Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Mode

Kenzo et la Chine andine, échanges et hybridations


Kenzo printemps-été 2020. Photos DR

Lorsque Kenzo Takada se lance à Paris après avoir quitté le Japon, au début des années 1970, il introduit déjà dans ses collections ce style qu’on appelle aujourd’hui global, mais qui résumait ce que le monde savait faire de plus beau en matière de vêtements. Il est le premier à déstructurer les formes, se basant sur la technique du kimono. Il emprunte aux pays slaves l’art de la maille, à l’Afrique ses boubous, à l’Inde ses robes de maharani. En 1999, âgé de 60 ans, il quitte la mode après avoir cédé la marque Kenzo à LVMH.

En 2011, arrivent à la direction artistique de Kenzo deux créateurs atypiques, Humberto Leon et Carol Lim. Elle, Coréenne née à Los Angeles, lui, Péruvien d’ascendance hispano-chinoise, ont fondé ensemble, en 2002, à New York, Opening Ceremony, une enseigne au concept innovant basé sur des collaborations exclusives avec de grandes marques. À la direction artistique de Kenzo, le duo prolonge l’esprit du fondateur en s’attachant à mélanger les cultures du monde tant à travers les coupes que les imprimés.

En juin dernier, Lim et Leon, décidés à s’investir davantage dans leur chaîne Opening Ceremony, annonçaient officiellement leur départ. Leur dernière collection livrée pour le printemps-été 2020 a été présentée dans le cadre de la semaine de la mode parisienne. C’est à Bercy qu’a eu lieu ce spectaculaire dernier défilé. La salle immense avait accueilli pour l’occasion non moins de 5 000 spectateurs. Le rideau illustré d’une bataille navale, qui coupait la scène en deux, a révélé en se retirant la foule immense qui trépignait de part et d’autre et pour cause : la surprise du défilé était aussi un concert de Solange (la sœur de Beyoncé) accompagnée par un ensemble de cuivres.

Célébrant une fois de plus la diversité, dans un siècle où les mouvements de populations et les mélanges de cultures sont à leur apogée, Humberto Leon et Carol Lim ont souhaité raconter une histoire personnelle, celle d’Humberto dont les origines remontent à l’importation au Pérou, au XIXe siècle, par les conquérants espagnols, d’une main-d’œuvre agricole chinoise réduite à l’esclavage et qui connaîtra de grandes difficultés d’intégration, mais finira par diffuser la culture asiatique en Amérique du Sud. Humberto est lui-même issu de l’héritage sino-péruvien.

Dans cette nouvelle collection Kenzo, on retrouve ces échanges de récits exprimés dans les textiles où les vibrantes couleurs andines croisent le jute et le raphia des sacs de riz, mais pas que : avec la collaboration de l’artiste Pablo Amaringo, Paris rencontre Cuzco ; la ville s’invite à la campagne ; les codes et matériaux de la plongée sous-marine se mêlent à ceux du trekking. Un véritable feu d’artifice pour marquer une sortie en beauté. Le duo de créateurs a passé le flambeau à Felipe Oliveira Baptista.


Dans la même rubrique

Sélim Mouzannar, pêcheur d’amour

Fendi, comme un rêve de pierre

La seconde mort de Sonia Rykiel

Chanel haute couture 2019-20, Viard se démarque

Semaine parisienne de la haute couture : les créateurs libanais toujours à la pointe

Lorsque Kenzo Takada se lance à Paris après avoir quitté le Japon, au début des années 1970, il introduit déjà dans ses collections ce style qu’on appelle aujourd’hui global, mais qui résumait ce que le monde savait faire de plus beau en matière de vêtements. Il est le premier à déstructurer les formes, se basant sur la technique du kimono. Il emprunte aux pays slaves l’art de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut