie pour qu’il reste grand. Ce Grand Liban, nous le voulons pour cent ans, pour mille ans encore… un pays de lumière, de libertés, d’interaction des civilisations, de démocratie, d’innovation, de diversité… Terre de foi et de patrimoine. Apprenez-leur enfin que quelles que soient les circonstances, le Liban demeurera trop grand pour être avalé et trop petit pour être divisé. Vive le grand peuple du Liban, vive le Liban !", a conclu le chef de l’État.


Pour mémoire

Réunion du comité chargé des célébrations du centenaire du Grand Liban


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commentaires (10)

En parole seulement !! On veut des actes

Bery tus

14 h 16, le 01 septembre 2019

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Commentaires (10)

  • En parole seulement !! On veut des actes

    Bery tus

    14 h 16, le 01 septembre 2019

  • POURQUOI LE DIRE MAINTENANT , ALORS QUE C'EST UNE EVIDENCE QUI SE DEVAIT ÊTRE DEPUIS L'INDEPENDANCE ? REPONSE : PARCE QUE LE LIBAN DE L'EPOQUE DE PHARE AOUN EST UN LIBAN FORT , LIBRE ET INDEPENDANT .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 14, le 01 septembre 2019

  • Très beau discours dans la forme. Nous avons eu droit à trois discours ce jour là qui ne se ressemblent pas: Berri, le Président, et Nasrallah. Chacun d’eux pense qu’en ce jour il se doit d’addresser la nation car il incarne la vrai vision du Liban fort, uni, prospère, et sans corruption. Et que le problème n’est que chez les autres. Ne vous leurrez pas, chacun d’eux ne fait qu’adresser ses « supporters ». Ça passera. J’ai quand même noté l’invitation de Berri à appliquer l’accord de Taëf dans ses plus petits détails.

    Zovighian Michel

    10 h 37, le 01 septembre 2019

  • Encore une fois, il faut reconnaître au chef de l'Etat un sens précieux de la solennité et un grand amour de son pays. Il sait marquer les grandes occasions, et, surtout, il s'adresse régulièrement aux jeunes que personne d'autre n'a jamais pris en considération dans ce pays. Après, le PR devra toujours se méfier de son entourage qui, parfois, détruit systématiquement ce qu'il construit. Éviter aussi de se laisser emporter par un certain aventurisme militaire dont il a pu faire montre dans le passé. Mais ce discours est un sans-fautes.

    Marionet

    09 h 50, le 01 septembre 2019

  • Un flot de belles paroles, une fois de plus ! Pourtant...nous savons que demain, 2 sept. 2019, un autre flot habituel continuera de couler: celui de la corruption généralisée celui de l'incapacité de nos responsables de nous fournir les services de base: éléctricité, eau, gérance des déchets, etc, etc, celui de l'insécurité permanente due aux agissements de la milice iranienne sur notre sol libanais, pour le compte des projets de Téhéran, et qui n'a rien à faire avec une soi-disant "résistance" En définitive, notre Liban reste grand par sa nullité en tout...sauf en fanfaronnades de la part de nos divers responsables ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 00, le 01 septembre 2019

  • OUI, CERTES ! MAIS PESONS NOS DECLARATIONS ET ELOIGNONS-NOUS DES AVENTURES DE LA MILICE ETRANGERE SI NOUS VOULONS LA PAIX ET LE BIEN DE NOTRE PATRIE ET DE SON PEUPLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 57, le 01 septembre 2019

  • Ah que c'est beau, on dirait du W.Churchill!

    Christine KHALIL

    08 h 39, le 01 septembre 2019

  • "Nul n’a le droit de violer le territoire libanais comme bon lui semble!" Cet avis adressé à Tsahal vaut aussi pour l'armée syrienne dont les violations sont quasi-quotidiennes.

    Yves Prevost

    07 h 09, le 01 septembre 2019

  • C’est l’occasion idéale pour que je déclare, en tant que président de la République, ma profonde conviction de la nécessité de passer du système confessionnel actuel à un État moderne et civil où la première adhésion va à la patrie et non aux leaders sectaires". He! Vous avez oublie que la premiere adhesion ne va surement pas a un etat etranger. Ce sont des traitres et non des patriotes. "L'oubli vient avec l'age"

    sancrainte

    02 h 02, le 01 septembre 2019

  • Un discours qui fera date !

    Aractingi Jean-Marc

    00 h 24, le 01 septembre 2019

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